Il aura fallu attendre 5 ans pour que
Sideburn donne enfin un successeur à son prometteur premier opus "Sell Your Soul (For Rock'n'Roll)". Si ce délai s'explique par un grand chambardement au niveau du line-up dont Roland Pierrehumbert (chant) et Fred Gudit (guitare) sont les seuls rescapés, il n'entraîne cependant pas de révolution au style musical du quintet helvète qui officie toujours dans un Pub-Hard-Rock typiquement…australien !
En effet, ce sont les ombres d'AC/DC, Rose Tattoo ou
The Angels qui planent sur les 12 titres de ce "
Crocodile" aux riffs aussi acérés que les dents du reptile auquel il se réfère. Impossible de ne pas penser au gang des frères Young sur le Boogie-Rock groovy de "In My Car" ou sur l'efficace "Slave To The Core", ou au gang des 5 tatoués sur le mid-tempo bluesy d'un "
Hole Creeper" renforcé de slide ou sur le titre éponyme au tempo soutenu et flirtant avec le Hard-Punk chère à Anderson & Cie. Quant à l'influence de
The Angels, c'est surtout dans l'utilisation de l'harmonica par Roland Pierrehumbert et sur des mélodies plus Rocks à écouter sur les highways tels que "Live 4 2 Day" qu'elle se fait sentir. Pourtant, en dehors de la reprise fidèle de "Remedy" et des tonalités de la voix de Pierrehumbert, proches de celles d'Angry Anderson, nous sommes très loin du plagiat. D'ailleurs,
Sideburn apporte une touche personnelle à sa cover en y ajoutant le début de "The Butcher And Fast Eddy" sur son final.
En effet, si le quintet suisse s'inspire de ses glorieux aînés, il a su digérer ses influences pour en retransmettre l'énergie tout en imposant une identité propre. Cela nous donne des titres variés et toujours efficaces, dotés de refrains accrocheurs ("Dany And The Devil"), de soli dévastateurs ("Rocking Chair" sur lequel guitare et harmonica se livre à un sympathique duel) et sur lesquels on ne peut s'empêcher de taper du pied et de remuer la tête en rythme. Alors bien sûr,
Sideburn ne révolutionne pas le genre mais il y apporte une pierre supplémentaire avec laquelle il faudra compter tant ce combo est capable de pondre quelques hymnes aussi immédiats qu'efficaces ("Hell On Wheels", "The Taker") et dégage une énergie et une authenticité rafraîchissante.
Renforcé par la production claire et puissante de Jurg Naegeli (ex Krokus), ce "
Crocodile" permet à
Sideburn de franchir un nouveau pallier et de se positionner comme un nouveau membre de la confrérie courtisée de la relève du Pub-Hard-Rock à l'australienne, respectant les figures imposées tout en y apportant sa propre patte. A une mise en garde contre les hallucinations de kangourous gambadant parmi les vaches dans les pâturages alpins, nous rajouterons le risque de morsures de
Crocodiles lors de baignades dans les lacs des montagnes suisses. En même temps, la morsure est aussi agréable que tranchante, alors laissez-vous faire !
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