Après le terrible accident de 1977, on pouvait se demander ce qu’il adviendrait des musiciens de
Lynyrd Skynyrd.
En 1979, après plus d’un an de hiatus musical, les musiciens remontent sur scène à l’occasion du
Charlie Daniels Band’s Volunteer Jam. Suite au succès de cette prestation, Rossington, Collins, Wilkeson et Powell forment The Rossington-Collins Band qui sortira deux opus entre 1980 et 1982. Afin de ne pas laisser à penser que ce groupe est une résurrection de
Lynyrd Skynyrd, c’est Dale Krantz, choriste au sein de
38 Special qui est choisie au poste de chanteuse. Pyle, qui devait aussi participer au projet, s’en trouve écarté suite à un accident de moto.
Décidément...
Et le sort continue à s’acharner sur les musiciens puisque Kathy Collins, la femme d’Allen, décède en 1980, d’une hémorragie suite à une fausse couche. Ce décès entraînera petit à petit Collins dans une descente aux enfers (alcool et drogues) dont il ne remontera jamais. Il confiera ensuite ses deux enfants à son frère étant incapable de s’en occuper lui même. Collins quitte le groupe en 1981 à la sortie du deuxième album.
Ce départ, associé au mariage de Krantz avec Rossington en 1982 et aux mauvaise ventes de «This Is the Way», sonne le glas du Rossington-Collins Band et annonce la formation du
Rossington Band avec de nouveaux musiciens. Deux albums, «Returned to the Scene of the Crime» (1986) et «
Love Your
Man» (1988) sortiront de cette nouvelle collaboration.
Collins, Wilkeson et Powell continuent l’aventure de leur coté sous le nom d’Allen Collins Band et sortent un album en 1983 intitulé «Here, There, and Back». Le groupe splittera en 1984.
En 1986, Collins est impliqué dans un tragique accident de voiture prés de chez lui, qui coûte la vie de sa nouvelle petite amie. Il en ressortira paraplégique et ne pourra quasiment plus se servir non plus de ses membres supérieurs. Il ne rejouera d’ailleurs plus jamais de guitare. Il échappera à la prison pour la simple raison que son état ne lui permet plus d’être un danger pour les autres sur la route...
Il décédera le 23 Janvier 1990 des complications d’une pneumonie.
Artimus Pyle fondera le Artimus Pyle Band en 1981 (aussi connu sous les noms de
APB ou All Points Bulletin). Le groupe sortira deux albums, «A.P.B.» en 1982 et «Nightcaller» en 1983.
Malheureusement, la plupart de ces albums ne connaîtront pas le succès escompté, car relativement éloignés de la musique de
Lynyrd Skynyrd. A cette époque, beaucoup de groupes de Rock Sudiste se fourvoieront dans un Rock US mielleux, noyé de claviers, tentant d’atteindre le haut des charts mais sans jamais y arriver.
10 ans ont passé...
En cette fin d’année 1987, une tournée appelée The
Lynyrd Skynyrd Tribute Tour est lancée. Les membres survivants y participent, quelques fois avec réticence. Ainsi, Rossington, qui a fondé le groupe avec Ronnie
Van Zant, ne veut participer que si tout est organisé correctement et que l'hommage à ses amis musiciens disparus soit rendu avec honneur. Allen Collins malgré sa paralysie sera lui aussi du voyage, crédité comme directeur musical, s’occupant des setlists et faisant des apparitions sporadiques sur scène. C’est d’ailleurs lui qui choisira son remplaçant au poste de 3éme guitariste. Le nouveau line up inclut les musiciens suivants :
Johnny Van Zant, le frère cadet de Ronnie, prenant la relève au chant (
Paul Rodgers de
Bad Company fut aussi pressenti), Ed King, de retour après avoir quitté la formation lors d'une tournée en 1975 et Randall Hall, qui a pris la place laissée vacante par Allen Collins. Carol Bristow et Dale Krantz Rossington remplacent quant a elles les Honkettes .
C’est le
Rossington Band qui ouvrira pour toute la tournée. Dale et Gary Rossington assurant donc deux shows par soir de concert. Le répertoire s’articule autour de l’album du groupe ainsi que ceux de la période avec Allen Collins. Des vidéos de
Lynyrd Skynyrd avec la formation pré-crash seront projetées sur écran géant lors de l’entracte, comme "T for
Texas" ou "Don't Ask Me No Questions",
«Southern by the Grace of God» fut enregistré sur la tournée réalisée entre Septembre 1987 et Septembre 1988, plus précisément le 15
Octobre 1987 à Atlanta et le 01 Novembre 1987 à Dallas. Les concerts ayant tellement de succès qu’une deuxième partie fut ajoutée à la tournée pour combler toutes les demandes.
Cet album commence donc par une présentation du groupe par Lacy
Van Zant, pére de Donnie, Ronnie et Johnny. Lacy est d’ailleurs considéré par une grande majorité des fans du style comme étant le père du Southern Rock. Cette très courte introduction enregistrée lors du concert de Dallas, ou le groupe est présenté comme «Tribute to
Lynyrd Skynyrd" nous ramène donc enfin vers la musique.
