« La première fois que j’ai vu
Bon Scott, c’était dans une émission de télé australienne, quelque chose à propos d’un artiste pop qui lui avait piqué l’une de ses chansons, et le journaliste l’interviewait de manière complètement condescendante, pensant qu’il n’était qu’un rockeur à la con. Mais tout d’un coup Bon s’est mit à crier « Putain de chatte ! » et traversa le studio en sautant avant de plonger sur le chanteur pop. Je me suis dit : ‘’Hmm, y’a de l’animation ‘’. »
Angus Young.
Bon Scott, « déséquilibré social » selon l’armée dont il a été refoulé 5 années de suite, le meilleur batteur des moins de 17 ans, hippie accompagné d’un serpent apprivoisé autour de son coup,… Oui,
Bon Scott peut être décrit comme un déséquilibré social, immigrant écossais vulgaire au caractère bien trempé. Mais nul ne peut nier à quel point cet homme fut l’élément dont
AC-DC manquait pour s’élever tel une icône du Rock, et peut on dire, de la musique.
Malcom et Angus Young, deux frères écossais qui rêvaient ce que tous les gosses ont tous déjà souhaité : devenir Rock Star. Idée incrustée depuis l’immense succès national des Easybeats dont faisait partie George, l’aîné des frères Young. Travaillant dans une fabrique de soutiens-gorge, Malcom décide de prendre le taureau par les cornes et de former un groupe pour « aller en Angleterre » comme il le dit si bien. Il embaucha de ce pas son frère, Dave Evans au chant, Larry Van Kriedt à la basse et Colin Burgess, au poste de batteur et le bassiste sera vite changé pour laisser place à Phil Rudd et Mark Evans. Après 6 mois et de multiples concerts, Dave Evans est remercié et remplacé par
Bon Scott, et c’est là que tout a changé…
1975,
High Voltage sort en Australie et est un véritable succès, enregistré en 10 jours, l’album monte au top 10 national. T.N.T sort à quelques mois d’intervalle et devient aussi à son tour un grand classique bourré d’hymnes. En 1976, les pauvres Américains et Européens épargnés par cette musique électrique ne le seront plus pour très longtemps, la compilation
High Voltage sort, regroupant des chansons des 2 premiers albums.
La conquête du monde peut commencer…
Bon d’abord, quel est la différence avec les albums studios sortis en Australie et dont cet opus puise les chansons ? Et bien il faut savoir que les chansons «
High Voltage » et « It’s a Long Way to the Top (If You Wanna Rock ‘N’ Roll) » sont plus courtes de 10 secondes (c’est pas énorme mais c’est toujours bon à préciser). Alors nous avons droit à 2 chansons de
High Voltage et 7 de
T.N.T., sachant que la pochette de
High Voltage sortie en Australie est différente que celle de la compilation sortie dans le monde (et premièrement en France), nous montrant Angus Young grimaçant et se fessant, frappé par la foudre. Et tout est dit sur la pochette car oui, cet album est on ne peut plus électrique.
Après
Jimi Hendrix qui a révolutionné l’utilisation de la guitare ainsi que son fonctionnement, après Tony Iommi qui aura surpris tout le monde par cette lourdeur caractéristique de son jeu, nous avons droit à Angus Young qui, affublé de son uniforme d’écolier, nous propose un jeu de guitare d’une facilité déconcertante lors des riffs principaux pour ensuite parcourir un chemin dont lui seul connait la direction lors de ses soli électriques. Bref, l’illustration des trois accords montrés par le fanzine anglais Sideburns sur la musique Punk en 1976 où est marqué cette phrase légendaire : « Voilà un accord, en voilà un autre, en voilà un troisième. Maintenant formez un groupe » peut être considérée comme la marque de fabrique d‘
AC-DC. Sans oubliez qu’à Londres, le groupe était surnommé le « groupe Punk des antipodes ».
Mais voilà,
AC-DC est au-dessus de tous ses mouvements musicaux. La bande à Bon Sott, c’est du putain de Rock N’ Roll teinté bluesy, loin des expérimentations de
Led Zeppelin ou du psychédélisme de
Pink Floyd. Les lyrics sont là pour nous le montrer, Sex, Drugs And Rock N’ Roll (n’est-ce pas la philosophie de tout bon rockeur qui se respecte ?).
Et évidemment les titres sont là pour nous montrer l’état d’esprit des Australiens à cette époque, le meilleur exemple est « The Jack ». Un riff bien blues où
Bon Scott nous démontre avec perfection que sa voix est unique, un véritable transmetteur d’émotions, mais le plus amusant restera véritablement les paroles, traitant des maladies vénériennes, très présentes connaissant leur vie mouvementée dans un quartier chaud de Melbourne, le médecin leur offrant en toute sympathie des tarifs de groupe.
Mais le titre ultime de cet album est sans équivoque : « It’s a Long Way to the Top (If You Wanna Rock ’N’ Roll) ». Débutant sur un riff d’anthologie suivi ensuite par la batterie où se pose magnifiquement la voix, déboulant sur un refrain titanesque que tout le monde a au moins chanté une fois dans sa vie. Et c’est sans compter ces soli de cornemuses rappelant l’Ecosse natale du chanteur et des 2 guitaristes.
Et donc on pourra éclater de rire en lisant les titres très évocateurs de l’album tels que « She’s Got Balls » (Elle a des couilles !), et son refrain qui a sûrement dû perturber pas mal de femmes. Et comme une bombe,
AC-DC nous pond un morceau qui éclatera les ondes : T.N.T, où Angus nous concocte un riff imparable pour un solo qui ne l’est pas moins, et surtout ce refrain dantesque reprit par les fans. Car
AC-DC se veut surtout un véritable distributeur de refrains terrifiants tels que «
Live Wire », « Rock ‘N’ Roll Singer » (oui, comme vous pouvez le constater, on use et abuse du mot Rock N’ Roll) et « Little Lover » complètement planant avec un
Bon Scott beaucoup plus posé jouant ainsi énormément sur les émotions.
Le seul problème qui pourrait être attribué à cet album (qui n’est pourtant pas un problème en fin de compte), c’est sa faible distorsion qui pourrait rebuter certains fans avides de hard rock des 80’s tels Mötley Crüe ou
Van Halen (plutôt fin 70’s). Sinon, on pourra peut-être reprocher une trop grande homogénéité des morceaux à la première écoute, celle-ci s’estompant vite après quelques écoutes.
Mais en tous cas, l’album peut se targuer de finir comme il a commencé avec «
High Voltage », un titre on ne peut plus efficace avec ce riff ressemblant pourtant à la première piste (quand je vous dis qu’il finit comme il a commencé), et puis ce refrain toujours là où il faut pour ne jamais l’oublier.
AC-DC nous gratifie donc d’un premier superbe album malgré que cela soit une compilation des 2 premiers opus (ouais mais bon on leur pardonne, les 2 albums sont sortis à 6 mois d’intervalle), une révolution incroyable en matière de Rock, de Metal, et on peut le dire, de la musique à part entière. Un mythe est né, et va tout détruire sur son passage avec évidemment tous ces moments de bonheur et de malheur qui vont avec…
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