Pour son troisième opus,
Foreigner voit son line-up modifié pour la première fois, Rick Wills prenant la place d’Ed Gagliardi à la basse. Autre changement et pas des moindres, le groupe n’apparait plus sur la pochette de ce "
Head Games", laissant la place à une jeune fille (l’actrice Lisanne Falk) ne cachant pas son inquiétude dans les toilettes des hommes. Voilà qui ne manquera pas de déclencher une polémique auprès des esprits bien-pensants de la prude Amérique. Heureusement,
Foreigner n’a pas besoin de ça pour faire parler de lui, ses deux précédents opus s’étant déjà vendus massivement. Et il est évident que c’est la même chose qui attend cette nouvelle livraison qui affirme sa virilité.
En effet, en dehors de sa jaquette, "
Head Games" est également l’occasion pour Jones et sa bande de muscler encore un peu plus leur musique. Les éléments folk-rock qui étaient déjà en recul sur "
Double Vision", ne sont plus ici présents que sur le seul "Do What You Like". Ce dernier étant l’un des titres les plus faibles de l’album, il n’y aura pas grand monde pour s’en plaindre, d’autant que le reste est d’un niveau qui continue de s’élever. Portés par un Lou Gramm qui prend de plus en plus d’envergure, et par les mélodies imparables de Mick Jones, ce "
Head Games" voit l’identité de
Foreigner s’affirmer. Les claviers prennent un peu plus d’importance sur quelques pépites d’un AOR jamais mièvre aux refrains renforcés par des chœurs de plus en plus typiques ("
Love on the Telephone", "Rev On The
Red Line"). Le titre éponyme est d’ailleurs un nouvel hymne du genre absolument incontournable.
Foreigner n’oublie pas non plus que même s’il est FM, son Rock est avant tout Hard ! L’introductif "
Dirty White Boy", même s’il est un léger cran en-dessous de "
Hot Blooded" n’en est pas moins son digne successeur et ne manquera pas de squatter les ondes radiophoniques à son tour. D’autre part, si "
Women" ne dépasse pas le niveau d’un bon Rock US avec ses désormais classiques paroles un brin machos, "Seventeen" est quant à lui bien plus cinglant et efficace. Enfin, bien que plus FM, "I’ll Get Even With You" n’en est pas moins accrocheur. Dommage que Mick Jones s’escrime à vouloir chanter sur un "The Modern Day" qui n’apporte rien, et que la ballade "Blinded By Science" soit trop pleine de bons sentiments malgré la démonstration de maitrise de Gramm. Sans cela, nous n’étions pas loin d’un album frôlant la perfection.
Il n’empêche que
Foreigner frappe un grand coup et qu’il s’impose définitivement comme le leader incontestable de l’Aor aux côtés de
Journey. En 3 albums, Jones et Gramm ont installé leur groupe sur les sommets du Rock tout en en créant une nouvelle branche, et si ses deux prédécesseurs étaient déjà incontournables, "
Head Games" confirme la montée en puissance de ses auteurs.
P.S : A noter la réédition de 2002 qui, si elle permet de dépoussiérer le son des 10 titres originaux, nous offre un "Zalia" en bonus absolument lénifiant et à la production calamiteuse.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire