En scène au milieu de nulle part
Les chansons de
Kat Onoma prennent place dans un album comme des musiciens qui entreraient en scène au milieu de nulle part. Il y a toujours une impression dynamique d’avancée, de percée, d’occupation de l’espace réel et imaginaire, entre l’ombre d’une méditation et le soleil désertique. « The Radio » incarne le groupe en marche, une masse d’instruments en évolution régulière, section rythmique, guitares et cuivres qui font corps avec la voix, et chacun à tour de rôle de se mettre en avant dans cette traversée aux allures de conquête de l’ouest : telle est la respiration, le lien organique entre le rythme et l’harmonie. « Le Désert » commence dans le dépouillement puis s’intensifie au fur et à mesure d’un monologue sans voix, ou d’un dialogue sans interlocuteurs : « Dans le désert, on parle sans parler ». Avec «
The Gun », on est à fond dans le rock et la confiance règne, car un morceau nommé «
The Gun » se devait de sonner avec force et conviction. Plus lent, « Will You Dance ? » se promène entre blues et dissonance. Plus rapide, « Riverrun » continue de puiser dans les racines profondes du rock, avec cette originalité de Rodolphe Burger qui chante à la manière d’un conteur calme, distant et attentif aux événements autour de lui, avant l’explosion free jazz de la conclusion. De nouveau plus lent, « The Trap », très blues également, marque la fin de cette alternance et fait place aux accents latins de « Lady of Guadalupe » puis à la poésie française de « Memo », deux morceaux confirmant une lenteur installée, d’une monture qui se ménage pour arriver au bout du voyage avant la mort. Avec « B. the
K. », la guitare est à l’honneur, telle une arme dans le duel final, tandis que la trompette et le saxophone reviennent comme des fantômes ou comme des anges. « Night Way » secoue les derniers survivants, et la diligence repart pour un tour, laissant « The Poplars » au calme.
D. H. T.
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