L'Homme de tout temps a connu ce besoin de voyager. L'aventure et la découverte de nouveaux paysages, de nouvelles civilisations, de nouvelles cultures l'a toujours émerveillé, et aujourd'hui encore, en ces temps de mondialisation, ce vieux rêve n'est heureusement pas perdu. Le pays du soleil levant est souvent l'un de ces objets de fascination, en raison de son éloignement, mais surtout d'une identité culturelle très forte et très exotique.
C'est ainsi le Japon qui inspire la musique de G.Nova, trio francilien décrivant sa musique comme de la "Pop-Folk Onirique". Celle-ci est composée à la fois d'instruments traditionnels japonais (rapportés du Japon !) et d'instruments plus conventionnels (guitare, violon et même des sampler électroniques), sur quoi s'ajoutent des voix, une féminine très éthérée, l'autre masculine moins fréquente.
Le tout premier effort de G.Nova fut un album du nom de L’Écorce Sensible sorti en 2009 par ce qui était à l'époque un quatuor, et l'album était composé de façon à ce que chaque paire de chanson évoque une saison, le tout accompagné d'haïkus, ces petits poèmes japonais. Ce n'est que cinq ans plus tard que la formation retente une sortie, avec un EP du nom de
Misen, début 2014. Le disque tient son nom d'un joli mont japonais entouré de forêts, situé sur une île dans la baie d'Hiroshima, et qui est lié à la légende des sept merveilles du mont
Misen. Autant dire que sachant cela, on comprend parfaitement l'ambiance du disque, qui incite fortement (aussi grâce à sa magnifique illustration) à la rêverie.
Le titre d'ouverture,
Misen San, pourrait être la carte de visite de G.Nova, la porte d'entrée vers leur monde, tant il constitue une parfaite introduction aux ambiances japonaises qui parsèment le disque. L'atmosphère est assez solennelle sur ce premier titre, mais tout en restant dans une musique assez minimaliste. Le mot "zen" me paraît trop facile pour être utilisé ici. Le chant (féminin) est tout en finesse, en légèreté et en retenue, en parfaite adéquation avec les instruments, et le restera tout au long de la petite demi-heure que dure l'EP. Le refrain se fait plus enjoué, mais on reste globalement dans des ambiances contemplatives.
Si on peut qualifier le disque dans sa globalité de contemplatif, il faut en revanche prendre en compte les atmosphères très variées proposées ici. Certains passages affichent une recrudescence de tension, un rythme d'un coup plus rapide, comme sur Niji Iro no Taki, ou dans la deuxième partie de Yuki no Furishikiru. Des deux titres sus-cités, le premier dévoile de plus un air d'un coup plus sombre, très intéressant, ce qui permet de varier les plaisirs.
Genbaku fait un peu figure à part, tout d'abord pour son aspect étrange (présence de voix parlées un peu dérangeantes) mais aussi pour ses cassures internes, qui le font passer de moments contemplatifs/minimalistes à d'autres bien plus rythmés et lourd, incluant des riffs de guitare électrique. C'est pour cela que je trouve que cette chanson (enregistrée à part, soit dit en passant) est légèrement en-dessous des quatre autres.
Hyôryû en revanche est pour moi le titre qui tire le tout vers le haut, car d'une richesse et d'une beauté infinie. Les instruments traditionnels (sha
Misen, guitare à trois cordes avec mini-archet, et percussions udu) offrent un ensemble entraînant et enjoué, sur un ton plus rock. Le contraste entre les deux voix rend particulièrement bien, et on en vient même à regretter qu'il ne soit pas utilisé plus souvent. Le final, montant dans les aigus, est saisissant, et montre toute l'étendue du talent de la vocaliste/violoniste Yume.
Malheureusement, toute musique cesse au bout de vingt-huit minutes,
Misen n'étant qu'un EP. Mais on s'en fiche, on a passé un excellent moment, et il n'y a aucune honte à écouter en boucle ce disque. La culture japonaise n'a pas perdu de sa magie, et G.Nova en est le parfait interprète. Évidemment une grande partie de l'intérêt du groupe vient des instruments traditionnels nippons, mais il convient de remarquer le très bon travail effectué sur les voix, sachant qu'en plus l'album est majoritairement chanté en japonais. Seuls quelques bruitages électroniques paraîtront un peu incongrus au milieu de ces mélodies folkloriques. L'EP était une excellente manière de remettre le groupe au goût du jour après une longue pause, il faut maintenant penser au futur et pourquoi pas à un album complet !
Au fait petite question comme ça : quand as-tu soumis ta chro, parce que j'en ai deux qui traînent depuis bientôt deux mois et qui attendent toujours validation.
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