Black Celebration a marqué un tournant pour
Depeche Mode qui s’est mis à ignorer complètement les exigences radiophoniques de ses albums, jouant dans un style bien moins accessible et plus sombre, qui a fait sa consécration parmi les experts. Le suivant
Music for the Masses affiche ostensiblement le même esprit de mépris envers la masse avec un titre ironique qui justement ne collera pas avec cet album de nouveau très froid et sombre. Ce qui avait fait la richesse de
Black Celebration est conservé, les synthés aériens sont toujours présents et l’ambiance est intacte, en bref, les DMs nous offrent une suite de
Black Celebration et reprend là où celui-ci s’était arrêté.
Dès les premières notes de
Never Let Me Down Again, on sent que ça va être de la pure new wave bien lugubre, Gahan est une fois de plus d’une gravité juste, ce qui fait une très bonne entrée en matière. La suite sera composée comme dans
Black Celebration de titres très planants et obscurs, à l’image de The Things You Said,
Little 15 ou To Have and to Hold, une ambiance glaciale pleine de mélodies sublimes et riches. Un peu plus dynamique mais tout aussi dépressive,
Behind the Wheel atteint les sommets grâce encore une fois à une voix profonde servie par des synthés infaillibles. Seul rayon de soleil de l’album,
Strangelove renoue un peu avec la synth pop de
Some Great Reward avec un refrain accrocheur et rythmé, mais le progrès est bien là, les synthés restent lointains et assombrissent ce titre pourtant plus léger.
Music for the Masses suit donc le chemin tracé par
Black Celebration,
Depeche Mode poursuit ses expérimentations et garde l’atmosphère rude et noire qui faisait la gloire de son précédent album. Si une fois de plus aucun single n’atteint la popularité de
People Are People ou Just
Can’t Get Enough, le noyau dur des fans, ceux qui aiment la bonne new wave bien déprimante, apprécieront à sa juste valeur ce
Music for the Masses qui reste aujourd’hui parmi les plus belles réussites du groupe.
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