En cette angoissante fin de millénaire qu’était 1999,
Iggy Pop prend tout le monde à contre pied, délaisse l’électricité et la sauvagerie du punk rock et sort «
Avenue B » un album de folk parsemé de compositions entièrement acoustiques.
Arrivé à l’aube de la cinquantaine, Iggy éprouve en effet un besoin de solitude, de calme afin de faire un bilan de sa vie vie, de ses échecs, de ses amours tout en réfléchissant sur sa mort éventuelle à venir.
Pour mettre ses états d’âme en musique, l’Iguane s’entoure du producteur Don Was, et d’une équipe à géométrie variable composée de Hal Cragin/
Chris Wood à la basse, de Larry Mullins à la batterie et de Whitey Kirst qui le seconde sur certaines parties de guitares mais également de claviériste, organiste, programmeur, percussionniste lorsqu’il estime que le feeling du morceau le requiert.
L’introduction « No shit » terriblement poignante en dit long sur la démarche de l’homme.
Iggy parle de sa voix de crooner sur le ton calme, posé de la confidence.
« Nazi girlfriend » morceau habile et provocateur transporte beaucoup de grâce mélancolique.
Empli de sonorités rétro inhérentes à l’utilisation d’un orgue Hammond, «
Avenue B » déroule un groove planant.
« Miss Argentina » est un très beau morceau hommage à une femme qui a visiblement beaucoup compté dans la vie du chanteur.
« Afraid to get close » est un court morceau de transition ou
Iggy Pop utilise un style narratif très littéraire.
« Shakin all over » reprise de Johnny Kidd, est le seul morceau rock n' roll du disque.
Repris par l’Iguane il sonne fantastiquement bien.
Après ce court éclat, « Long distance » renoue avec le ton triste et glacé de l’album.
«
Corruption » est un excellent morceau dynamique et intense porté par un superbe riff de guitare.
Nouvelle transition narrative, dramatique et littéraire avec « She called me daddy », sonorités jazzy sur « I felt the luxury » étrange et envoûtant, ambiance de musique latine festive sur « Espagnol »,
Iggy Pop se lâche sans tabou, se fait plaisir et à nous aussi.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser « Motorcycle » n’est pas un titré rapide et pétaradant mais un court morceau folk très calme avec sifflements du Reptile en prime.
« Facade » long et prenant, termine de manière plaisante ce disque.
«
Avenue B » est pour moi à ce jour la tentative artistique la plus osée d’
Iggy Pop.
Album hors normes, à mille lieues de tout ce qu’a pu proposer la star du Punk au cours de sa longue carrière, «
Avenue B » propose la musique profonde, calme, détachée et terriblement émouvante d’un homme mettant son âme à nue.
L’Iguane sort pour moi grandi de cet exercice ou s’exprime toute l’étendue de son talent et son incroyable intégrité artistique.
Tout est dit ou presque sur la pochette, un homme de cinquante ans au visage marqué par la vie, nous regarde droit dans les yeux sans ciller de son regard clair et profond.
«
Avenue B » est pour moi un must des albums à écouter le soir ou la nuit, dans le calme, la solitude, la dignité et le recueillement pour se connecter à l’esprit de son auteur.
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