I’ve been Walking…
La suite de
March of Ghosts s’avère étonnante.
Étourdissante serait plus juste.
Combo énigmatique a plus d’un titre, dont la fibre esthétique fini par sembler aussi élastique que le temps,
Gazpacho, une fois de plus, fait fi de son assise pour emmener l’auditeur plus loin… ailleurs.
Le fil, sur lequel sont sensés se mouvoir ceux en recherche d’identification et de reconnaissance,
Gazpacho n’hésite à le rompre à nouveau, tout en gardant les deux pieds dans ses propres rails.
Certes, la construction de
Demon peut paraitre identique à ses prédécesseurs : des morceaux découpés en parties éponymes numérotées, avec un thème ou une harmonie générale qui revient tel un leitmotiv obsessionnel.
Tout en semblant diversifié l’album parait curieusement plus monolithique dans son essence et surtout plus grave. Dès les premières inflexions de la voix du chanteur on sent que quelque chose se passe. Même si on démarre en terrain connu, avec un morceau d’ouverture qui reprend la trame des « Hell freezes over », mélodies grandioses et instrumentations panoramiques, les norvégiens ont vite fait de renverser la vapeur.
On est loin de l’exercice de style et la première nouveauté ce sont les Balkans, qui infusent leur féerie morbide sur une bonne partie de cet album. Accordéons, violons tziganes, chœurs féminins etc., mais pas que, le Gospel fait également une brève apparition, tout comme le lied ou l’opéra, au travers de samples de divas oubliées, repiquées sur des 78t .
GAZPACHO change et s’intellectualise encore un peu plus, le silence à de plus en plus de place et le bruit aussi… l’âge de raison n’est pas loin.
Là où MOG s’appuyait sur une trame mélodique constante,
Demon s’avère plus varié dans ces effets et prend racine dans un foisonnement plus iconoclaste, tout en faisant preuve d’une forme d’aridité surprenante.
Place aux coups d’archets mal intentionnés, aux rythmiques alambiquées et autres chausse-trapes (
Death room part 1). Les instrumentations gagnent également en puissance… et en finesse. La similitude avec le travail d’orfèvre de
Kate Bush est frappante et
Gazpacho nous livre une série de morceaux des plus ciselés.
« I’ ve Been Walking (pt2b) » clos la première partie de cet opus avec comme un clin d’œil, un motif de guitare à peu près identique à celui qui court tout le long de MOG.
Les affaires sérieuses débutent avec la série des « DEATH ROOM » qui constituent la partie initiatique et la plus déjantée du voyage.
Du contretemps, des expérimentations, des lamentations, des prières, des espaces de silence et de fureur contenue, pour un résultat halluciné, ou la pop croise le fer avec les mauvais sentiments d’un cabaret interlope.
On pourra reprocher à ce
Demon-là de nous prendre par surprise, au réveil, et d’être plus difficile d’accès que ces prédécesseurs, voir, on peut regretter la lumière irradiante de MOG,
Ainsi va la vie et la musique qui compte.
Toujours en mouvement.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire