A une heure où Lemmy ne finit plus ses concerts à cause de sa maladie (avec tout ce qu’il consomme en même temps …) et où certaines de ses déclarations laissent supposer que le rock est mort, il serait peut-être temps de trouver un remplaçant à Motörhead, ou tout du moins un groupe qui s’en rapproche. Cela tombe bien, puisque Iron
Bastards, jeune groupe strasbourgeois, s’inspire beaucoup du travail de la bande de Lemmy. Les similitudes entre les deux groupes sont nombreuses : le nom Iron
Bastards est en rapport avec l’univers de Motörhead (quand bien même ce n’est pas un hommage selon le groupe), le serpent de la pochette est aussi menaçant que Snaggletooth et j’en passe. Mais alors, notre jeune challenger est-il prêt à remplacer, voire supplanter les monuments de Motörhead avec leur premier album «
Boogie Woogie Violence » ?
Introduisons un peu nos lascars pour que tout le monde comprenne bien. Iron
Bastards s’est formé en 2013 Pour une première sortie, on peut clairement affirmer qu’Iron
Bastards s’en sort très bien. Leur musique, rapide et violente, ne laisse aucun temps mort. Comme il est aisé de s’en douter, beaucoup de titres sont inspiré de Motörhead. Le chant rauque de David Bour est très similaire à celui de Lemmy, même s’il est un poil plus agressif, la batterie martelée aussi violemment dans les deux formations et les introductions de « Pancho Villa » et « I Am the Lizard » par exemple pourraient facilement passer pour celles de Motörhead. Parfois cette ressemblance va un peu trop loin, comme pour le morceau éponyme qui a de trop grandes similitudes avec « We Are Motörhead », mais nous y reviendrons.
Mais si Iron
Bastards a beau aimer le style de la formation anglaise, il a bien plus à offrir qu’une vague copie. Les Strasbourgeois se démarquent notamment par un jeu de guitare relativement pointu pour leur musique pourtant assez « rentre-dedans » (« Animals », « Jungle Speed » ainsi que de nombreux solos égrainés ça-et-là dans l’album) et des influences plus diverses avec les relents bluesy de « Burning on the Giant Chair » ou l’aspect « vieux rock ‘n’ roll » de «
Bastards Are the Future » dont le riff n’est pas sans rappeler un certain « Hound Dog » à certains passages (ce qui n’est pas étonnant, le groupe ayant déjà repris « Blue
Suede Shoes » sur un de leurs EPs). Certains titres tentent également de donner plus d’importance à la guitare comme « Reverse Mirror » et surtout « Fast & on Time » dont le riff est plutôt marquant.
Comme si tout cela n’était pas suffisant, Iron
Bastards a également le bon goût d’ajouter trois titres live à son premier album, ce qui, il faut bien l’avouer, rend le tout bien copieux. La captation est loin d’être mauvaise, le son est de bonne qualité, et même si les prestations sont proches de ce que le groupe a enregistré en studio, elles restent de très bonne facture.
«
Boogie Woogie Violence est donc vraiment très bon. Seulement, il faut bien le dire, il possède un menu défaut qui empêche d’apprécier pleinement ce premier effort : on écoute Iron
Bastards ou Motörhead ? Le groupe a beau ne pas se définir comme un hommage à la bande de Lemmy, il en est pourtant très proche. Sur les quinze titres originaux de l’album, beaucoup ressemblent à ceux du groupe anglais (sachant que les leurs se ressemblent déjà …). Il manque donc une identité propre à Iron
Bastards. Pourtant, les quelques titres s’éloignant de ce style sont particulièrement réussis, alors pourquoi ne pas en faire plus ? Les reprises de « Tutti Frutti », « Blue
Suede Shoes » et « Rock this Town » sur leur EP « Rock ‘n’ Roll Strikes Back » étaient pourtant très réussies et montraient leur talent pour trouver un style reconnaissable.
Soyons clairs, Iron
Bastards n’est pas encore prêt à se hisser au niveau du maître, mais il n'a rien de la copie du pauvre. Ce premier album a énormément de qualités : jeu énergique et bien exécuté, compositions entraînantes et énormément de contenu entre autres. Malheureusement, si le groupe a la technique, il n’a pas encore le style. La trop grande ressemblance avec Motörhead fait passer l’album du statut « excellent » à « bon », ce qui est assez dommage. En tout cas, Iron
Bastards vient de frapper fort et on espère les revoir très bientôt sur le devant de la scène. Définitivement, ce «
Boogie Woogie Violence » mérite de trouver une place sur votre étagère entre deux albums de Motörhead.
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