Le 5 septembre 1978 sort "Skynyrd's First and...Last". Soit moins d’un an après l’accident d’avion. Et ce que tout le monde prend pour une compilation à but lucratif se révéle être tout autre chose...
Rick Medlocke, élevé par ses grands parents et dont le grand père,
Shorty, était un musicien reconnu du Delta Blues, commença sa carrière sur scène à trois ans lorsque celui-ci lui appris à jouer d’un mini Banjo. Rick n’aura de cesse de s’améliorer et d’apprendre à jouer d’autres instruments (batterie, guitare, piano, etc). Il grandira en compagnie des futurs membres de
Lynyrd Skynyrd et à la fin de ses études, il forme
Blackfoot avec Greg Walker en 1969. Après avoir voulu conquérir New York (entre autres) avec sa musique et voyant que le succès n’est pas au rendez vous, il recontacte Ronnie
Van Zant afin de voir si celui-ci n’a pas quelque chose à lui proposer. Lorsque Larry Jungstrom (basse) quitte le groupe à la fin de l’année 1970, Greg Walker (basse) et Rick Medlocke (batterie) font alors une remarquable entrée en scène dans
Lynyrd Skynyrd. Medlocke (qui partira reformer
Blackfoot en 1971 avec son compére Walker) tient une place prépondérante sur cet opus puisque crédité sur pas moins de 3 titres dont deux composés et chantés par lui seul, «White Dove» et «The Seasons». Mais lassé d’avoir à jouer de temps en temps aux cotés de Bob Burns (l’autre batteur) comme il se fait chez les Allman Brothers, il reprend donc la guitare et quitte le groupe.
Comme l’indique si bien le nom de la réédition («Skynyrd's First: The Complete Muscle Shoals»), cet opus a été enregistré aux... Muscle Shoals Sound Studio.
Le groupe avec seulement une poignée de démos issues d’un enregistrement aux Quinvy studios, à Sheffield en
Alabama investit ce studio avec l’envie de tout casser.
Dés «Down South Jukin’», le ton est donné. On va s’orienter vers une musique où les guitares auront la part belle. On est ici dans quelque chose de plus direct et de plus simple que dans les productions futures.
Van Zant et compagnie, mais surtout
Van Zant n’ont pas encore pleinement assimilé toutes leurs influences afin de les mélanger pour nous sortir ce Rock Sudiste qui fera la renommée du groupe.
Chose surprenante, on retrouve sur ce «Down South Jukin’» des chœurs très présents, tout comme sur l’excellent morceau qu’est «Was It Right or Wrong». Les premiers opus de
Lynyrd Skynyrd en seront moins fournis ou plutôt ceux ci seront plus discrets, jusqu’à l’apparition officielle des Honkettes.
Le groupe nous prouve d’ailleurs avec cet album que les titres plutôt acoustiques et calmes deviendront prépondérants avec un «Coming Home», un «White Dove» ou un «The Seasons» très émouvants. On peut aisément extrapoler que ces morceaux sont annonciateurs des futurs hits du groupe comme «Freebird» ou «Simple
Man» pour ne citer qu’eux, les soli interminables et jouissifs en moins.
«White Dove» est l’un des titres chanté par Rick Medlocke (Comme «The Seasons»). Sa voix a un rendu assez exceptionnel sur celui-ci, très aérien et donc très éloigné de ce que donne son chant dans
Blackfoot. Ce morceau assez court (moins de trois minutes), accompagné simplement d’une guitare acoustique et d’une basse très présente fait partie des chefs d’oeuvres de cet opus et aurait mérité une place plus grande dans l’histoire du groupe. Mais on peut supposer que
Van Zant, n’aurait pas pu chanter ce titre avec autant d’émotions..."The Seasons" est du même tonneau, avec des chœurs très discrets et une rythmique acoustique du plus bel effet. Pour «The Seasons», malgré le fait qu'on ne puisse enlever un certain charme et un bel effort de composition à ce morceau, on lorgne quand même un peu trop vers
Bob Dylan ou
Paul Simon (l’album «Bridge Over troubled Water de 1970) ou tous ces artistes qui ont fait la gloire de Greenwitch Village dans les années 1960.
«Lend of Helping Land", placé en milieu d’album est un parfait résumé de l’avenir du groupe de Jacksonville, avec les prémices de ces duels de guitares en fin de titre ou de ces harmonies reconnaissables entre toutes. Tout comme la montée vers le solo sur «Coming Home".
Le seul titre dont on aurait pu se passer est «Wino». Ce morceau, même si il n’est pas mauvais reste bien éloigné du reste, lorgnant plus vers un Hard Rock naissant comme on en trouvait en Angleterre ou dans une moindre mesure aux Etats Unis. On n’y retrouve pas la folie guitaristique qui caractérisera le groupe hormis un simili solo à la fin du titre et un passage à la Wah Wah au milieu. Même la voix y est plus agressive que sur le reste des titres.
On remarquera sur cet album que la basse y est beaucoup mise en avant («White Dove», «The Seasons») et que le piano est totalement absent de la musique du groupe. Bill Powell, le futur tenancier du poste de claviériste n’arrivera qu’en 1973. Road du groupe depuis 1971, c’est pendant un soundcheck durant lequel il prendra le piano pour passer le temps que Ronnie
Van Zant lui proposera un poste dans
Lynyrd Skynyrd. Powell venant de lui jouer l’intro de Freebird...
Skynyrd's First: The Complete Muscle Shoals», la réédition sortie en 1998 comporte une tripotée de bonus (8 titres en plus) dont des versions originales de titres réenregistrés pour les albums futur du groupe («Freebird» ou «Simple
Man», par exemple). On peut donc aisément dire que cet opus n’est donc absolument pas une compilation, mais un véritable premier album sorti avec 7 ans de retard. Comme l’a si bien fait remarqué Gary Rossington, «Skynyrd's First and...Last contient certains des plus beaux titres du groupe». Dieu seul sait ce qui serait arrivé de leur carrière s’il avait vraiment vu le jour avant Pronounced 'L?h-'nérd '
Skin-'nérd...
Car Bien qu'il ait été enregistré en 1971, ce n'est pas seulement une relique pour les fans, mais tout simplement l’un des meilleurs albums jamais réalisés par
Lynyrd Skynyrd.
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