Repartir de zéro, rejaillir du néant. Là est peut-être le plus compliqué dans le processus de création, d’autant plus pour un artiste confirmé. C'est pourtant le défi que s'était lancé
Green Day en annonçant la sortie de sa trilogie "Uno!", "Dos!" et "Tré!", et il faut avouer que malgré les années qui passent, le plus si jeune trio californien a toujours plus ou moins su se réinventer. Après un Uno! timide, relativement bon mais sans grande surprise, c'est en toute logique que Dos! emboîte le pas. Et là, ce n'est plus la même musique. Au sens propre comme au sens figuré.
Alors que Uno! devait être un album « retour aux sources » (qui c’est d’ailleurs plutôt avéré comme étant l’album d’une deuxième jeunesse et non pas un retour à la première), la bande à Billie Joe nous offre cette fois un album qu'elle décrit comme du "party garage". Définition inexacte de la part du groupe me direz-vous, et vous n’auriez pas tort, car la réalisation est bien évidement parfaitement aseptisée, ce qui n’a rien d’étonnant de la part d’un album de
Green Day, mais ce qui s'oppose donc à l'idée d'une musique typée garage. Par contre, le côté "Party" est lui bien présent, en tout cas beaucoup plus qu’il ne l’était sur le premier volet de la trilogie.
Le second volet de la trilogie démarre sur la courte et gentillette "See You Tonight", une petite balade ayant pour seul instrument une guitare électrique proprette et clean au possible. L’album débute vraiment avec "
Fuck Time", chanson aussi stéréotypée qu'efficace, mais avant tout parfaitement rétro (on retrouve directement l'ambiance Rock n' Roll des 60s, celle de
Chuck Berry et compagnie) et on croit alors également retrouver le
Green Day de Uno!, sauf que cette fois la nostalgie quant à la jeunesse passée du groupe a laissé place à une bonne dose de gaîté bienvenue. "Stop When the
Red Lights
Flash" marque quant à elle un premier temps mort dans l’album, on revient ici à du
Green Day plus classique, mais bon dieu qu'est-ce que c’est fade ! Heureusement, la très bonne "Lazy Bones" (qui n'est pas sans évoquer
The Strokes) arrive ensuite et l’ambiance remonte. Le problème, c’est que malgré sa qualité, la chanson reste très courte, et c’est là qu'on se rend compte que le trio de Berkley nous a lâché un album en dent de scie. Car après la pluie vient le beau temps, et après le beau temps… Et bien c’est la pluie qui revient, comme le confirme la tristounette "Wild One".
Heureusement pour nos oreilles, l’album trouve un second souffle à partir de "Makeout Party", une bonne chanson présentant surtout un sacré solo (un long cri de Billie Joe, qui n’est pas sans rappeler l’époque bénie de
Kerplunk! et
Dookie). Les trois californiens nous offrent ensuite une pop-rétro bien maîtrisée à travers "Stray
Heart", qui restera à n’en pas douter une des meilleures chansons de la trilogie. On plonge ensuite dans du
Green Day plus classique avec "Ashley", qui de par son style aurait presque pu figurer sur
American Idiot, et là, le côté "Party" annoncé est alors pleinement confirmé. "Baby Eye" quant à elle passe comme une lettre à la poste, ou plus exactement comme un titre quasi surf-rock à base de "Who-oh-oh-oh-oh", qui conduit parfaitement au rock groovy de "Lady
Cobra".
Après avoir exploré les racines du rock à travers ses dix premiers titres, Dos! Lâche sa plus grosse surprise : "Nightlife", qui constitue du
Green Day aux accents… Hip-Hop. Non, vous n’avez pas mal lu, et non ce n’est pas une blague. Une douce voix féminine remplace la voix de Billie Joe lors des couplets, une ligne de basse très posée se promène le long du morceau, et un beat rappelant les premier temps du Hip-Hop (dont il faut souligner que l’apparition Outre-Atlantique coïncide avec la formation du groupe) ponctue le titre. On peut ne pas aimer, mais avouons que le pari était très osé de la part du groupe, et on ne peut que s’en réjouir, d’autant plus que le pari est assez réussi, la chanson étant loin d’être mauvaise, quoiqu'un peu maladroite quand même.
L’album se clôt sur deux hommages, l’un au classic rock via "Wow, That’s Loud!", qui rassurera certainement les éventuels déçus de la piste précédente, et l’autre à Amy Whinehouse, qui permet au groupe de s’aventurer dans les contrées du blues sur la sobrement intitulée et promise de longue date "Amy"
Dos! réussi à tenir les promesses de surprises qu’Uno! n’avait su contenter. On s’attendait à un album de rock festif, on a finalement droit à un voyage rétro sympathique entre pop, rock n'roll, surf, punk, blues et même hip-hop. Bref, il y a avec cet album peut-être d’ores et déjà de quoi créditer
Green Day d’une mue réussie, en attendant la confirmation avec « Tré! ».
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