Liste des groupes Post-Rock Anatheme Fūjon

Nous avions déjà parlé d’Anathème il y a deux ans et de leur magnifique EP « Kodama-San ». Il y avait beaucoup de beauté, de calme, mais il manquait une petite touche de folie, quelque chose poussant à se laisser définitivement aller dans les ramages du Post-Rock le plus pur. Deux ans plus tard, les Nancéiens remettent le couvert. Si la formation de base reste inchangée, le groupe a la bonne idée d’accueillir en son sein un membre supplémentaire, un guitariste. Dorénavant à deux guitares, « Fujon » va peut-être franchir ce cap, celui de pousser ses compositions à une complexité plus fournie…

Tout comme la pochette offre une continuité avec « Kodama-San », « Ruine » démarre dans la plus pure douceur. Quelques bruits épars, un souffle de vent un peu saturé, les guitares sont lentes, étirées, à la manière de Sigur Ros. Le démarrage est exceptionnellement calme, formant une boucle d’arpège mélodique et mélancolique. Douce, ambiante et chaleureuse, mais possédant toutefois une aura mélancolique palpable, nous sommes prêt pour la suite. « AgCat/v0 » démarre pourtant en trombe. Très saturé, la batterie claque autour d’un amas de guitare lourde se calmant finalement rapidement pour nous offrir ces moments de douceur si cher au groupe. Les guitares se complètent très bien, fournissant une nappe mélodique intéressante, toujours bercé par une basse très bien mise en avant. Quand la mélodie s’envole à nouveau, c’est pour nous offrir un ensemble de riff très aigu, enivrant, possédant même quelque chose de joyeux.

« Baisers de Glasgow », dans son démarrage magnifiquement aérien soulignent la volonté du groupe de développer un peu plus encore son aspect Math-Rock, que le duo de guitares lui permet de travailler plus efficacement. Les éclats mélodiques dansants et la basse grondante offrent un tourbillon de sensation calmé par l’apparition de quelques chœurs masculins. Les phases les plus minimalistes se voient appuyées par des boucles musicales intelligemment mises en place et par quelques chœurs féminins, presque angéliques, poussant la musique à se calmer, à s’intensifier de nouveau pour mieux repartir de l’avant.

Des réminiscences de « Kodama-San » se ressentent sur la longue introduction de « Ohka », rappelant la longue progression de « Entendre les Falaises ». Ces mêmes notes de douceurs, toute cette progression très lente, voyant chaque instrument prendre de plus en plus d’importance, le tout dans une douceur et une mélodie extrême… Petit à petit, de nouvelles sonorités, plus légères et rapides, se mettent en place offrant un aspect pop et vif très agréables. Nous retrouverons ces aspects sur « U Govna ! », quelques petites cloches enfantines en trame de fond, toujours ces progressions crescendos, ce côté pop/post/atmo très touchant…

Digne successeur de « Kodama-San », « Fujon » s’inscrit dans la droite lignée de l’EP précédent, conservant les meilleurs aspects et se servant de leur nouvelle force harmonique. Toujours autant soigné, Anathème monte peu à peu en puissance, s’asseyant encore de plus en plus fermement parmi les grands du Post-Rock français. Il ne reste qu’à le confirmer sur un album longue durée, maintenant.