La musique est avant tout une histoire, remplie d’émotions, que chacun raconte à sa manière à travers un éventail de styles tous plus différents les uns que les autres. Pourtant, il y a un genre qui sied particulièrement bien à l’aspect émotionnel de cet art : le folk-rock. Les albums intimistes de ce sous-genre sont innombrables (
Bob Dylan,
Nick Drake,
Elliott Smith …), et forcément, il devient dur de réinventer un style aussi simple que celui-ci. A défaut d’être complètement innovant, Clint Slate, un multi-instrumentaliste français, propose avec son premier album «
Before the Dark » une recette rafraîchissante.
"
Before the Dark" propose encore un folk-rock intimiste, néanmoins rehaussée par pléthore d’instruments et d’arrangements qui savent mettre en valeur la voix et le jeu de guitare de Clint sans être envahissants. Mais ce qui marque le plus cet album, c'est sa dualité : tantôt joyeux, tantôt triste, tantôt colérique, tantôt apaisant, les fluctuations émotionnelles sont très présentes dans cette première galette.
En effet, pour ce premier album, Clint Slate offre une plongée dans l’immensité des sentiments. Chaque morceau semble convoquer une émotion ou un univers différent. « Slave » évoque par exemple la tristesse suivie de la colère de par sa structure de plus en plus puissante, « Wish » rappelle la joie grâce à son ton assez clair, « Sleep » développe un univers onirique, empreint d’une certaine douceur, grâce à l’utilisation du glockenspiel et de l’alto (joué par Kyan Khojandi, acteur principal de la série Bref) … La palette est donc très large, mais garde tout de même une certaine cohérence : les thèmes évoqués restent assez intimes et mystérieux, à l’image de nombreux grands chanteurs de folk-rock, pour que chacun puisse s’identifier à la musique de Clint Slate. Le but est bien évidemment de ne pas trop en raconter pour que chacun se raconte sa propre histoire.
Du point de vue des thèmes, ce premier album se place donc dans la lignée des grands classiques du folk. En revanche, la musique jouée par Clint Slate est assez originale, notamment grâce aux arrangements et nombreux instruments peu conventionnels dans le rock utilisés pour l’album. Bien entendu il y a le glockenspiel de « Sleep » qui donne sa douceur si caractéristique au morceau (ce qui est également le cas de « Sunday Morning » des Velvet Underground ») que j’ai déjà évoqué un peu au-dessus. Les chœurs de « Over God’s Shoulder » donnent un aspect sacré au morceau alors que les bruitages au début de « Till Death (Do Us Apart) » (évoquant « Money » des
Pink Floyd ») et de « After The End » font penser à la nature, à la tranquillité. Les instruments électriques tels que la basse sont également très présents sur l’album, ce qui est une véritable surprise. En effet, ils permettent de briser la monotonie de certains morceaux qui, sans cela, seraient assez plats. « Slave » en est un très bon exemple puisque la basse permet de faire un crescendo à partir de la moitié du morceau, tout en gardant la guitare folk du début. Le chant de Clint, quant à lui, est empreint d’émotion, alternant entre mélancolie (« Endless Summer Day »), puissance (« Harder ») et douceur (« Sleep »). Musicalement parlant, l’album est donc un petit bijou, à la fois diversifié, bien interprété, avec une production et un mixage excellent pour un premier album.
Que donc reprocher à un album de cette trempe ? Pas grand-chose au final. Le manque d’un ou deux titres qui se détachent vraiment du lot, comme une sorte de « hit » est finalement le seul vrai défaut de «
Before the Dark ». Excepté cela, la musique est composée de façon grandiose pour de la folk, elle est jouée avec une maîtrise remarquable, les thèmes abordés parlent à chacun … «
Before the Dark » est une petite originalité dans le monde du folk-rock. Retenez bien le nom de Clint Slate, car il se peut que d’ici quelques années, vous entendiez beaucoup parler de lui.
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