1956. Sam Philips, le proprio du studio Sun de Memphis, vient de faire l'affaire de sa vie; il a vendu
Elvis à RCA pour... 35 000 dollars!!! On appelle ça avoir du pif... ou pas. Bon, il lui reste encore Cash, Perkins et autre Killer dans l'écurie, mais enfin, quand même,
Elvis, 35 000 dollars... Passons.
Presley était managé, depuis l'été 55 par le Colonel Tom Parker (pas plus Colonel que moi, d'ailleurs), un filou de première dont la mission inaugurale fut de signer le fameux deal avec RCA. Chose faite,
Elvis se colle à l'enregistrement de ce qui sera son premier succès planétaire. En effet, les enregistrements chez Sun Records n'étaient connus que dans le sud des Etats-Unis, et il ne s'agissait que de "singles" (ils ne furent compilés que bien des années plus tard en albums). Il entre donc en studio en janvier 1956, et la première chose qui en sort, c'est un 45 tours, "
Heartbreak Hotel", une petite chanson qui a juste chamboulé le cerveau de deux jeunes anglais qui se sont immédiatement mis à la guitare en entendant ça, je veux parler de messieurs Lennon et Richards.
Continuant sur sa lancée, l'ex-camionneur de Tupelo met en boite une reprise de Ray Charles, "I Got a Woman", truffée à ras bord de testostérone et de machisme ("Vous savez, la place d'une femme est d'être à la maison", amis romantiques, bonsoir!!!), une reprise Country ("
I'm Counting on You") et une chanson R&B, "
Money Honey", typique du "son
Elvis" des 50's, avec ses hoquets, les solos si typiques de Scotty Moore, une pépite qui rappelle énormément "
Baby Let's Play House!" et l'époque "Sun". Et puisqu'il n'oublie pas "Sun Records", il pense aussi à
Carl Perkins et lui emprunte ses pompes en daim bleu. Pauvre Carl... ce génial songwriter pensait avoir enfin le succès avec "
Blue Suede Shoes", il passe à la télé chanter sa chanson, en montrant misérablement ses godillots bleu électrique... Deux semaines plus tard un ouragan passe dans une émission nationale,
Elvis chante les mêmes paroles, les musiciens jouent les mêmes partitions, mais ça n'a rien à voir, c'est
Elvis... alors Carl retournera dans le fond de l'autocar avec
Johnny Cash et se lancera dans les amphets et le Jack... Pauvre Carl.
Elvis va aussi taper dans le répertoire Black de
Little Richard avec une reprise démentielle de "Tutti Frutti". Il faut savoir que la version originale de Mr Pennyman est déjà ahurissante de violence, de brutalité et de vulgarité. Reprendre du
Little Richard est une mission dangereuse, bon nombre y ont laissé les cordes vocales. Là,
Elvis explose tout, Whop-Bop-a-Loo-Bop-a-Lop-Bam-Boom, tout est dit.
Pour finir l'album, on rajoute quelques pépites de chez "Sun Records" comme "
Tryin' to Get to You", "
Blue Moon" ou "Just Because", et la messe est dite. Une photo tirée des séances d'enregistrements montrant l'énergie; la force et la violence du gamin. L'album s'appellera "
Elvis Presley". Les Clash ont pompé la police d'écriture et les couleurs (photo en noir & blanc, lettrage en rose et vert) pour "
London Calling". Les Clash, les Beatles, les Stones mais aussi tous les autres, tous ont écouté, vénéré, adulé cet album de celui qui était en train de devenir le King. Parfois, ils s'en sont éloignés musicalement (heureusement ou pas), il n'empêche, demandez-leur à tous cinq albums à emmener sur une île déserte, celui-ci sera dans la liste (quoique sans élec, je vois pas l'utilité).
Elvis finira ses sessions d'enregistrements avec un nouveau single, "
Hound Dog". Le boulot (presque) terminé,
Elvis part à l'assaut des Etats-Unis via la télévision. il passe au "Ed Sullivan Show" où il hérite du surnom d'
Elvis the P
Elvis (y-a-t'il besoin de traduire ?) et se verra censuré en étant filmé au-dessus de la ceinture pour cause de déhanchements suggestifs. Il achèvera tout le monde en juin, au Milton Berle Show, avec ce qui est, à mon humble avis, "l'Image" du Rock'n'Roll.
Et puis le Colonel lui dit :"Tu sais quoi ? J'reviens d'Hollywood..."
HotRodFrancky
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