Esperar Eternity

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18/20
Nom du groupe Lyan
Nom de l'album Esperar Eternity
Type Split
Date de parution 07 Fevrier 2011
Style MusicalPost-Rock
Membres possèdant cet album4

Tracklist

LYAN
1. Toi Cho Doi 03:17
2. Cotton House 06:40
3. Childhood's Seasons 07:40
4. When I Was a Little Child 07:48
5. Lulled to Eternity 04:49
BLIEN VESNE
6. La Cara Y el Suelo 04:45
7. Sanar 07:52
8. Rendir 10:40
9. Esperar 02:48
Total playing time 56:19

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Lyan

Blien Vesne


Chronique @ Mr4444

25 Octobre 2013

Ce split entre Lyan et Blien Vesne est une invitation et la repousser serait d'une stupidité absolue

La main tendue, on attrape ce brin d'herbe qui dépasse. La terre est fraîche, encore humide d'une pluie brève tombée il y a peu. Se rafraîchir l'âme dans un courant d'air glacé, s'apaiser de la pression du monde, se nourrir d'un univers banal. La nature peut reprendre le pouvoir pour au moins quelques instants. Combattre notre peine par des ondes de bonheur, notre inquiétude par des instants de douceur.

On dit souvent que "la musique adoucit les mœurs". Dans le cas présent, elle réconcilie l'âme en torpeur, l'inconscient dans sa chaleur. La simple sensation de se retrouver hors du monde, beaucoup trop loin pour associer cet environnement onirique. Un souffle musical, un brin de vent qui s'adresse à nous, en silence, en délicatesse pour mieux nous happer dans sa contrée sauvage où la verdure à encore les pleins pouvoirs.

Apathia Records fut monstrueusement inspiré le jour où ils ont décidé de se pencher sur Lyan et Blien Vesne, deux porteurs de sensations différentes se rejoignant sous la barrière lyrique du Post-Rock. Une association de talents pour un disque : « Esperar Eternity ». Notre voyage commence à Lyon, avec le duo Lyan. Un Post-Rock ambiant, fleurant vers le Shoegaze, dominé par des nuances électroniques où se couple un chant céleste.

« Tôi Chò Doi » nous ouvre les portes d'un monde où reigne la quiétude et la beauté. Trio piano-percussion-violoncelle, l'atmosphère y est relaxante, bercée par ce qui semble être un didgeridoo suppléé par une rythmique trip-hop somptueuse. Lyan ne force jamais le passage, préférant des atmosphères épurées à une grandiloquence trop inutile.

Les Lyonnais ne sont donc pour ainsi dire jamais agressifs dans leur musique, à dominante apaisante, sur un ensemble souvent simple mené d'une batterie, d'une basse et essentiellement d'un clavier. Si l'ambiance n'est pas non plus d'une originalité débordante, elle est rassurante et délicate. Nous n'en demandons pas plus.

Les lignes de chant sont empruntées de lyrisme et d'émotions, probablement inspiré de la douceur du chant de Jónsi (Sigur Rós). C'est d'ailleurs à découvrir sur l'onirisme de « Cotton House », entre ambiant et mécanique, ambiance lunaire et feutrée. De l'autre côté, nous retrouvons davantage une composition Post-Rock traditionnelle avec « Lulled to Eternity », atmosphère plus orientale, guitare plus présente, percussions délicates et des lignes de chants féminins somptueuse ...

La nature prend davantage de pouvoir sur les lignes de vocales incantatoires de « Childhood's Seasons » et « When I Was a Little Child ». C'est mélancolique, c'est triste, c'est calme ... C'est beau. Aussi fragile qu'une goutte d'eau sur des lèvres, le piano fait son effet sur la première nommée, autant que l'apport tragique d'une contrebasse somptueuse. Tout est plus posé, sensible... Ce chant féminin apporte une âme supplémentaire. C'est long à se dessiner, nous poussant à fermer les yeux, à ne plus penser à ce qui nous entoure. Sur la seconde, l'ambiance débute sur une berceuse pour enfants ponctués d'une sensation dramatique et pesante. Le chant reprend ses droits, l'ambiance évolutive du morceau nous emmènera aux confins d'une composition plus progressive et torturée que jamais. Peut-être plus déconcertant que les titres précédents...

Mais Lyan dépose les instruments, la nature reculant finalement, nous laissant emprisonner dans notre monde de béton et de peine. Mais le voyage n'est pas encore terminé. Blien Vesne arrive. L'Argentine vient à nous, nous proposant une atmosphère différente, bien plus proche des ambiances électriques allant aussi bien du côté des instants éthérés de Godspeed You! Black Emperor. Et bien au-delà, encore... La musique du groupe Argentin est bien plus directe que celle du duo lyonnais, plus proche d'un Post-Rock traditionnel, harmonies des cordes et régulières montées en puissance au programme.

« La Cara y el Suelo » fait office d'introduction. Atmosphère reposante, piano, contrebasse et sample vocaux... Une douce guitare bercera la mélodie ambiante, minimalisme épuré qui amènera parfaitement le titre suivant, « Sanar ». Ça démarrera fort, saturation mélodique, effet Shoegaze immédiatement reconnaissable, batterie sourde, mais ça s'arrêtera vite. Blien Vesne rentrera dans le rang, dans une atmosphère Post-Rock plus traditionnelle, entre des apports mélodiques de violon et des arpèges de guitares parfaitement détendus. La force mise dans l'émotion est épatante, même les remontées en puissance seront bien construites, si bien qu'on puisse se poser la légitime question concernant la capacité du groupe à s'extraire de la grande mouvance "classique" de ce type de musique. Car la beauté ne fait pas forcément tout dans le Post-Rock aujourd'hui ...

Dans une veine plus progressive, le groupe continu dans ses suites de titres se suivant sans interruption avec « Rendir », longue de 11 minutes (14 en prenant en compte « Esperar »). Blien Vesne ne se précipite pas, laissant son atmosphère grandir très lentement. Les couches mélodiques montent progressivement, ne s'étouffe pas, préférant de loin nous bercer. Quelques voix sortent du silence, apposant un grain très ambiant, proche cette fois-ci de Duncan Attwood (Blueneck). Néanmoins, les montées sont parfois beaucoup trop longues... Ne supprimant en rien la beauté intérieure de ce morceau, les raccourcir aurait pu être plus judicieux, d'autant plus que l'explosion sonore finale ne sera pas aussi puissante que nous auront pu l'espérer, nous laissant toutefois le soin de nous offrir une rythmique hypnotique de beauté sur le court épilogue « Esperar ».

Plus aucun bruit après ça. Rester au calme peut faire tellement de bien. La main tendue, on attrape ce brin d'herbe qui dépasse, soupirant de la beauté éphémère des choses d'aujourd'hui. Ce split entre Lyan et Blien Vesne est une invitation. La repousser serait d'une stupidité absolue. Les deux groupes se transcendent et dans une époque où la musique se jette comme un vulgaire papier, il serait malvenu de ne pas prendre le temps de respirer. L'éternité comme seul chemin, des marques sur nos âmes pour témoigner du temps qui passe. Un temps qui n'a pas d'emprise sur un disque comme celui-là.

Le calme peut faire tellement de bien ...

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