La langue Française est déjà suffisamment magnifique pour ne se suffire qu'à elle même mais lorsque la musique en vient à la rendre encore plus belle, nous sommes tous là, à se demander quel genre ou bien quel groupe la sublimera davantage... En revanche, il semblerait bien que L'Ombre Du 8 n'est jamais su faire le choix et trancher entre la chaleur des déserts et de l'Orient, ces atmosphères à quarante degrés et cette brise glaciale mais délicate, le parfum des marées, du froid ou bien du grand large. Et c'est pour cela que ces trois hommes en manteau, en attente d'un nouveau monde, de découvertes, qui d'ailleurs, ne craignent ni le froid ni même la chaleur, en viennent à capturer de ces instants de vies uniques tel un polaroid ambulant, et à retranscrire tout cet univers sur un album photo magique et décidément très équilibré dans les mélodies : «
Au-Delà Sont les Récifs ».
D'un coté, on a donc des morceaux d'un ton chaud et/ou froid qui parsèment le disque et notamment ces douze titres, tous bien aboutis musicalement et possédant des structures assez longues. Post-rock, certes, mais on y dénombre des influences aussi variées que le rock alternatif, le blues, le stoner ou la musique country, le tout prenant une allure de road-movie effectivement. Deux EP sont d'ores et déjà passés par là mais nos trois gars n'ont pas froid au dos et s'attaquent à un premier full-length en indépendant du nom de «
Au-Delà Sont les Récifs » qui est une réelle invitation au voyage (« Montréal » ou « Oriental Express ») à l'ouverture vers le monde, à l'exploration même. L'éponyme vient alors poser une première pierre à l'édifice et signe, à l'occasion, le titre le plus percutant de ce disque. L'Ombre Du 8 nous balance donc un rock/grunge progressif engagé, déchiré dans les lignes vocales, à mi-chemin entre le western et intégrant des couleurs blues et atmosphériques savamment imaginées. C'est une véritable voix du Nord à laquelle nous avons affaire, visiblement. D'abord parce qu'il s'agit d'une grosse voix légère et percutante qui nous transporte, nous envoûtante et puis car Loic a parfois le timbre puissant et bien rocailleux comme on l'aime. Une grande poésie, d'une infime qualité et qui contient même une mélodie unique et perturbante qui nous poursuit jusqu'à la fin du morceau, lente et douloureuse. L'instrumentation est taillée sur-mesure, les textes apportent quelques fois plus de richesse que la musique en elle-même comme c'est le cas sur l'assez simple « A L'Essentiel » avec ce « Légionnaires de la conscience et du poids des idées » et par dessus-tout, la formation sait diversifier ses mélodies. Beaucoup de moments forts que l'on retient de cette première aventure à commencer par la somptueuse « La Pesanteur » et son rythme déjà fort accrocheur. L'ambiance est résolumment triste, sombre et désespérée, l'instrumentation, puissante, intense et les envolées lyriques de notre performeur sont profondes, hargneuses.
La doublette « (...) » / « Le Désert » est aussi très intéressante laissant libre cours à l'interprétation que l'on veut en faire : une scène de western, une traversée du désert... La progression du premier morceau évoqué, qui est en fait une piste cachée non mentionnée sur le disque fait que l'on trouve le temps long, pesant tandis que « Le Désert » associe la voix groovy de Loic à des guitares blues délicates et remarquables. « Oriental Express » cependant, est dans une veine infiniment plus exotique, le grain de la pièce est chaud et vaporeux, à l'orientale, avec des chœurs très fins et légers qui s'intègrent une fois de plus très bien à ce paysage ravissant. Plus étrange, « Transatlantique » nous présente un western au demeurant très sombre et le groupe nous étonne vraiment sur un « Elle Est L'Ombre » lorsqu'un slam rock mélodieux fait son apparition.
L'Ombre Du 8 a réussit son pari en sortant un premier album de qualité, beau et tout en émotions, rageur quand il le faut et à vrai dire, la formation a déjà effectué un sacrée bout de chemin sans le savoir.
Ca me fait beaucoup penser à un autre groupe, qui s'appelle Vespro. C'est vrai qu'en écoutant l'un à la suite de l'autre il y a des ressemblances ; Vespro est le côté italien de L'Ombre du 8 ! Je te met le lien : http://vespro.bandcamp.com/releases
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