Par où commencer dans la chronique de cet album mythique, "Macadam Massacre"?
Peut-être par cette citation de Loran, guitariste du groupe, à propos de Macadam Massacre:
« L’ambiance de Macadam Massacre, c’était celle dans laquelle on était sur le moment : un côté noir et blanc, série noire, polar, le gris de la banlieue, du béton… En 1984 on était au bord du suicide. Je pense qu’on le ressent sur le disque »
Essai peut-être vain et prétentieux que de m'attaquer à l'album que je considère comme la quintessence de la crème du genre. On va tout de même essayer.
Nous sommes en 1984, et un petit duo de punks underground à en mourir vient de sortir leur premier véritable LP. Cela aurait pu ne jamais se concrétiser, car en cette année sombre pour les Béruriers, le groupe a déjà songé à splitter, et entre en studio le cœur alourdi de bile.
Cela s'en ressent sur la musique, car jamais œuvre des Berus n'aura été aussi sombre et oppressante. Le punk destroy carnavalesque de leur suite (voir vidéo jointe pour se donner une idée de l'ambiance des shows)) est encore loin. Tout ici exacerbe les plus noirs penchants de l'humain, mais pas à la manière sermonneuse si courante dans le punk-rock: à les écouter, les Bérus sont aussi fous et dégénérés que le reste de cette humanité pourrie. Absolument effrayant.
Cela sans parler de la musique, frustre et minimaliste au possible. Les beats de la fameuse boite à rythmes se ressemblent tous et le rendu ressemble à tout sauf à un instrument de musique... Le seul instrument, une guitare saturée à 29,99 euros semble être enregistrée depuis le garage d'à côté; ce qui bizarrement ne la rend que d'autant plus destroy. Les vocaux sont d'une schizophrénie totale, en alternant la vindicte percutante de Fofo et les beuglements de Loran. Autrement, rien à part une petite intervention de saxophone sur "Noir les Horreurs". C'est leur formule minimum, longuement pompée à celle de Métal Urbain, groupe qui ne percera jamais, du moins en France.
Mais les textes dans tout ça? Parce que c'est bien joli, la musique, mais à vrai dire dans le punk on s'en fiche un peu...
Eh bien pour un premier album, les BN font preuve d'une sacrée maturité d'écriture qui place vite la barre très haut. Ainsi, allié à un véritable sens de l'hymne (Nuit Noire...) on passe du pamphlet désabusé et sans espoir (Baston, Mort Au Choix...), au texte sulfurique suintant de vers cyniques et ô combien vrais (Bucherons, Chromosome Y, simple mais tellement bien vu), sans zapper les textes-fleuves lancés tels des mollards à la face de l'humanité (Manifeste, Noir les Horreurs...). Entre autres thèmes, BN me semble marqué par la maladie mentale, la schizophrénie, la psychose et la peur primale, la peur primaire (Macadam Massacre, J'Ai Peur, la terrible série des Nada, Hôpital Lobotomie...). Quelques instrumentaux permettent de souffler quelque peu et ne font absolument pas tâche (Johnny Revient d'la Guerre, Macadam Massacre...).
Ce n'est résolument pas un album facile. Macadam Massacre est réellement violent et dérangeant, mieux vaut ne pas en abuser pour rester sain, mais dans mon cas, après tant d'écoutes passionnées, il est peut être déjà trop tard...
A écouter dans un squat de couloir de métro aux tags couverts de pisse, pour être en parfaite immersion. Ce cd pue les excréments et ne m'est rien moins que mon album de punk le plus cher au monde, parmi toute une scène punk française qui semble être en roue libre... Après en avoir tant gavé ma chaine hifi par passion, Macadam Massacre mérite la note quasi-parfaite. Merci les Beruriers.
Mon disque punk préféré également.
En fait, le clip de Macadam Massacre reflète parfaitement l'ambiance de ce disque.
MM est le sommet du côté noir des Bérus, avec le Pali-Kao bien sûr.
Il y a une image ou plutôt une scène qui me vient systématiquement à l'esprit quand je le réécoute. Cette scène où Vincent Cassel rabote le visage de Tcheky Karyo sur le bitume lors de la bagarre finale dans cette voiture lancée à pleine vitesse dans le film Doberman.
Le parfait Macadam Massacre.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire