'J'en avais assez du Blues, mais le Blues n'en avait pas assez de moi !'. C'est sur ce refrain du premier titre, "Enough Of The Blues", que
Gary Moore tente de nous expliquer les raisons de son retour à ce style musical à l'occasion de ce nouvel album logiquement intitulé "
Back to the Blues". Après les expérimentations plus ou moins manquées de ses 2 précédents opus, les mauvaises langues répondront que l'Irlandais en avant plus probablement assez des échecs commerciaux, et ils n'auront pas forcément tort tant seront peu nombreux ceux à se laisser berner par cette explication de l'irascible guitariste. Mais est-ce cela le plus important au bout du compte, ou est-ce le fait que nous puissions nous repaître de bonne musique ?
Dans le cas présent, les nombreux amateurs de "
Still Got the Blues" (1990) et "
After Hours" (1992) vont pouvoir se délecter de tout ce qui a pu faire le succès du guitar-hero à l'époque. Les reprises des légendes du genre sont toujours honorées avec talents, que ce soit l'irrésistible "You Upset Me Baby" de
BB King, l'incontournable power-ballade "Stormy Monday" de
T-Bone Walker sur laquelle les soli de Gary vous mettent les poils au garde-à-vous, le catchy "Ain't Got You" de
Jimmy Reed ou le léger "Looking Back" de Johnny Watson. Côté compositions du maitre des lieux, la balade "Picture Of The Moon" est des plus classiques, même si elle fait son effet, "Cold Black Night" se fait accrocheur avec sa rythmique toute en dynamique, et "Enough Of The Blues" engage les hostilités avec la puissance d'un bon gros riff traditionnel mais efficace.
Ce côté traditionnel est d'ailleurs le seul point faible de cet album en raison de l'évidente absence de prise de risque, même si les derniers titres remédient un peu à ce handicap. Ainsi, la ballade "The Prophet" est entièrement instrumentale et invite au recueillement, alors que "How Many Lies" et "Drowning In Tears" s'appuient tous les deux sur une ligne de basse répétitive. Sur le premier, la guitare se joint à elle pour rendre l'ensemble obsédant, à la limite de la transe, avec l'explosion des soli en point d'orgue pour un résultat global hyper accrocheur. Le second se présente comme une ballade mid-tempo hypnotisante et dont la mélancolie à fleur de peau s'étale sur plus de 9 minutes pour un résultat gorgé d'émotions.
Il serait donc dommage de rester bloqué sur un premier a priori, certes justifié en ce qui concerne les raisons profondes de la démarche de ce 'retour aux Blues', mais qui ne doit pas faire oublier la qualité du résultat artistique.
Gary Moore n'a pas son pareil pour rendre hommage à ce style tout y apportant l'originalité de sa patte de guitariste ayant été biberonné au Hard-Rock. S'il lui manque l'effet de surprise et la fraicheur des albums du début des années 90, ce "
Back to the Blues" n'en est pas moins un excellent opus mariant parfaitement l'hommage aux racines et quelques touches personnelles pour un résultat à la hauteur du talent de son géniteur.
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