Liste des groupes Hard-Rock Mother Road Drive

Ce que les Américains appellent The Mother Road, c’est tout simplement ce que nous, nous connaissons comme étant la Route 66. Celle-ci n’ayant plus d’existence officielle depuis le milieu des années 80, nous allons nous intéresser au groupe qui lui a emprunté son surnom.
Mother Road c’est donc l’association entre le chanteur Keith Slack (ex-Steelhouse Lane, ex-MSG) et le guitariste Chris Lyne (Ez Livin, ex-Soul Doctor). Des musiciens qui ne diront rien à la plupart d’entre vous mais qui ont quand même une expérience non négligeable. On retrouvera aussi, pour compléter le line-up sur ce premier opus, quelques illustres inconnus : Alessandro Del Vecchio (claviers - Silent Force), Athanasios Zacky Tsoukas (batterie - Soul Doctor) et Frank Binke (basse - Kingdom Come).
Mother Road est donc composé de gens qui ont déjà un passé qui parle pour eux.

L’artwork de ce premier opus représente un motocycliste en suspension dans les airs, au-dessus d’une voie de chemin de fer, entre les deux piles d’un pont dont le tablier n’existe plus. Il est en train de réussir l’exploit de passer d’un côté à l’autre alors qu’un train, lancé à toute vapeur, arrive. Cet effet vintage (puisque la photo est plus ou moins en noir et blanc) reste bien dans le (road) trip auquel le groupe va nous convier dans les minutes à venir.

Pas d’intro pour ce Drive. On est directement en prise avec le sujet. Et quel sujet, putain de bordel de merde... Si certains ont hiberné pendant les 4 décennies précédentes, nul doute que cette entrée en matière leur rappellera Led Zeppelin. Le grand, l’immense Led Zeppelin. Le meilleur. Acoustique, émotionnelle, cette entrée en matière est une vraie claque dans la gueule. Led Zeppelin donc, mais aussi ZZ Top, Lynyrd Skynyrd, Whitesnake, The Black Crowes, Badlands, Blackfoot viendront à l’esprit de ceux dont l’âge et les maladies du cerveau n’ont pas encore détruit l’esprit. The Sun Will Shine Again, ce premier titre est un hymne à la gloire des années 70, voire 80 (le début). L’époque ou les musiciens avaient le temps d’enregistrer et de peaufiner les compositions sans avoir un label où un manager qui leur mettaient des coups de pied au cul pour que ça aille plus vite. L'époque où les musiciens avaient encore leur mot à dire sur leur carrière, celle où il ne fallait pas un lustre entre la sortie de deux albums... En résumé, la meilleure...

Musicalement, rien ne dépasse. Aseptisé ? Pas du tout... C’est-à-dire que chaque musicien remplit son rôle tout simplement. La voix vous entraine sur les chemins du Blues et du Hard Rock comme peu de chanteurs savent encore le faire. Autant tuer le suspense dans l’oeuf, la crinière de Coverdale va sentir le vent décoiffer ses mèches rebelles, mes enfants...
Les choeurs, comme dans Lynyrd Skynyrd (sauf qu’ici ils sont assurés par les musiciens) sont discrets mais toutefois indispensables à la compréhension de la chose.

Aucun instrument ne prédomine. Pas de "c’est moi le chef, merci de baisser vos instruments, bande de bouseux !". Les morceaux sont composés pour un groupe et non pas pour un ou deux musiciens. Peut-être trois à la rigueur. Ou Cinq, alors ? donc pour un groupe. LE groupe. Les guitares vous promèneront dans plusieurs endroits des Etats-Unis mais aussi vers l’Australie (Dirty Little Secret). Le mix et le mastering sont justes parfaits. Pas d’esbroufe comme écrit précédemment. Mais ce n’est pas le minimum syndical non plus. Le Texas et le sud des US ou d’AC/DC dans toute leur splendeur.
Un album comme Drive sans titre à connotation ballade sexy et un poil survitaminée, c’est comme une bière sans mousse ou le PSG sans Ibrahimovic, un truc qui n’a pas lieu d’être. These Shoes et Still Rainin rempliront ce rôle. Coverdale is here. L’album Slide It In aussi. Let’s go... Blue Eyes aussi, toujours dans le registre Whitesnake.
Le Blues Spirit et ZZ Top vous prendront aux tripes sur Drive Me Crazy ou Poor Boy par leurs gimmicks à la guitare. 6 cordes transpirant d’émotion, d’envie et de racines Blues.
Le clavier est d’une discrétion presque maladive. On l’oublierait presque, comme si Mother Road en était dépourvu. Sauf qu’il n’y a pas besoin d’être sur-mixé pour exister. Il est toujours très présent dans les titres, souvent discret, apparaissant par petites touches, à l’instar d’un Bill Powell au mieux de sa forme. Il enfourche aussi la panoplie John Lord de temps en temps pour infliger des dégâts irréversibles au temps justement (Dangerous Highway, Stil Rainin).
La section rythmique ? Que dire... Parfaite. Une basse que l’on retrouve régulièrement en première ligne (Out of My Mind), une batterie réglée comme du papier à musique...
On finira presque comme on a commencé. Acoustique mais autant dans un trip Black Crowes ou Whitesnake que Led Zeppelin. Mais avec autant d’émotions et de nostalgie.
La chose qui va manquer à ce Drive, c’est un morceau de 20 minutes à vous faire pousser les poils de culs sur le string. on ne peut pas avoir la cerise sur le foie gras à tous les coups...

A la fin de l’écoute de cet album, en regardant l’artwork, et quand on est un vieux con, on se pose quelques questions. Avant ? Mieux ? ben oui, on est vieux et on a (presque) tout connu. Croire en la réincarnation ? Ah bon ? Mais ils ne sont pas tous morts. Si ? Ben non.
Drive fait mal au cul. Et la date inscrite sur votre extrait de naissance disponible à l’état civil pour les plus grisonnants d’entre nous aussi. Mais si vos oreilles et votre cerveau ne sont encore pas trop liquides, vous allez pouvoir remplacer le viagra par ce truc métallique, rond et troué. Par contre, faudra investir dans du matériel actuel, les mange-disques ayant disparus depuis quelques temps...