Se pencher sur le phénomène AC/DC à la fin des années 80 nécéssite sans doute une mise en perspective. En tout cas, je ressens le besoin de récapituler brièvement la situation particulière de ce qui apparaît alors comme un colosse aux pieds d'argile.
De 1974 à 1980, le combo australien a délivré pas moins de sept albums studio, sept joyaux incontournables du Rock N'Roll. Après cela,toujours productif, le groupe sort le très honnête
For Those About to Rock. C'est l'amorce d'une inévitable redescente pour Angus et ses compagnons.
Flick of the Switch suivra et maintiendra un standard de qualité certain. Avec
Fly on the Wall, mal produit par les frères Young, le fond est touché et l'on est en droit de se poser la question suivante: le géant océanien est-il capable de se relever après une grosse décénnie, triomphale mais éreintante? Composé pour la bande originale du film Maximum Overdrive, le titre
Who Made Who laisse percer une lueur d'espoir...
Très sobrement, six secondes de Blues bien roots forme l'entame de cet album. L'effet de surprise est immédiat quand le riff vicieux de
Heatseeker emballe la machine. Ce titre est une invitation au duck-walk annonciatrice de
Thunderstruck, The Furor et autre War Machine. D'emblée, la production d'Harry Vanda et Georges Young, duo gagnant sur quelques pépites dont le superbe
Let There Be Rock, étonne par sa dureté.
Heatseeker, missile à tête chercheuse et excellent single connaîtra une belle postérité grâce à l'album
Live. Le titre suivant,
That's the Way I Wanna Rock N'Roll connaîtra les mêmes honneurs. Sur ce deuxième titre, on peut remarquer que le jeunot Simon Wright, vingt cinq ans au garrot dont cinq passés dans le groupe, maîtrise bien son sujet. Le batteur, remplaçant de l'"Institution" Phil Rudd depuis le
Flick of the Switch Tour, est efficace sans trop en faire.
Les singles ne sont pas les seuls morceaux de choix, loin de là. Le groupe est bien soudé, uni au diapason de Malcom. Angus nous sert de surcroît quelques soli délicieux comme par exemple sur Go Zone. Nick Of Time, pièce d'artillerie taillée pour la scène, multiplie les changements de rythme et, alors que pointe l'inévitable essouflement du morceau, celui-ci nous offre un break magnifique. Décidément, AC/DC montre un visage très métallique; chose qui rassure votre serviteur, dépité jusqu'à la sortie de cette offrande. Très créatif, le groupe choisit de se délester de nombreuses compos: notons que Borrowed Time, Let It Loose, Snake Eye, Allright Tonight et Down On The Borderline ne sont pas du voyage.
L'écoute se poursuit avec délectation.
Ruff Stuff nous invite de nouveau à suivre les pas chaloupés de l'éternel écolier dont la guitare semble dialoguer avec un Brian Johnson très en voix. Autre titre qui ressort: Two's Up est un mid-tempo solide et un peu répétitif, qui fait son effet à la longue. Le refrain est prétexte à une lente montée en puissance jusqu'à ce qu' Angus nous délivre son solo ultime, un moment de grâce absolu qui me réjouit toujours autant plus de vingt ans après, le bonheur quoi! This Means War parachève l'oeuvre des Australiens avec une des rythmiques les plus rapides jouées sous l'ère Johnson, il en résulte un très bon Rock N'Roll qui nous laisse sur une impression agréable, celle d'écouter un groupe qui respecte ses racines tout en continuant à durcir le ton. Le mot Rock est un peu partout dans cette modeste bafouille, tant mieux car c'est bien de cela qu'il s'agit!!!
Blow Up Your Video, disque d'une formation revancharde, ne restera sans doute pas dans les mémoires comme un immense classique. Cette galette très puissante, gavée de hits en puissance, offre à ses auditeurs un plaisir simple, celui d'entendre cinq gars doués prendre leur pied en jouant comme un seul homme. Il s'agit d'un travail profondément inspiré qui replace AC/DC au premier plan alors que la concurrence fait rage (Seventh Son Of A Seventh Son, ...And Justice For All, Ram It Down...). Le groupe est revenu très fort, plein de promesses à tenir dans un avenir qui s'annonce radieux.
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