Aor, Hard FM,
Foreigner,
Survivor,
Toto, guitares rugissantes, riffs acides. Voilà un assortiment de mots-clés qui vous auront fait (je pense) reconnaître la majeure partie de la scène rock de la fin des années 70-début des années 80 et qui constituera la grande mode de cette décennie. Cependant, au milieu de tout ce beau monde, il existe un ovni, un groupe qui compose à contre-courant du son puissant de cette époque mais qui pourtant obtiendra un succès au moins aussi important. Je veux bien entendu parler de
Dire Straits, ou le triomphe du rock à l'ancienne, un son lorgnant sur le blues et la country, inspiré de
JJ Cale,
Chet Atkins ou encore
Bob Dylan.
En 3 ans, les 3 albums de
Dire Straits rencontreront un énorme succès plus que surprenant (pour les raisons sus-citées) qui conduit le groupe à effectuer une tournée gigantesque de 9 mois à travers le monde : le "On Location Tour". Semblant infatigable,
Mark Knopfler entreprend dès la fin de cette tournée, l'écriture du prochain album «
Love Over Gold » dont nous allons parler aujourd'hui.
Quatrième album studio de nos britanniques,
Love Over Gold nous frappe tout d'abord par le nombre de titres qu'il propose : seulement 5 alors que «
Dire Straits » et «
Communiqué » en contenaient 9 pour une durée équivalente. Signe annonciateur du choix artistique de Mark concernant cet album : travailler davantage sur les atmosphères entourant les morceaux pour pouvoir les allonger. Quoi ? Ça veut dire qu'on aura plus droit au son de guitare sec qui est la marque de fabrique de
Dire Straits ? Rassurez-vous ! Mark réalise avec cet album un coup de maître, je dirais même qu'un éclair de génie l'a traversé pour faire un clin d'oeil à la pochette de cet album.
En effet Mark n'a cette fois pas tout fait reposé sur sa guitare et son son caractéristique. Il ne s'agit plus du rock simple et efficace de «
Dire Straits ». Mark utilise enfin dans leur pleine mesure ses coéquipiers et profite ainsi de tout le potentiel des claviers qui obtiennent un rôle beaucoup plus important que sur
Making Movies et deviennent prépondérants dans la réussite de tous les morceaux de cet opus. Certains détracteurs seront mécontents de cette perte d'authenticité mais soyons honnêtes : ce n'est rien comparé à ce que le groupe nous offre en retour. L'exemple le plus flagrant est certainement "
Private Investigations" et son ambiance sombre de bureau de détective privé. Certes, la guitare est au premier plan, mais qui osera me dire que sans ces marimbas et ces nappes de piano le titre serait aussi bon ? Personne, car ce serait un énorme mensonge.
Et j'ai gardé le meilleur pour la fin : "Telegraph Road". Une note de clavier crescendo : le soleil se lève sur l'installation d'une petite ville dans l'ouest américain. Les ambiances de ce morceau sont parfaites, votre esprit n'a aucun mal à recréer dans sa tête cette petite ville qui s'installe dans ces terres sèches et vierges. Les claviers sont absolument divins et accompagnent à merveille Mark qui, au top de sa forme, termine le mastodonte par un extraordinaire solo et ne vous laisse à la bouche qu'un « Wow » d'admiration.
Si
Brothers in Arms qui sortira 3 ans plus tard est incontestablement le plus grand succès commercial du groupe, ce
Love Over Gold est quant à lui synonyme de perfection aussi bien technique qu'artistique. Mark lorgne sur le rock progressif, embellit sa musique de magnifiques ornements atmosphériques (via les claviers) qui, bien que secondaires sur le papier, se révèlent être primordiaux à la réussite de ces titres. Beaucoup d'adjectifs pourraient s'appliquer à cet album : mâture, intelligent, complet. Parfait.
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