Pink Floyd, un nom qui restera éternellement synonyme de créativité et d'avant-gardisme.
Pink Floyd, une formation sans cesse guidée par la volonté d'explorer de nouveaux horizons musicaux, traçant de nombreux chemins qui ont été (sont et seront toujours) empruntés par des milliers de groupes venus après eux. Des musiciens capables de concevoir des œuvres intemporelles célébrant l'avènement des morceaux à tiroirs, et brisant par là-même tous les standards, dynamitant le règne de la chansonnette, pulvérisant le schéma du sempiternel couplet/refrain. Plus que des musiciens, des visionnaires capables de créer un incroyable concept album/film ("
The Wall") resté jusque-là inégalé.
La présente chronique concerne non pas "
The Wall", mais un de ses prédécesseurs, le dénommé "
Meddle". Alors pourquoi ai-je choisi celui-ci en particulier (qui est peut-être l'un des moins célèbres, malgré son statut culte d'album ayant définitivement confirmé le son de
Pink Floyd comme "progressif") plutôt qu'un autre dans la foisonnante discographie du groupe britannique ? Premièrement, parce que "
Meddle" est un excellent album (tout simplement !). Deuxièmement, parce que "
Meddle" représente un bon aperçu des différentes facettes de
Pink Floyd (rock électrique ou acoustique, passages intimistes, moments bluesy, tessitures planantes voire ambiantes, …). Troisièmement, cet album contient avec "Echoes" l'un des tous meilleurs morceaux de leur carrière (si ce n'est le meilleur !), et tout simplement l'une des toutes meilleures pièces musicales jamais composée, tous styles confondus.
Enfin, dernière raison, beaucoup plus personnelle celle-ci, "
Meddle" revêt à mes yeux une signification toute particulière car il s'agit de l'album qui m'a fait découvrir et aimé
Pink Floyd, ainsi que la musique rock en général, qu'elle soit soft ou hard, et a contribué à forger mon oreille aux structures progressives, sans aucune possibilité de retour en arrière.
Dès l'intro de l'instrumental "
One of These Days", avec sa longue montée en puissance rythmée par la basse de Waters assénant un riff à se démettre les cervicales, on sait que l'on tient là quelque chose de grand. Les autres instruments se greffent progressivement et une fois le démarrage de la batterie enclenché, le morceau file jusqu'au bout comme une grosse cylindrée lancée à fond de cale. Voilà ce que l'on appelle une entrée en matière fracassante !
S'ensuit une série de titres essentiellement acoustiques, certes beaucoup moins marquants (c'est le seul reproche que l'on pourrait faire à cet album), mais présentant des ambiances assez variées : la douce mélancolie de "A Pillow of Winds", le très relaxant "Fearless" se terminant sur le fameux "You'll Never Walk Alone" chanté en chœur par les supporters britanniques (sans que l'on sache toutefois si ce sont ceux des Reds ou du Celtic, les connaisseurs comprendront …), l'ensoleillé "
San Tropez" s'écoutant les doigts de pied en éventail avec un bon cocktail à la main, le bluesy "Seamus", très étrange avec ce qui ressemble à la complainte d'un vieux chien à l'article de la mort. Chaque titre possède une spécificité qui lui est propre.
Arrive ensuite LE chef d'œuvre dont je parlais précédemment, le dénommé "Echoes". Une pièce épique de plus de 23 minutes (qui occupe à elle seule la seconde face du vinyle d'origine) à la construction et à la progression stupéfiantes.
Le morceau débute par d'intrigantes notes cristallines laissant peu à peu la place à un rock classieux très doux, puis de plus en plus rythmé. Mais cette hausse de rythme est trompeuse, car il s'agit en fait d'une pente savonneuse nous entraînant inéluctablement et de plus en plus rapidement vers les sombres abysses d'un long, très long passage totalement ambiant avec des nappes d'un glauque absolu hantées par des sonorités aigues très perturbantes et des samples de bruissement de vent et de croassements macabres de corbeaux… On perd contact avec la réalité pour entrer dans un microcosme extrêmement sinistre et inhospitalier. D'ailleurs, il est intéressant de remarquer que ce passage est très représentatif du son globalement caractéristique des artistes abrités par le label Cold Meat Industry depuis sa création il y a de cela une quinzaine d'années. Comme quoi, malgré toutes leurs qualités, ceux-ci n'ont finalement rien inventé.
Mais revenons à notre fameux "Echoes". Après ces quelques minutes très inquiétantes, les ténèbres se font de moins en moins opaques, la brume se dissipe, et la musique entame une remontée progressive vers des sommets stratosphériques où la guitare aérienne de Gilmour fait des merveilles, avant de retourner tout doucement au calme et à la sérénité dans lesquels elle avait débuté … La boucle est bouclée.
Que dire de plus après une telle démonstration ? … Pas grand chose. Si ce n'est que, malgré ses presque 40 ans d'âge, "
Meddle" n'a pas pris une ride et reste toujours aussi captivant. Un véritable tour de force, la marque d'un grand album, la marque d'un grand groupe.
J\'ai bien aimé que tu ais consacré un paragraphe a Echoes qui est la plus belle chanson que j\'ai pue entendre comme tu dis tout style confondu.
Un titre tel que \"Echoes\" méritait bien de se voir consacré au minimum un paragraphe entier. Un titre que j\'ai écouté des centaines de fois sans jamais me lasser, et que je réécouterai encore des centaines de fois.
En ce sens, \"A Saucerful of Secrets \" et \"Atom Earth Mother\" sont indéniablement plus consistants sur toute leur durée.
Ce que Pink Floyd fera par la suite rentrera un peu plus dans la norme, sera moins barré (enfin, tout reste relatif ...), même si \"The Wall\" demeure un concept album/film hors du commun.
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