Amère déception. Rude critique de but en blanc me direz-vous, mais si je puis me permettre cette métaphore culinaire, écouter cet album fut en quelque sorte comme manger des lasagnes à la cantine : on sait qu'on aime ça, mais il y a dans la sauce tomate un je ne sais quoi de fade qui déçoit. Fan de ces éternels adolescents californiens depuis mes 11 ans, je n'ai pas besoin de décrire la joie que j'ai éprouvée en découvrant cet album dans les bacs. Et premier choc : la pochette. Je ne m'étendrais pas sur ce que la photographie représente, scène qui nous indique que le groupe a bien vieilli (et oui nos jeunes rebelles ont troqués leurs skates contre des véhicules à moteur hybride…) et qu'il est un poil nostalgique de ces belles années de Punk-Rock, mais plutôt sur le climat froid et inquiétant qu'elle transporte. Rappelez-vous les "Ixnay", "
Smash" et autres "Conspiracy Of One" qui véhiculaient à première vue une sorte de second degré provocateur, et bien ce temps-là est révolu, avec cette pochette on se dit que
The Offspring a passé un cap : l'album de la maturité peut-être ?
La réponse est malheureusement (à mon avis) : NON ! Avec un très bref "
Splinter" qui nous donnait l'impression d'avoir été pris pour des jambons le groupe nous avait pondu un honorable "
Rise and Fall, Rage and Grace" au sein duquel retentissaient en harmonie des hymnes entraînants et des ballades à l'eau de rose, et on se dit alors que l'époque "Well
Fuck You " est révolue et qu'on doit attendre de
The Offspring des réalisation plus douces, plus mielleuses… Et bien ce "
Days Go By" va bien plus loin.
On commence pourtant avec "The Future Is
Now", un peu dans le style de "Half-Truism" sur l'album précédent, morceau qui dès les premiers accords nous fait sentir la patte des maîtres. La voix de Dexter Holland est égale à elle-même, rafraîchissante et donnant l'envie de péter de la vaisselle ! Ah ! Tiens ! Vers 3:00 un piano "old-school" nous sert un bridge gentillet, mais à ce stade-là, pas de soucis, tout artiste évolue comme il le sent. Pas de quoi dégoûter un inconditionnel donc, un bon morceau, mais sur le coup on a une (bonne ?) surprise. On enchaine avec un "Secrets from the Underground" du même acabit, les "Wo ho ho" sont au rendez-vous, un petit solo de guitare sympathique s'interpose entre les chœurs et le bridge de batterie. Efficace, un peu court mais efficace.
C'est avec "
Days Go By" que les choses se ternissent. Les premières notes font penser à "Times Like These" des
Foo Fighters et on pense tout de suite à "Denial, Revisited" ("
Conspiracy of One"), en quelque sorte le premier "slow" du groupe… Le ton est donc plutôt gentil et ce qui est assez dérangeant c'est qu'un morceau de ce style soit placé en troisième position. C'est là qu'on commence à serrer les miches en priant pour que la suite de l'album se mette à bouger, mais on sait pertinemment au fond de nous que ces prières sont vaines. Mais quoi ? Qu'entends-je ? Me serais-je trompé ? "Turning Into You" et "Hurting as One" nous redonne envie d'y croire. Là on exulte ! Ça y est, les papys ont ressortis les Vans et les baggys. Ok, si on a le droit à quelques bridges calmes, sur l'ensemble, on a envie de se lever et de tout péter dans la piaule. Mais malheureusement cette joie est de courte durée.
Ais-je vraiment besoin de m'étendre sur le morceau qui va suivre, car on peut le prendre de deux manières. La première (et la moins finaude) serait de le prendre au sérieux et alors, la boîte à rythme, le refrain chanté par une voix sulfureuse de bimbo botoxée (cf clip), les paroles qui semblent avoir été écrites par Pit Bull (j'exagère à peine) et l'auto-tune (trois chanteurs sur trois viennent tout juste de vomir à l'énonciation de ce mot), provoquent l'effondrement d'un mythe. La seconde, évidemment est de l'écouter avec humour, en pensant à une parodie de toutes ces chansons régionalistes interprétées par Katy Perry ou Alicia Keys. Mais quel que soit l'état d'esprit, un fait reste indéniable : ce morceau n'a rien à foutre là ! En "hidden track" je veux bien, mais là, en plein cœur de l'album, c'est juste indécent (j'en fais un peu trop mais j'ai les boules !). Et nous voilà, la moitié de l'album passé avec un goût de bile dans la bouche et un tic à l'œil à cause de ces "Bumpin' in My Trunk !" qui ne veulent pas nous sortir du crâne.
La suite est très décevante, sentiment sans doute amorcé par ce sixième morceau écœurant, avec une "
Love-song" insipide ("All I Have Left Is You"), un OVNI en mode "Sud-Américain" qui donne l'impression d'avoir été pompé sur un titre des
Red Hot Chili Peppers un lendemain de cuite ("Oc Guns"), un "re-record" d'un morceau ultra-culte (mon morceau préféré) qui n'apporte vraiment rien sinon des regrets à l'original ("Dirty Magic") et deux morceaux potables mais affreusement courts en guise de conclusion (avec pourtant des noms affreusement longs "I Wanna Secret
Family (with You)", "Slim Pickens Does the Right Thing and Rides the Bomb to Hell"). Notons quand même un "Dividing by Zero" très sympa qui, selon moi, donne la moyenne à l'album (mais encore une fois 2:22 c'est à se demander si le bon goût est surtaxé ces temps-ci).
Voilà ! Déçu donc, par un album qui semblait avoir du potentiel mais qui finalement tombe dans le banal, en espérant que le prochain (s'il y en a un) relève un peu le niveau.
The Offspring ne sont plus punk :-(
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