La tracklist de cet album fait la part belle au dernier opus du groupe, «
Street Survivors», avec pas moins de 4 morceaux. Est-ce là la volonté du groupe de vouloir promouvoir quelques titres de cet album 10 ans aprés ou simplement le fait de ne pas vouloir refaire simplement une setlist maintes et maintes fois entendue? Eux seuls le savent. C’est d’ailleurs aussi la première fois que figurent «Comin' Home" et «Swamp Music" sur un enregistrement live officiel. Même chose pour «
Gimme Back My Bullets", qui ne figurera que sur les bonus de la réédition de «One More for the Road».
Pour être honnete, cet album n’a vraiment de valeur que comme étant le premier témoignage de la resurrection de
Lynyrd Skynyrd. D’abord, comme vu plus haut, du fait du choix de la setlist. Il manque quand même quelques titres phares comme «Simple
Man», The Ballad of Curtis Loew», «Tuesday’s Gone» ou «Saturday Night Special» pour n’en citer que quelques uns. La façon d’interpreter certains morceaux joue aussi en la défaveur du groupe. La petite intro ajoutée à «I Know a Little», par exemple ne sert à rien et apporte une touche Jazzy dont se seraient bien passé la frange la plus dure des fans. Tout comme le «Dixie" précèdent «
Sweet Home Alabama".
Ce sont les guests, invités pour l’occasion qui donneront une vraie valeur à cette galette. Le solo de Steve Morse sur la fin de «
Gimme Back My Bullets» est une pure merveille. On voit que le guitariste provient d’une sphère musicale autre que celle du Rock Sudiste (lDixie Dregs) et la maîtrise technique est parfaite. C’est une avalanche de notes que seraient bien incapables de réussir les guitaristes attitrés du groupe, plus habitués à jouer sur le feeling et les harmonies.
Charlie Daniels et son violon font une apparition remarquée sur «Call Me the Breeze», contribuant ainsi à la touche country de la soirée et forçant Rossington à se surpasser lors du solo suivant son intervention.
Jeff Carlisi à la guitare et Donnie van Zant (tous les deux issus de
38 Special) apparaissent quant à eux sur «
Sweet Home Alabama».
Hormis ces guests (ils ne sont pas tous cités ici), les versions des morceaux sont relativement classiques hormis les quelques petites choses citées plus haut. On retrouve tout ce qui fait la réputation du groupe, c’est à dire un piano omniprésent et pour une fois, vraiment audible dans les enregistrements, des choeurs féminins appuyés et des guitares qui font frissonner l’auditoire par des soli et des duels permanents. La partie ballade n’est pas oubliée avec «That Smell» et la voix chargée d’émotion de Johnny ou encore «Comin’ Home». On retrouve aussi quelques cuivres par ci par là («Call Me the Breeze"), qui donnent une touche Soul à la musique. Seule la basse semble un peu en retrait sur cet opus.
Le joyau de cet album restera, comme pour la plupart des shows de
Lynyrd Skynyrd, le titre final qui n’est autre que
Free Bird, bien entendu. Johnny profite de l’occasion pour dire à quel point il est fier de ce concert, cite le nom des gens disparus dans l’accident et invite le public à chanter le morceau à sa place, l’émotion ne lui permettant pas de le faire. S’en suit une version qui donne le frisson, ou un public en communion totale avec le groupe sur scène chante les paroles d’une seule et même voix. L’ambiance y est d’ailleurs quasi religieuse. Le public chante, crie, applaudit à tout rompre faisant de cette version l’une de celles ou l’émotion est la plus palpable. Le piano de Powell y est aussi pour beaucoup, tout comme la guitare slide. L’enchaînement des soli produit toujours le même effet même si certaines interventions sont limites surtout dans les harmonies. La fin interminable semble indiquer que les musiciens ne veulent pas briser ce moment de fusion entre eux et le public.
Au final, on se retrouve avec un live qui n’est ni vraiment bon ni vraiment mauvais, d’ou émergent quelques lueurs de génie et des instants magiques entre un public et un groupe.
Le fait que les musiciens aient choisi de continuer après la tournée hommage de 1987, a causé pas mal de problèmes juridiques pour les survivants. Judy
Van Zant Jenness et Teresa Gaines Rapp (respectivement veuves de Ronnie et Steve) ont poursuivi les autres pour avoir violé un accord conclu peu de temps après l’accident d'avion, affirmant que le nom de
Lynyrd Skynyrd ne serait plus exploité à des fins commerciales. Accord signé plus ou moins hâtivement par Rossington et Collins. Ils furent d’ailleurs surpris de voir resurgir ce document, pensant qu’il avait fini à la poubelle.
Dans le cadre d’un arrangement, Jenness et Rapp ont pu recueillir près d’un demi million de dollars et une partie des recettes sur les tournées à venir (on parle de 3%, part représentant ce que leurs maris auraient gagné s'ils avaient joués). Il existe aussi une clause qui oblige toute formation qui tourne sous le nom de
Lynyrd Skynyrd à contenir au moins deux membres ayant joués avec le groupe avant le crash, Rossington non compris.
Après une telle tournée et une telle demande de la part des fans, quelle sera donc la décision prise par le groupe à propos de son avenir? Une fin définitive ou un nouveau départ?
A suivre...
Je ne sais même pas si ce groupe a réussi a faire de la scéne (je pense même qu'il n'en ont pas fait tout simplement).
Passe jeter une oreille à l'occasion ;-)
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