"
Innuendo" ou la fin de carrière d'un des plus grands représentants de la musique pop/rock :
Queen, mais aussi et surtout le dernier album enregistré du vivant de son leader le très grand Freddy Mercury. Du milieu des années 70 au début des années 90
Queen est le groupe de rock le plus vendeur et le plus remarqué grâce à des tubes imparables qui ne semblent en aucun cas être altérés par le temps, et à 4 musiciens très talentueux dont Freddy Mercury qui possédait certainement une des voix les plus marquantes du siècle dernier. En apparence rien ne semblait pouvoir arrêter un tel géant mondial du rock... jusqu'à ce que son leader apprenne qu'il était porteur du sida, ainsi ce "
Innuendo" composé durant cette période se veut froid, glacial, dramatique, mais aussi étrangement loufoque et guilleret par moments!
Bien que "
A Night at the Opera" semble demeurer un chef d'oeuvre indétrônable, "
Innuendo" est certainement celui qui synthétise le mieux tout ce dont le groupe a été capable durant sa carrière : du rock bien balancé sur "The Hitman", de la pop très fluette par moment dans "I
Can't Live with You", des délires loufoques mais néanmoins amusants avec "Delilah", mais également des morceaux épiques et à la construction impeccable : "
Innuendo", "Show Must Go on". Ainsi l'album débute sur le morceau titre "
Innuendo" premier morceau a avoir été commercialisé comme single de l'album, c'est en quelque sorte le titre qui annonce le mieux la couleur de l'album tout en rappelant le "
Queen progressif" qui a composé "
Bohemian Rhapsody". Le morceau est certainement un des plus intéressants du répertoire du groupe : il s'ouvre sur un roulement de tambour, puis s'accompagne d'un rythme lancinant et d'un chant prophétique semblant annoncer l'apocalypse. Le rythme du morceau pourrait presque faire penser au fameux "
Kashmir" de
Led Zeppelin avant que celui-ci soit interrompu pour laisser place à une partie de guitare folk Hispanique dont on a l'impression qu'elle vient nous annoncer le début d'une corrida. Puis le morceau reprend de plus belle avec une vive accélération du rythme de batterie et une superposition de riffs de guitare massifs et heavy à souhait avant de laisser le morceau s'achever sur la même tonalité qu'au commencement.
Toutefois, pas tous les morceaux de cet album peuvent prétendre être aussi géniaux et inventifs bien qu'il n'y ait pas vraiment de mauvais morceaux sur cet album, il est difficile de passer outre un "All God's People" quelque peu poussif et moyen sur la durée sans réelle mélodie marquante, de même "
Ride the Wild Wind" semble un peu plus anecdotique sans être vraiment moyen. Pour ce qui est du reste on retrouve une majorité de grands morceaux sur cet album : "
I'm Going Slightly Mad" très synthétique et froid où Freddy tente de tourner en dérision son état actuel afin de mieux le vivre, le résultat est singulier et intéressant. "
Headlong" vient prendre le relais dans une veine plus "rock" que la plupart des autres morceaux, le résultat est précis et incisif : les parties de guitares, de batterie, de chant, et de chœurs sur les refrains se succèdent de manière efficace et entraînante. Et puis bien sûr et surtout, il y a "These Are the Days of Our Live" un des plus beaux morceaux de
Queen à ma connaissance : Freddy Mercury y jette un regard rétrospectif sur sa vie en prenant des intonations tantôt amères, tantôt émues vers le milieu du morceau... le tout sur des percussions douces et un fond sonore épuré. C'est du grand
Queen loin des excès grandiloquents qu'on lui connait si bien : pure, sincère, et authentique.
Au menu des réjouissances quelque peu "kitch", on peut citer "Delilah" où Freddy chante une chanson d'amour pour son chat, (la guitare de
Brian May semble même mimer des miaulements vers la fin?) ainsi que "I
Can't Live with You" au refrain et à la structure très "pop" et guillerette. Néanmoins si l'on tient compte du fait que ce sont des tentatives de Freddy pour ne pas sombrer dans un dramatisme éploré, ces morceaux n'ont plus tout à fait le même impact et ne semblent plus incohérents avec le reste de l'album. Car c'est bien une tonalité dramatique qui est présente au sein de ce disque : "Don't Try So Hard" livre un chant plutôt aigu mais avant tout poignant... Le fait que ce chant ne soit soutenu que par un très léger synthé renforce l'impression de solitude et d'introspection face à la maladie. Quant à "
Bijou" qui est essentiellement un instrumental du guitariste
Brian May le son de guitare aigu et criant donne une impression de mélancolie et d'inéluctable fatalité assez intense... et ce juste avant le dernier morceau venant conclure l'album et la vie de Freddy, qui est à mon sens leur plus grand morceau jamais composé : "
The Show Must Go on".
Sur ce morceau de conclusion, devenu un vrai classique depuis, Freddy Mercury fait ses adieux à son publique et à son groupe, lui demandant de faire perdurer le spectacle, le "show" auquel il a voué toute sa vie. Son chant n'a jamais été aussi puissant, intense, et habité... quant à la guitare de
Brian May elle produit des solos absolument divins empreints d'un certain lyrisme qui se marient à merveille avec le chant de Freddy. Pour ce qui est du message que véhicule le morceau on peut le percevoir également comme un souhait universel applicable à tous les groupes de musique quels qu'ils soient : "je m'en vais, mais continuez à faire perdurer l'art de la musique et son spectacle qui que vous soyez". En fin de compte toute la signification de "
Innuendo" semble contenue dans ce morceau : un message d'adieu, et un souhait adressé aux générations musicales futures.
Le roi est mort, vive la reine.
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