Unique album de Jeff Bucley décédé 3 ans après sa sortie,
Grace fait parti de ces perles qui hissent un artiste au rang des légendes. Évidemment, sa mort a alimenté le mystère qui entoure la disparition de grands artistes partis très jeunes et certains pensent que ce succès est mérité, alors que d'autres diront que son décès a permis de faire de l'artiste une star.
Personnellement, j'ai découvert cet album par hasard il y a 13 ans au détour de promotions intéressantes dans le supermarché du coin.
Arrivée à la maison, quelle fut ma surprise en écoutant cette musique. Il m'a fallut du temps pour apprécier grandement cet album mais je n'arrête pas de me dire depuis ce jour que le hasard a bien fait les choses.
Grace est bien plus qu'un album rock et se démarque réellement de tout ce qui sortait dans les années 90. Le grunge cassait la baraque avec
Nirvana, l'alternatif était très présent avec les
Red Hot ou Les Smashing Punpkings,
Radiohead commençaient à faire parler d'eux, on cherchait à exprimer sa rage, son côté sombre et/ou tortueux, on faisait du rentre dedans comme le rock aime si bien le faire. Tandis que cette énergie s'exprimait,
Jeff Buckley nous offrait une musique tout autre. Si je n'avais pas eu la date de parution de l'album sous les yeux, je n'aurais pas su réellement prédire quand il été sorti car je le trouve intemporel. Pas de mode dans cet album, juste un style unique, un investissement personnel et une sensibilité bien particulière.
Jeff Buckley respire le blues, le groove et le folk ; la basse s'exprime merveilleusement bien sur beaucoup de titres et 'Eternel Life' ne cesse de m'interpeller à chaque écoute. Si la voix de Jeff s'exprime avec plus de hargne, elle est cependant toujours chargée d'émotion. Sur la majorité des morceaux, elle est d'une fragilité telle qu'on pourrait penser qu'elle est sur le point de se briser. 'Halleluya' (composé par
Leonard Cohen) est certainement la plus belle reprise qu'il m'ait été permis d'entendre et de savourer. Jamais cette chanson n'aura été si émouvante et quelle prouesse technique de sa part ! Comment décrire ces tenues à la fin du titre, lorsqu'il s'exprime sans jamais briser la note alors que nous avons l'impression qu'il se ballade sur un fil ? Sa façon de jouer avec les octaves, les tenues et les nuances...
Idem pour la reprise 'Corpus Christi Carol' (pièce de B. Britten) où la grâce est réellement exprimée vocalement. Beaucoup peuvent trouver que le rapprochement est trop facile mais comment mieux décrire cette interprétation ? Elle n'est que beauté, innocence et légèreté. Et même lorsqu'il corse un peu le chant, jamais il en devient agressif. Ses interprétations sont d'une beauté troublante.
Ce Rock teinté de blues avec 'Lilac Wine', de folk dans le tendre 'Last Goodbye', se mêle souvent à la souffrance, au tragique et à la beauté. Nous passons par divers ressentis d'un titre à l'autre mais tous ont en commun cette douceur qui plane durant tout l'album. Peu importe que des guitares sèches ou électriques soient mise en avant, tout n'est que légèreté. La fragilité de
Jeff Buckley ne quittera jamais les morceaux et à mes yeux, c'est elle le fil conducteur de ce
Grace. Jeff était un homme qui savait se mettre à nue au travers de ses interprétations et de sa musique, il avait cette fragilité qu'il parvenait à garder aussi bien dans les titres émouvants, les ballades que les morceaux un peu plus rock. Alors non, on ne défonce par les murs et ce n'est pas le but de cet album qui va au delà de ce que tous les autres groupes ont pu faire. Peut-être ma culture est-elle limitée (sans doute même), mais je ne connais aucun rockeur qui a su retranscrire une telle émotion et une telle douceur dans sa musique. Le faire dans quelques titres, c'est possible mais avoir cette particularité dans la voix, de la garder dans tous les morceaux et de composer une musique qui se lie à merveille avec elle, c'est assez rarissime. Parvenir à créer un album rock dans lequel on se sent décoller et planer dans chaque titre, c'est exceptionnel.
Jeff Buckley était comme habité durant ses interprétations et voir un chanteur vivre à ce point sa musique touche forcément les plus sensibles.
Les instruments intégrés aux morceaux, que se soit les orgues, l'harmonium, le tympanon apportent encore cette singularité et cette fragilité que notre artiste à voulu accentuer grâce à leur utilisation de manière très mesurée, et rarement joué au delà du mezzo piano. Des morceaux tel que 'Eternal Life' n'ont rien d'agressif et même s'ils sont plus rock, leur interprétation n'en reste pas moins émouvante.
Ce
Grace a révélé au monde un très grand artiste habité par une sensibilité bien particulière et qui se ressent dans chaque syllabe. Sa voix, sa plus grande richesse lui aura permis d'exprimer tout ce qu'il avait en lui de manière la plus touchante qui soit. Je pense que sans cette voix,
Grace m'aurait beaucoup moins touché car elle apporte un véritable plus aux morceaux, interprétés avec soin et modestie.
Jeff Buckley est devenu une légende grâce à cet album, son unique œuvre et je fais parti de ces personnes qui portent son nom très haut afin de partager son art qui pour ma part, me suivra encore très longtemps...
rien a jeter!!!
un album a emmener dans ca tombe
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