Après leurs deux premiers album sortis en 1965, les
Byrds sont déjà hissés au rang de super-stars de la vague folk rock américaine, seule réponse viable à l’époque à l’invasion britannique dirigée par les Beatles. En 1966, l’effervescence psychédélique va exploser des deux côtés de l’Atlantique, et les
Byrds, sans s’y engouffrer, vont y participer avec leur 3ème album,
Fifth Dimension. Si cet album marque un tournant aux consonances acides, il permet surtout au groupe de hausser la qualité de ses compositions et de sortir des ballades folk/pop sympathiques mais peu ambitieuses.
Pourtant, le début ne laisse rien présager de tel, 5D est un folk rêveur dans la lignée de
Turn! Turn! Turn!, tandis que le plus pop rock Mr. Spaceman fait plus penser à la musique des 4 premiers albums des Beatles, ce qui n'enlève rien au plaisir d'écoute. Comme dans les albums précédents, les
Byrds empruntent quelques titres à la tradition américaine, ici ce sont les magnifiques
White Mountain Thyme et John Riley. I Come and Stand at Every Door, dont la mélodie est également empruntée à une chanson traditionnelle, tire ses textes d’un poème, et est probablement l’un des morceaux les plus déchirants jamais joués par le groupe, les textes parlent d’un enfant mort pendant le bombardement d’Hiroshima, d’une manière bouleversante et tragique, tandis que la musique, sombre et mélancolique, en est le parfait complément. Signalons aussi la présence d’un grand classique, Hey Joe, joué ici sous une forme pop rock percutante, avant qu’Hendrix ne la joue plus bluesy l’année suivante. S’il n’y avait eu que ces titres là,
Fifth Dimension aurait été l’un des meilleurs albums folk rock du groupe, mais sans pour autant être un vrai must, et c’est là qu’interviennent les deux titres mythiques I See You et Eight Miles High, symboles du virage psyché. Le premier mêle ambiance acide à un feeling jazz fusion extraordinaire, tandis que le deuxième, plus rock, n’en est pas moins rêveur, avec un solo de guitare tortueux et envoûtant, du grand art.
En 1966, les
Byrds signent donc un coup quasiment parfait. Loin d’abandonner leurs belles inspirations folk, ils entrent sans trop d’artifice dans l’ère psychédélique et composent deux titres incontournables du genre. Ce mélange de belles mélodies tranquilles et d’atmosphère acide et moderne place ainsi
Fifth Dimension parmi les meilleurs albums des
Byrds, et leur garantit déjà une place parmi les légendes des années 60, et ce n’est pas fini.
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