Au côtés des Ogres de Barback, du
Babylon Circus et de toute cette scène française actuelle, il manquait un groupe à l’esprit un peu plus rock, dans l’esprit des Beautés Vulgaires ou de
La Ruda peut-être. C’est un créneau vide que Boulevard des Airs a pris en 2011, avec leur album
Paris-Buenos Aires, et son tub Cielo Ciego. Tournées, passages télés et autres signes encourageants ont planté Cielo Ciego en petite hymne made in sud-ouest et ont assuré la promo du groupe. Non sans raison puisque l’album, avec la fragilité et le bancal d’un premier essais, était sacrément prometteur. De quoi faire attendre la suite impatiemment. Et la suite, la voilà.
Boulevard des Airs enchaine donc avec ce
Les Appareuses Trompences. (Rassurez-vous, ça sera tout pour les jeux de mots.)Sans trop de surprises, en si peu de temps, le groupe n’a pas changé de direction. On navigue toujours entre les groupes cités plus haut. Et pour ce qui est de mélanger tout ça, on peu déjà dire qu’ils s’améliorent. Ca ne réussit pas aux envolées bien rock puisqu’il n’y à que la chanson titre qui le propose, mais la cohérence globale du disque y gagne. Chanson française festive, rock, reggae et une toute petite pointe jazzy, voilà la recette, à laquelle le groupe ajoute un discutable soupçon d’électronique dont nous reparlerons. Les textes sont maintenant presque exclusivement en français, et profitent eux aussi d’une meilleure cohérence. Évidemment, on ne réinvente pas les thèmes habituels des idées qui se rapprochent du roots, mais déjà, quand c’est pas mal fait…
Les Appareuses Trompences n’a pas son super tub fédérateur, mais répartit le bon feeling un peu partout sur le disque. Au moins, l’album dispose ainsi d’une bonne poignée de titres assez classieux, et sur des styles différents. « Ici » avec son featuring de luxe de Tryo, ou « Je Cours », la mise en train qui met la banane. Classieux également ce « Y Siguen Pasando » mélodieux, plein de cuivres et d’accents latinos. Ces titres et quelques autres remplissent à eux seul le contrat de l’album, et donnent vraiment confiance dans le talent et l’avenir du groupe.
A côté, on a une paire de chanson agréables mais trop passes partout, et surtout quelques expérimentations à base de dub step et d’autres effets, dont je me demande bien ce qu’ils viennent faire là. Heureusement que le groupe tente des choses, mais la froideur électronique n’a que peu de rapport, me semble-t-il, avec leur musique organique, vivante et gentiment engagée. Surtout quand il s’agit d’effet plutôt low cost... En tête de file, « Je Reste Calme », et ses refrains en mode pétage de plombs dans ta game boy. Quant a l’abus parfois très audible de l’Auto-Tune, je vous laisse juge du volontaire ou non de la démarche, et de son effet.
Pas de quoi gâcher le plaisir, Boulevard des Airs réussit son second album. Il est plus travaillé, fignolé, sans oublier la petite fibre festive et joviale, sur fond d’interrogations engagées. Les amateurs du premier disque devraient apprécier. Les autres, sans prendre leur claque du siècle, découvriront un groupe français attachant et sûrement plein d’avenir. En attendant, c’est sur scène qu’il vivra le mieux, et c’est ainsi qu’on a rapidement envie de l’entendre. Pourvu qu’il y ait encore pendant un moment des groupes comme celui-là sur nos planches.
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