AqME : voici l'un des groupes français les plus influents parmi d'autres. Certainement pas le meilleur, mais la place qu'on leur donne est telle que n'importe qui pourrait à présent connaître le quatuor parisien. Naissant au travers de la Team Nowhere au côté des fiers Enhancer, Pleymo, Watcha et d'autres encore,
AqME a laissé de côté le style Hardcore/Rap de ses comparses pour se pencher davantage vers un Neo Metal plus triste, plus poignant.
«
University of Nowhere » (1999) est la démo made in Team Nowhere réussie, mais sans plus. « Sombres Efforts » (2002) est le premier véritable jet d'
AqME. Une très belle réussite qui masque encore de petites imperfections ici et là. « Polaroïds et Pornographie » (2004) restent dans la veine de son aîné et propose ainsi très peu de changement. Voilà seulement un an plus tard la troisième pousse des franciliens : «
La Fin des Temps ».
«
La Fin des Temps » sonne comme l'album du changement. Exit la Suède et Dan Bergstrand, bonjour Paris et Steve Prestage (Black Sabbath,
Peter Gabriel...). Exit également la Team Nowhere. Si le groupe n'avait déjà plus vraiment de rapport (musicalement parlant) avec le collectif, cette fois-ci, le départ est signé. Exit également le Neo Metal des albums précédents et bonjour à un son bien plus rock et massif. Bouh que cela en fait du changement. À noter également que cet album fut produit assez vite, car préparé durant la tournée de l'album précédant.
On dit parfois que le travail rapide et/ou dans l'urgence pouvait être une source de stimulation, entrainant ainsi une concentration optimale et un travail efficace et bref. Mais malheureusement, force est de constater que tout ceci ne s'applique pas forcément partout et «
La Fin des Temps » semble avoir était préparé bien trop vite et pas vraiment sérieusement. Tout ici semble étranger à une oreille habituée à ce son ultra saturé typique d'
AqME. Alors oui, la guitare sature toujours, mais nettement moins puissante qu'avant, plus proche d'un doom (mais sans être du doom naturellement), la basse se fait légèrement plus technique qu'avant et le son nous permet de très bien l'entendre (ce qui est donc un bon point) et la batterie garde toujours ce rythme constant, mais qui devient légèrement lassant par moments. Mais le plus gros à dire reste sur le chant de Koma...
Vous avez trouvé que ça hurlait trop peu sur « Polaroïds et Pornographie » ? Préparez-vous à être déçu car ici, les hurlements sont encore moins présents que sur l'album précédent. Koma nous délivre donc davantage de chant clair triste, mélancolique et chargé d'émotions. Mais malheureusement, si sur l'album précédent nous pouvions légèrement pardonner certaines incohérences, ici elles seront bien plus difficilement supportables. Cette sensation que Koma chante faux très souvent vous reviendra en pleine face sur quasiment toute la longueur de ce disque et c'est franchement désagréable car les instruments semblent bien plus mis à égalité, du coup, le chant est bien moins masqué.
Qui dit chant plus clair et qui dit instruments moins forts dit donc mise en avant des textes. Et là c'est le drame. Que c'est bateau parfois ! Mais ce que c'est simple ! Maitre Capello se retournerait dans sa tombe devant un français si mal utilisé. Non pas qu'
AqME était réputé pour des essais philosophiques de toute beauté, mais les disques précédents nous ont habitués à des textes mieux construits, plus sincères et plus en adéquation avec la musique. Ici rien n'y fait, on décroche malgré nous.
Alors oui, je parle en globalité, mais que donnent donc ces titres en précision ? Rien de vraiment catastrophique toutefois mais rien de bien folichon. «
La Fin des Temps » met en avant un univers différent des anciennes compositions. Rien que la présence de « Ainsi Soit-il » (neuf minutes), « Rien au Monde » (sept minutes trente) et « La Belle Inconnue » (six minutes trente) met en avant le fait qu'
AqME désire construire des atmosphères progressives. Et qu'est-ce que ça donne ? Un genre de mélange entre un côté doom, une touche de stoner et une base très post-rock rend relativement bien et délivre une ambiance dépressive du plus bel effet. L'occasion de parler du chant discret de Koma. Quand il hurle, ça rend bien, quand il chante ça rend mal, mais quand il chuchote, ça angoisse, ça prend aux tripes et ça donne franchement un bon résultat. Mais voilà, il préfère nous lancer un chant faux horripilant et c'est vraiment dommage quand on connaît ses talents de vocaliste.
Alors voilà pour les trois longues compositions. Et le reste ? Et bien les « courtes » souffrent d'un très mauvais rapport entre instruments et voix. Le tout semble ne pas se trouver, mais plutôt se chevaucher avec une étrange sensation plate terriblement désagréable (« Une Vie Pour Rien » en est un très bon exemple). « Des Illusions » fait absolument rager. Ce titre aurait pu être très bon mais rien ne fonctionne ensemble, Koma gueule deux ou trois fois pour « la classe », la batterie et la guitare ne s'accordent pas, si ce n'est pour masquer une basse parfois très timide. Quant au single (« Pas Assez Loin »), il est d'un classique et d'un déjà vu qui surprend venant d'
AqME. Aucune prise de risque, aussi bien textuelle que musicale.
Les mélodies tentent de nous faire accrocher, mais le son s'alourdit tellement qu'il en devient ennuyant. Sur un chant morne d'un type semblant au bout du rouleau et des instruments qui veulent sortir des rythmes innovants, mais qui se cassent la gueule sur des compositions bien trop mal construites, on ne retiendra de cet album que les trois longs morceaux, qui dissimulent moult ambiances prenantes. La guitare s'autorise de petits solos de-ci de-là, mais tout semble également déjà entendu ailleurs (peut-être aussi tout simplement sur les premiers albums).
Quelle déception ! Il n'y a pas d'autres mots pour un album décevant qui aurait pu être très bon. Si le changement peut être bénéfique,
AqME a pris le virage bien trop vite, ils auraient dû davantage réfléchir à ce qu'ils voulaient, à tête reposée par exemple. Vouloir composer pendant une tournée donne assez rarement des résultats incroyables. Bien qu'à cette époque, rien n'était prévu, «
En l'Honneur de Jupiter » a bel et bien prouvé que Koma est davantage un hurleur qu'un chanteur.
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