Johnny the Fox

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17/20
Nom du groupe Thin Lizzy
Nom de l'album Johnny the Fox
Type Album
Date de parution 1976
Style MusicalHard-Rock
Membres possèdant cet album27

Tracklist

1. Johnny
2. Rocky
3. Borderline
4. Don't Believe a Word
5. Fools Gold
6. Johnny the Fox Meets Jimmy the Weed
7. Old Flame
8. Massacre
9. Sweet Marie
10. Boogie Woogie Dance

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Thin Lizzy


Chronique @ AlonewithL

06 Octobre 2013

Phil Lynott n’oublie pas ses origines afro-américaines, sans pour autant renier sa véritable nation

Peu de temps après le génial « Jailbreak » témoignant une prise de virage dans l’évolution musicale de « Thin Lizzy », un autre album, aux contours celtiques cette fois (sur la pochette), est de sortie la même année. Il s’agit évidemment de l’irrésistible « Johnny the Fox ».
« Jailbreak » avait réalisé un carton aux States. C’est à partir de cet album que le groupe va s’affirmer en tant que formation hard, bien que l’opus s’aventure assez souvent autour de la pop. Ce sera d’ailleurs lors de la tournée américaine de « Jailbreak » que le leader frontman Phil Lynott chopera une hépatite, annulant d’emblée la tournée et les concerts de « Thin Lizzy ». Un petit moment de convalescence lui sera nécessaire pour remettre le groupe sur pied, près à produire un nouvel album, à naître en Octobre 1976. Quelques tensions internes seront à signaler entre Lynott et le guitariste Brian Robertson, son principal co-compositeur. Cette rivalité va être ressenti comme un désaveu pour Robertson, qui ne brillera plus que par une présence très relative sur l’album suivant, « Bad Reputation ». Ce sera pour le contexte sa dernière révérence à « Thin Lizzy ».

Petit élément interloquant et bien sympathique, est le signalement de la présence d’un certain Phil Collins, le batteur du groupe « Genesis » aux percussions, parmi quelques guests.
L’opus en lui-même est un nouveau trophée pour « Thin Lizzy »; à accrocher sur son tableau de chasse. Le présent disque est à définir comme une association de styles, un alliage de métaux précieux. Phil Lynott n’oublie pas ses origines afro-américaines, sans pour autant renier sa véritable nation qu’est l’Irlande. Un rock britannique à coupe afro en quelque sorte.

De l’émergence du groupe à l’univers du hard, en ce milieu des années 70, on retiendra de cet album les titres très évocateurs « Johnny » et « Rocky ». Les sons inquiétants et virils de « Johnny » nous font explorer l’univers des Streets et des bad boys. Les guitares apportent tout leur mordant sur un fond jazzy. C’est tout le mal-être d’une jeunesse qui s’exprime dans la voix de Phil Lynott. La casse continue sur le dynamique « Rocky »; moteur en marche dans un style hard épuré. Le chant est devenu par la même occasion bien plus piquant. Un titre vivifiant, respirant la forme, sauvage, indocile. On fait ici abstraction de l’air malsain dégagé par le morceau « Johnny ».

Tout le génie de Phil Lynott s’exprime dans la richesse des compositions. Du hard, on passera à des titres funky ou FM. Les meilleurs représentations de cette touche pop, FM, que l’on avait déjà aperçu avec le morceau « The Boys Are Back in Town » du précédent album, seront incarnés par les superbes hymnes « Don’t Believe a Word », véritable hit, où des guitares acerbes narguent un chant éploré, et surtout le majestueux « Fools Gold » contant le périple des irlandais décidés à quitter leur pays pour rejoindre l’Amérique. Lynott, lui le métis, le « batard » fait ici l’un des plus beaux et émouvants hommages à la nation irlandaise.

Des émotions, de la tristesse sur la ballade « Borderline ». Le tempo lent accompagne des instruments et un chant éprouvés. La guitare si moqueuse d’ordinaire se morfond dans la même douleur.
Un rythme moins émotif sur le romantique « Old Flame ». Les notes sont imprégnées d’une finesse et d’un apaisement propre au rock n’ bluesy. Moins fin en revanche que le berçant et l’indolore « Sweet Marie », pouvant faire figure de musique d’ascenseur dans un hôtel cinq étoiles des Bahamas.

« Thin Lizzy » évolue au grès de son époque, observant et captant tout ce qui se fait autour, au-delà des rives du rock et du hard. C’est ainsi que des titres funky seront intégrés dans l‘opus. Lynott assume donc ses racines paternelles afro-américaines. « Massacre » déploie un rock rythmé funky. Le chant se fait cassant, résonnant, tel un vrai de rage qui cherche éperdument écho. Une violence qui sera entièrement absente sur le titre funk par excellence, « Johnny the Fox Meets Jimmy the Weed ». On chercherait presque à imiter par toute cette nonchalance l‘américain « Sly and The Family Stone ». Plus à part, l‘inattendu « Boogie Woogie Dance », paré de sonorités endiablées et psychédéliques. Phil devenu shaman lance ces invocations Voodoo dans une musique mis en transe.

Album qui se veut cosmopolite, aérien, « Johnny the Fox » se porte aujourd’hui comme un condensé de toute la musique des années 70. Le groupe n’a pas encore intégré toute l’agressivité du hard. On se dirait presque qu’à l’écoute de cet opus, il lui resterait du chemin pour devenir le groupe hard considéré aujourd‘hui. Mais ce serait se méprendre et sous-estimé la qualité technique et l’énorme potentiel de Lynott et ses potes. Les vitres commençaient juste à être brisées par notre bande de gentils voyous.

16/20

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