Sa belle voix de crooner, son timbre si unique, son éternel chapeau posé sur sa tête, sa barbe de trois jours, personnalité si attachante : inutile de dire que vous aurez reconnu
Charlie Winston. L'une des révélations de 2009 nous vient tout droit d'Angleterre (ce dont son look atypique qui lui va comme un gant ne peut tromper). Naît dans une famille de musiciens, il était évident que l'anglais se devait de suivre la même voie et ce fut chose faites avec son premier album auto-produit en 2007, « Make My Way ». S'en suit aussitôt une rencontre avec
Peter Gabriel. L'ex-
Genesis permettra ainsi à
Charlie de faire la première partie de quelques-uns de ses concerts. Un an plus tard, il fait la rencontre d'Atmosphériques et c'est chez eux que sera enregistré «
Hobo ».
Un
Hobo est une sorte de vagabond, impeccablement mis en scène par
Charlie Chaplin. Mais c'est également l'un de ces travailleurs américains des années 30. Mais c'est surtout la recherche d'un monde libre, un monde qui n'est pas régi par des codes, qui n'a pas de règles, qui ne se borne pas à vivre avec des contraintes...
Charlie Winston est un vagabond de la musique, nous embarquant dans un monde à part, autant folk que pop, autant mélancolique qu'heureux. Le tout produit par l'excellent Mark Plati (
David Bowie,
Alain Bashung,
The Cure,
Louise Attaque...).
Nul doute que les multiples singles de l'album ont déjà dû sauter à vos oreilles. Le titre d'ouverture «
In Your Hands » déjà. La basse groove et c'est incroyablement efficace, la batterie tape fort, c'est carrément entraînant. Lorsque le piano se met en marche, cette sensation de joie emplit peu à peu notre inconscient et quand
Charlie envoie la musique de plus en plus forte le long des multiples refrains, entre une guitare discrète, une trompette très présente, un harmonica léger et présent dans les bons moments. Et puis ça bouge de plus en plus quand
Charlie monte dans des aigus véritablement géniaux ! Pas le temps de vous rasseoir, « Like a
Hobo » démarre. Un petit côté country/folk sortira de cet ensemble. Introduit par des sifflements et une guitare acoustique parfaite, le titre débutera véritablement au refrain. Toujours ces mêmes instruments qui apporteront une pêche indéniable à l'auditeur. Comment résister à l'envie de vous prendre un chapeau et de sortir votre vieille guitare pour danser avec ? Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? « Kick the Bucket » et son démarrage à la beet-box, son groove presque parlé et sa guitare des plus présentes pour une indéniable envie de danser.
À de nombreuses reprises,
Charlie cultivera le goût du rythme entraînant qui fait mouche, celui qui vous rentrera en tête pour ne plus jamais en sortir. Comment ne pas nommer « I
Love Your Smile » ? Un début délicat, seul le chant et le piano sont à l'honneur. Mais au fur et à mesure, la musique se fait plus joyeuse, plus mouvementée, avec l'apparition de la batterie et de la trompette pour donner un rythme supplémentaire jusqu'au break piano-voix préparant d'office à l'explosion de joie qui s'en suivra, notamment sur la voix délirante de
Charlie, un vrai régal et un vrai plaisir. « Tongue Tied » et son rythme pressant de basse vous fera claquer des doigts. Et que dire des divers couplets en français qui ponctuent cette chanson ? Car oui,
Charlie nous gratifie d'un français so british mais véritablement sympathique. Et puis tient, tant qu'à faire, autant également prononcer quelques mots en espagnol ! Batterie, trompette et autres violon assureront le rythme. Un titre vraiment surprenant, qu'il convient d'écouter plusieurs fois pour en saisir le rythme. Dans un registre purement pop, « Generation Spent » se place. Entraînant, légère tendance rock et surtout un engagement profond d'un artiste sincère et profondément anticapitaliste. L'homme reste humble, simple et c'est évidemment ce qui fait son charme.
«
Hobo » contient aussi un nombre important de ballades et libre à vous de penser si c'est vraiment nécessaire ou non... Toujours est-il que vous ne pourrez pas enlever la classe et le talent de composition du trentenaire britannique. Dans un accès profond de mélancolie se place « Boxes », rien de plus que le chant délicat de
Charlie et un piano d'une pureté dont on ne peut douter. L'apparition de violon ne fait que renforcer cette grande tristesse. « My Life as a Duck » est l'une des meilleures pistes de cette galette, tous les instruments se partagent l'affiche, aussi bien une guitare entraînante, une batterie en retenue, des violons splendides, une basse bien ronflante, un piano magnifique... La montée progressive, tout en tristesse et en émotion est incroyablement poignante... Mais c'est surtout la guitare à la main que les ballades se dérouleront, bien que « Every Step » contienne encore quelques notes de piano, l'ambiance globale de ce titre fait bien plus penser à une chanson que l'on interprète autour d'un feu, un soir d'été.
« Calling Me » possède son charme également. La guitare acoustique y est belle, le chant de
Charlie reposant et montant dans certaines hauteurs. L'harmonica, instrument qui vous casse une oreille au tout premier essai, est ici parfaitement interprété, donnant des petits airs de longues routes américaines à ce titre. « Soundtrack to Falling in
Love » est à peu près du même acabit et c'est là que ça commence un peu à lasser... Très belle chanson, oui, mais finalement trop ressemblante aux autres. La voix féminine qui s'élève a tôt fait de rendre le tout finalement plus agréable. La montée en puissance de la fin (avec notamment les chœurs) est, elle, tout à fait splendide. Quant à « My Name »... Le chef-d’œuvre incontestable de ce disque, entre tristesse et angoisse, notamment avec ce bruit de fond assez perturbant sur l'intro, révèle un côté un tant soit peu épique qu'il vous faut obligatoirement écouter attentivement pour en repérer toutes les subtilités. Même un peu symphonique sur les bords...
L'homme est simple. Sa musique oscille entre plusieurs styles en faisant constamment mouche et le tout est très cohérent. Certains pourront reprocher les longueurs du milieu de l'album (avec notamment plusieurs ballades à la suite) mais tout cela reste très subjectif. On ne peut pas nier l'émotion, la joie et la tristesse mêlées que nous fait partager ce chanteur génial. Inutile d'espérer ne pas tomber sous le charme.
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