Hex Enduction Hour

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16/20
Nom du groupe The Fall
Nom de l'album Hex Enduction Hour
Type Album
Date de parution 1982
Style MusicalPost-punk
Membres possèdant cet album2

Tracklist

Side A
1. The Classical
2. Jawbone and the Air-Rifle
3. Hip Priest
4. Fortress / Deer Park
5. Mere Pseud Mag. Ed.
6. Winter (Hostel-Maxi)
Side B
1. Winter 2
2. Just Step S'ways
3. Who Makes the Nazis?
4. Iceland
5. And This Day

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The Fall


Chronique @ DHT06

04 Décembre 2017

Très bon mais ne va pas jusqu’au coup de cœur

Certains groupes ne s’y destinaient sans doute pas à leurs débuts, mais vient un moment où ils prennent pleinement conscience de leur place dans la continuité de l’histoire du rock et du public de plus en plus élargi que le rock a pu convaincre à force de persévérance et de volonté sincère d’évoluer. Là, il n’est plus seulement question de post-punk, il est question, plus généralement, de musique. On reconnaît The Stranglers, comme on reconnaît The Fall.
Le problème, c’est d’arriver à maintenir ce degré de conscience pendant tout un album. On ne va pas s’enthousiasmer pour un titre comme « Hip Priest », lent, hésitant, criard, irrégulier, sous prétexte qu’il sonne expérimental ou nul ne sait quoi d’autre.
Par contre, le déchaînement permanent de la section rythmique sur « The Classical », qui n’est pas sans évoquer celui d’ « Atrocity Exhibition » de Joy Division en plus optimiste, ainsi que la richesse des variations rythmiques et mélodiques que nous livre « Jawbone and the Air-Rifle », avec des réminiscences qui convoquent d’autres scènes rock du passé, voilà qui donne envie de prolonger l’écoute.

Quand « Fortress / Deer Park » s’attache à respecter ce registre brûlant comme le travail d’un cracheur de feu, on a tout autant envie d’oublier la faiblesse passagère de « Hip Priest », pour se dire que « Hex Enduction Hour » a encore ses chances de rester sur une lancée agressive qui rappellerait celle de « Never Mind the Bollocks » des Sex Pistols, rien de moins.
Même « Mere Pseud Mag. Ed » veut aller dans ce sens, voire beaucoup plus loin, avec davantage d’aplomb, puisque la dissonance y est telle que les instruments semblent désaccordés, ce qui ne les empêche pas de jouer ensemble avec véhémence, de hurler, de tout démolir sur leur passage, occasion pour Mark E. Smith d’exceller dans son talent de crieur de rue.

La suspicion revient toujours au galop quand on nous inflige une introduction aussi foireuse que celle de « Winter (Hostel-Maxi) ». La coupure entre les deux parties du développement de ce thème n’était pas nécessaire non plus, problème de conception, en somme, comme de finalisation. Car cette manière d’asséner la mélodie, toujours enrichie, avec la régularité des gestes et mouvements d’un creuseur de tombe, finit par constituer un socle également à la hauteur de cette manière résolument déjantée qu’a Mark E. Smith de s’affirmer en permanence entre la parole, le cri et le chant, tel l’éternel manifestant de toutes les causes perdues.
Bien que plus sobre et plus dépouillé que les titres précédents, « Just Step S'ways » ne perd rien de l’impulsion coléreuse qui lui a été transmise, jusqu’à un « Who Makes the Nazis » qui présente l’intérêt de rapprocher le rock d’une inspiration plus traditionnelle, plus ancestrale (la découverte de l’Islande par le groupe y est certainement pour beaucoup). Dans la foulée, l’atemporel « Iceland » appuie totalement cette analyse, sans conteste le morceau de l’album qui révèle le mieux les vertus hypnotiques du potentiel instrumental de la formation.

Sur ce, « And This Day » surgit, déboule, casse l’ambiance sans être franchement chaotique pour autant. Il ne manque que les pétards et le poil à gratter. On aimerait se dire que le groupe sait ce qu’il fait, et on s’accroche à cette idée, mais un doute subsiste jusqu’au dernier moment. Non que ce doute, en soi, concerne la détermination des musiciens à se porter garants de leur propre délire (c’est une certitude), délire qui accuse quand même un certain retard après ceux du Velvet Underground et de la musique psychédélique en général. Le doute résulte plutôt, en fait, de la viabilité limitée de tout ce cirque hors d’une idiosyncrasie anti-commerciale revendiquée en permanence, attitude que ne contredisent pas la Peel Session ou les titres bonus.
Il ne s’agit quand même pas là du premier essai de The Fall, à qui la culture pop de la guitariste Brix Smith, par la suite, fera le plus grand bien pendant quelques opus. Au-delà, la longévité extraordinaire de ce groupe s’expliquera en grande partie par son public, un public relativement sectaire (il faut bien le dire), étrange en tout cas. Verdict : « Hex Enduction Hour » est très bon mais ne va pas jusqu’au coup de cœur. Aucun disque de The Fall n’y va, d’ailleurs. Ce n’est pas leur vocation, absence de vocation qu’il faudra bien qu’ils assument jusqu’au bout, eux ainsi que leurs supporters.

D. H. T.

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