Je le dis clairement, le deuxième album-studio de
Coph Nia est une pièce bien en dessous de mes espérances, d’une platitude rare qui ne faisait illusion que sur le papier. Aldenon Satorial a beau être un compositeur de talent, «
Shape Shifter » reste une énorme déception. Impardonnable de la part de celui qui a sorti l’un des meilleurs albums de dark-ambiant de la décennie, «
That Which Remains ». Mais ne jouons pas les mauvaises langues…
C’est avec circonspection, donc, que je posai une oreille sur ce nouveau disque partagé avec
Mindspawn. Cependant les premières minutes me rassurèrent quand à la teneur de ce « split ». Néanmoins, une simple lecture du livret nous apprendra que les titres ont été faits simultanément par les deux musiciens d’où l’adéquation totale des noms. Et voilà, je vous ai blousé sur toute la ligne. Ceci n’est pas vraiment un split, mais un véritable travail d’équipe où chacun amène ce que l’autre l’y apporte. Une hybridation de deux styles ambiant. D’un côté la patte légèrement indus de
Mindspawn (pas de relents néo-classiques ici) et de l’autre la touche mystique de
Coph Nia (sans percussions et d’une tonalité moins névrosée que la moyenne de ses productions), et le mariage des deux donne cet «
Erotomechaniks », pièce ambivalente, fascinante et curieuse.
Minimaliste, cet album est un pur concentré d’atmosphères sombres où s’injectent des sonorités indus, par intermittences, un éclair mécanique qui se perd au milieu de ce magma ambiant, mais qui permet à l’ensemble de toujours retomber sur ses pieds. Les puristes reconnaîtront cette touche particulière à
Coph Nia sur « Triptych
Passage », chœurs désincarnés de retraits se mélangeant à une base fortement éthérée, ce titre est peut-être le plus représentatif de cette collaboration, une hybridation parfaite où les éléments plus mécaniques ne gênent en rien l’évolution du disque durant les soixante-dix minutes d’écoutes.
Car oui, «
Erotomechaniks » est à entendre, de préférence, d’une traite, l’album se construisant au fur et à mesure que le disque s’écoute. Si «
That Which Remains » se qualifiait par sa variété d’ambiance, «
Erotomechaniks » joue la carte d’une recherche unilatérale et cyclique qui semble ne jamais se finir. Nanti d’une présence plus insaisissable, mais qui n’enlève rien à sa froideur lugubre, Coph’Nia revient à ce qu’il sait faire de mieux. Enlever les artifices vocaux inutiles sur ce projet permet à Aldenon Saterial de reprendre en main son bébé et de retrouver cette ambiance de déliquescence atmosphérique reléguée au second rang sur le trop théâtral «
Shape Shifter ».
Résultat, ce disque ne permet certes pas de connaître en profondeur le travail de
Mindspawn (ceci reste une collaboration), par contre, l’impulsion donnée à l’ensemble du disque en fait une petite perle à tous ceux voulant prendre de l’avance sur l’hiver. Et même si «
Erotomechaniks » ne dépasse pas la charge maladive de «
That Which Remains », décidément insurpassable, ce disque contient toutes les qualités faisant que le dark-ambiant est le médiateur direct de l’hallucination.
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