The Cure, ce sont des débuts plus que prometteurs, suivis de trois chefs d’œuvre, puis une baisse de régime artistique due à une orientation plus commerciale et à la difficulté de gérer cette orientation tout en continuant à produire des albums cohérents. Après ce virage, qui fut aussi une descente, ils ont essayé de remonter la pente. On peut dire qu’avec «
Disintegration » ils sont revenus au sommet, et les étapes intermédiaires apparaissent après coup comme autant d’expériences profitables, dont ils ont su tirer les leçons. Car «
Disintegration » n’est pas seulement le quatrième et dernier chef d’œuvre de leur discographie, c’est aussi un univers à part entière, qui ne ressemble ni à «
Seventeen Seconds », ni à «
Faith », ni à «
Pornography ». C’est, en somme, l’ultime réponse à la question : après leur quête de popularité, où ils se sont perdus puis retrouvés, comment s’incarnerait leur retour en grâce ? À la base, on a toujours les textes de Robert Smith, tiraillés entre imagination et réalité, rêves et désillusions, ainsi qu’un travail d’écriture musicale qui résulte d’une étroite collaboration entre tous les membres du groupe. Et puis, mieux que jamais, Simon Gallup a compris l’unité que sa double implication dans la basse et les synthétiseurs apporterait à l’ensemble. Guidés par les sons de cloches et les scintillements féériques d’un ciel étoilé au cœur d’une nuit d’hiver, le rythme et les nappes sonores traversent de concert une vaste étendue enneigée, où se mélangent inquiétante étrangeté, douceur mélancolique et lueurs d’espoir.
« Plainsong » se souvient de la longue introduction instrumentale de l’album précédent, mais avec des sentiments différents : alors que « The
Kiss » entamait une séduction à la fois ténébreuse et torride, ici l’harmonie compassionnelle a remplacé les guitares saturées, et la voix finit par se rassurer au contact de son propre écho. «
Pictures of You » garde la même fibre émotionnelle, comme les autres titres, avec cependant des sonorités plus rock, laissant toute leur place à la batterie, à la basse et aux guitares parmi les claviers, dans un climat pacifié, faisant la part belle à la nostalgie et aux souvenirs heureux partagés avec la femme aimée. « Closedown » s’inscrit dans la même lignée, à laquelle viennent s’ajouter des percussions plus rapides, pour un regain d’intensité. « Lovesong », l’un des hits de l’album, est une de leurs plus belles chansons, résolument rock et d’une tendresse simple et authentique. « Last Dance » et «
Fascination Street », plus sombres, complètent le tableau en réhabilitant l’influence gothique avec discrétion et subtilité. Entre les deux, «
Lullaby », autre hit de l’album, décrit de façon métaphorique les peurs légitimes et les traumatismes de l’enfance face à l’horreur du monde, mettant les adultes au pied du mur de leur propre angoisse. On tient la perfection en sept titres, auprès desquels les cinq suivants s’efforcent de rester sans le moindre temps mort, démontrant une constance qui relève du dévouement : certains passages instrumentaux de « Prayers for Rain » rappellent The Sisters of Mercy ; « The Same Deep Water as You » est plein de sérénité, en neuf minutes de détente que l’on ne voit pas passer ; «
Disintegration » ravive les passagers du rêve, et là on se croirait parfois dans « Works » de T21 ; « Homesick », de par son intimité particulière, se prêterait aussi bien à une interprétation avec un seul instrument : guitare acoustique, piano ou violon, même si l’osmose entre les divers apports y est extraordinaire, d’autant plus que l’influence du blues et du jazz semble pertinente, et ce pour la première fois depuis le temps qu’ils s’y essaient sporadiquement ; « Untitled », enfin, nous dépose au terme d’un atterrissage tranquille, et nous arrivons indemnes. Les Cure, eux, se sont en effet désintégrés. Ils n’auraient pas pu aboutir à une meilleure synthèse de leur facette pop et de leur facette plus confidentielle. Par la suite, bien sûr, ils auraient encore quelques bons moments. Néanmoins, on peut affirmer que, sauf aux yeux de leurs fans les plus assidus ou, à l’inverse, du public le moins exigeant, leurs opus suivants sont parfaitement dispensables. Après la beauté tragique de «
Disintegration », ils auraient pu changer de métier.
D. H. T.
Il est pour moi incontournable ,un classique qui ne vieilli pas .Mes années lycées .Je les ai découvert avec cet album et j'ai toujours eu du mal avec les précédents trop Cold à mon gout .Désintégration c'est la rencontre de Cure et de la Pop
A les petites Coldwaves ....
Mais tu parle souvent de Roberth Smith, mais fait pas oublier qu'ils ont tous composé dessus !
Et je ne parlerais pas de pop, mais plutôt de new-wave de l'époque. On est loins de Prince et de Michael Jackson... C'est d'ailleur pour ça que c'est du genre "coldwave".
Sinon, pour ma part, j'ai la version laser avec "Last Dance" et "Homesick" qui se rajoute merveilleusement !
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