0 h 38 mn 27 s, film Point Break. Grommet, membre du gang des surfeurs braqueurs de banques que le jeune agent du FBI Johnny Utah vient d’infiltrer, narre une bouteille de Corona Extra à la main les sensations adrénaliniques que lui procurent la pratique du surf au cours d’un feu de camp nocturne sur une plage annexant le domicile du gourou hippie Bodhi. Seul
L.A. Guns pouvait prêter à cette scène et à ce film d’anthologie un titre à la hauteur de leur psychédélisme.
1991. Nouvelle décennie, nouvelle direction musicale pour les pistolets de Los Angeles en quête de rachat après un « Cocked and Loaded » certes bon, mais n’ayant pas confirmé l’homogénéité créative dont avait été félicité le groupe à la sortie du désormais culte «
L.A. Guns ». Exit aussi le look sleaze cuir et jean dégueulasses, Phil Lewis et ses potes sont entrés dans les années 90 en mode gothique, comme semble en témoigner entre autres le titre de l’album et les coupes de cheveux de Tracii Guns et de Mick Cripps dans le clip de «
Kiss my
Love Goodbye ». La pochette 3D de l’album annonce aussi la couleur, «
Hollywood Vampires » sera expérimental.
L’opus débute avec le mirifique « Over the Edge » et son intro de musique traditionnelle japonaise (Azuma Jishi), morceau envoûtant et psychédélique au sein duquel Phil Lewis décrit avec on ne peut plus d’entrain les effets de son amour pour les acides sur son psychisme… Ce titre qui apparait dans la bande originale du film Point Break (Kathryn Bigelow – 1991) s’avère donner un aperçu assez juste de la personnalité que revêt «
Hollywood Vampires ». Même si ce disque doit composer avec les traditionnels morceaux formatés pour la bande FM que sont « Some Lie for
Love » et «
Kiss my
Love Goodbye » s’avérant assez en deçà des autres titres de l’album, ce 3ème opus s’avère être néanmoins remarquable dans sa globalité. A l’instar du premier album éponyme des flingues de Los Angeles, «
Hollywood Vampires » possède la capacité à faire voyager son auditeur dans un univers que ce dernier souhaiterai ne jamais pouvoir quitter. Alors que «
L.A. Guns » était un voyage chaotique dans les bas fonds luxurieux des strip clubs de Sunset Boulevard ; le mystique «
Hollywood Vampires » emmène l’auditeur en Harley Davidson à travers les grandes routes de l’Ouest, vers la liberté ultime.
A l’image de « Here it Comes », « Wild Obsession » ou encore de « Dirty Luv »,
L.A. Guns prouve qu’il n’a rien perdu de sa rock attitude, même si cette dernière est empreinte désormais d’une maturité salvatrice. Très efficaces, ces titres ne sont pas sans rappeler les meilleurs moments de « Cocked and Loaded ». Mieux encore, « Snake Eyes Boogie » et « Big House » sont tels un ultime hommage au années 1985-1988 qui voyaient 5 adolescents androgynes jammer le sleaze rock dans les caves des love motels désaffectés de West Hollywood, avant la reconnaissance des clubs de Sunset Boulevard et du grand public. L’album contient aussi son lot de ballades qui ne font que magnifier l’atmosphère générale de l’album, à l’image de la précieuse « Crystal Eyes » marquée d’une beauté rare et épurée, ou encore de la non moins magnifique « I Found You », très années 60, que n’aurait certainement pas renié les Righteous Brothers 25 ans plus tôt.
Avec ce surprenant mais classieux «
Hollywood Vampires »,
L.A. Guns n’a pas confirmé son style sleaze rock des débuts mais a souhaité rendre visible une maturité certaine en explorant d’autres horizons musicaux qui de près ou de loin peuvent traduire la richesse de son approche musicale et de ses influences (insoupçonnées) : le death rock de
Christian Death et le rock psychédélique de
Grateful Dead,
Jefferson Airplane,
The Byrds peut être… «
Hollywood Vampires » prouve que la vraie beauté s’avère être innocente et sans artifices. Un chef d’œuvre.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire