La différence entre cet album et
Easy Action réside principalement dans le changement de producteur qui va jouer à tous les niveaux. A la place du ronchon David Briggs qui détestait la musique du groupe, on a maintenant un jeune producteur, qui s'implique énormément. Transformant un groupe d'alcoolo-drogués faisant une musique déstructurée en un groupe passable à la radio et carré. En plus d'offrir enfin une production plus que potable (pour l'époque) qui met enfin en valeur les compositions du groupe.
Compositions qui seront retouchées par Bob Ezrin pour en faire les tubes que l'on connait. Il va faire un travail de fou en taillant dans le gras et en proposant des versions "simplifiées" et plus écoutable que par le passé. Le groupe va sous la houlette de Ezrin totalement abandonner son côté psychédélique. A mon grand bonheur et au grand bonheur de beaucoup de gens.
En effet, la presse à la surprise générale encense l'album : le magazine Rolling Stone émet enfin un avis favorable sur un disque du
Alice Cooper Band , le critique Robert Christgau adore le single "I'm
Eighteen" tandis que Allmusic sort un article dithyrambique. Le public suit enfin, l'album finira disque d'or et rentrera à la 35ème position dans le Billboard. La voie du succès possède enfin son premier pavé.
Tout cela n'échappe pas à la grosse machine Warner qui reprend le contrat du groupe de Furnier à son compte. De toute façon le torchon brûle depuis plusieurs mois avec le label de Zappa donc tout le monde est content. Warner Records ressort l'album sous son sigle et met les moyens pour assurer sa promotion aux USA puis en Europe en 1972.
Le titre qui fait décoller la carrière du groupe est incontestablement le single "I'm
Eighteen". Et ce succès est dû au producteur qui va changer un titre long, alambiqué et psyché en un morceau court, direct et bluesy .
L'album peut presque se découper en deux avec d'un côté des titres courts, de deux ou trois minutes, influencés par les Rolling Stones dont les meilleurs représentants sont le trio "Is It My Body" , "Hallowed Be My Name" au texte et à l'atmosphère inquiétante et "Second Coming" au chant très typé
Roger Daltrey (qui sert d'ailleurs de rampe de lancement au culte "Ballad of Dwight Fry"). De l'autre côté, on a des titres plus longs, plus complexes et moins "in your face" dont un qui culmine à plus de neuf minutes.
Ces titres plus longs développent une atmosphère propre. Le toujours très joué "Ballad of Dwight Fry" débute avec une ambiance mi-enfantine, mi-glauque et possède un refrain hautement mémorisable. Un morceau travaillé et théâtral avec un Furnier qui y déploie toute sa palette vocale et sa folie. L'autre morceau est un peu tombé dans l'oubli, c'est "Black Juju". Pourtant c'est une belle pièce lorgnant du côté des Doors période The End. La batterie et les claviers sont maitres. Le point négatif est peut-être sa longueur même si je sais qu'éveiller un mort ça demande du temps...
La collaboration avec Bob Ezrin a été déterminante dans la réussite critique et commerciale de cet album. Il a aidé à composer tous les morceaux et à finaliser le son si caractéristique du
Alice Cooper Band . En deux mots,
Alice Cooper peut remercier Ezrin car sans lui, jamais le groupe n'aurait été si connu, voire connu tout court....
15/20
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