Sortis des limbes vaporeuses de l'outre-monde, celui d'où s'échappent les complaintes agonisantes et gothiques d'une frange de musiciens dont l'apparence tourmentée et souffrante semble être, au moins, aussi importante que le contenu de leur musique, voici venir le pâle visage et la silhouette fantomatique de Michelle Darkness. Notre spectre, quasi invisible dans nos mornes contrées, apparaît plus visiblement dans les terres grises qui l'ont vu naître. Dans son Allemagne natal il est, en effet, connu pour être le chanteur d'End Of Green, groupe de Gothic Rock qui se torture l'âme depuis 1992.
Adorateur de la sombre décadence insidieusement inspirée par de divines icônes emblématiques, tel que Type O Negative, Paradise Lost,
The 69 Eyes; Michelle Darkness vient déposer à leur pied ce
Brand New Drug telle une offrande respectueuse. Mais dès les premières mesures de chant on est frappé de voir à quel point ce présent est bien plus un pêché qu'un cadeau. Bien vite on se rend alors compte qu'il n'est pas forcement aussi respectueux que l'apostolat de départ voulait bien le laisser entendre. Tu ne voleras point disait le seigneur!!! Voilà un commandement qui n'atteint pas notre homme. Bien au contraire, l'abnégation avec lequel il s'acharne à plagier le plus fidèlement possible les groupes déjà cités devient bien plus que gênante, quasiment gravissime. Lorsque Michelle revêt son costume de Jyrki 69 et chante de cette façon ultra grave et maniérée inhérente au style et lorsqu'il compose ces musiques en se mettant dans la peau du tandem Mackintosh/Holmes; il oublie que le talent est un élément essentiel lorsqu'on prétend vouloir vivre de son art. Et d'autant plus lorsqu'on prétend vouloir vivre de celui des autres. Passant outre le mixage des guitares un peu trop en retrait, les mélodies prévisibles et simplistes, on découvre quelques rares moments pas trop désagréable mais sans réel intérêt. Il en va ainsi de "My Dream" ou de "Raging Fire". Le titre "
Brand New Drug", quant à lui, remonte dans nos veines, laissant à nos lèvres les frissons de ces mauvaises drogues frelatées. A noter que le disque contient trois reprises : "Love Will Tear Us Apart" de
Joy Division, "Pet Cemetery" des Ramones et "The Sound of Silence" de
Simon And Garfunkel. Si les deux premières ne changent pas grand chose à ce fix, la dernière est, quand à elle, une véritable catastrophe, où le chant tremblotant de Michelle tient plus de la caricature surjouée sans aucune émotion que d'un quelconque semblant d'interprétation. Quand Angelsong, horrible chanson vide, avec ces allures de mélodies Pop ou les guitares saturées sont presque absentes, vient enfoncer encore un peu plus le piston de cette seringue planté dans notre bras, on se dit avec soulagement que l'overdose n'est pas loin et que bientôt tout sera fini.
Ce disque n'est au final rien d'autre qu'un mauvais trip où Michelle Darkness, loin d'une quelconque once d'intégrité, pille, sans aucun talent, ces ainés. Pouvant nuire gravement à la découverte d'excellents groupes du genre, on ne saurait trop conseiller à notre homme de rester embourbé dans sa crypte abyssale la prochaine fois que de telles inspirations lui viennent. Car polluer la tête d'esprits faibles avec de telles substances illicites et fades est, même artistiquement, un délit que nous ne saurions tolérér.
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