Avec "
Slippery When Wet",
Bon Jovi a tout balayé sur son passage et s’est emparé du trône convoité de la FM nord-américaine et mondiale, enchaînant les dates sold-out tout autour de la planète. Cependant, un tel succès peut-être à double tranchant pour un jeune groupe accédant juste à une telle notoriété, et ceux qui se sont brûlés les ailes, pensant la reconnaissance acquise, sont bien plus nombreux que ceux ayant réussi à s’installer durablement sur les sommets. Mais Jon
Bon Jovi est un artiste ambitieux qui a la tête sur les épaules et sait qu’une carrière se bâtit sur un juste équilibre entre tradition et innovation. Et ce "
New Jersey" en est le parfait exemple, s’appuyant sur la recette qui a fait le succès de "
Slippery When Wet" et défrichant la route vers celle qui fera celui de "
Keep the Faith".
Pour cela, Jon s’entoure de la même équipe que pour son opus précédent. Bruce Fairbairn et Bob Rock se placent derrière les consoles, alors que Desmond Child participe à nouveau à la composition. Cependant, ce dernier n’interviendra que sur 4 titres, car "
New Jersey" est également le symbole de la complicité qui unit désormais Jon et Richie. En effet, le duo compose 10 des 12 titres de cet album, dont la moitié sans l’aide de personne. Et si cette complicité saute aux yeux sur l’acoustique "
Love For Sale", elle se traduit également par la place beaucoup plus importante prise par Richie au niveau de superbes harmonies vocales, et également sur des soli beaucoup plus personnels et traduisant la véritable identité du six-cordiste. Ainsi, si cet album semble une étape importante vers la maturité du groupe, le développement de la touche Sambora y est incontestablement pour quelque chose.
Cependant, le virage se fait en douceur et des titres tels que les tubes "Bad Medecine" ou "
Born to Be My Baby" restent dans la même veine que celle proposée sur "
Slippery When Wet". Il n’est d’ailleurs pas surprenant de constater qu’ils portent tous les deux la patte de Desmond Child. Les ballades mid-tempo aux refrains dynamiques que sont "
Living in Sin" et "Wild Is The Wind" ne choqueront pas non plus les aficionados du précédent opus. Par contre, l’introductif "
Lay Your Hands on Me", Hard FM puissant au refrain en forme d’hymne, remplit parfaitement le rôle d’intermédiaire avec les titres plus rock US qui apparaissent sur ce «"
New Jersey". Cette mission de lien peut aussi être attribuée à la magnifique power ballade au refrain inoubliable qu’est le 'tubesque' "I’ll Be There For You", sur lequel les chœurs et le solo de Richie font merveilles.
L’autre face de la nouvelle identité en construction de
Bon Jovi, trouve son paroxysme sur la formidable chevauchée de "Blood On Blood". Dans un style lorgnant vers les titres les plus puissants de
Bruce Springsteen, cette histoire d’amitié inspirée par la jeunesse de Jon, s’étire sur plus de 6 minutes, alternant les envolées lyriques, un break toute en évolution et en délicatesse, et un refrain inoubliable. Voici, sans aucun doute, l’un des sommets de cet album. Autres symboles de l’évolution du groupe, le tempo lent de "Stick To Your Guns" et ses accents western, et le fun et sympathique "99 In The Shade" et ses légères touches à la Beach Boys, passent cependant au second rang derrière un autre titre phare : "Homebound
Train". Ce brûlot de rock US porte parfaitement son nom tant l’image d’un train lâché à toute vapeur est la première à nous venir à l’esprit. Quand cette course se trouve renforcée par un harmonica enchaînant les interventions tranchantes, puis alternant un solo irrésistible avec les claviers avant que Richie ne vienne nous achever, la balade qui prend la suite est alors la bienvenue pour reprendre son souffle.
Bien que souffrant de l’ombre des deux monuments qui l’entourent, "
New Jersey" n’en est pas moins un excellent album dont le rôle charnière est incontournable. Il ne passa d’ailleurs pas inaperçu, puisqu’il se vendit à plus de 10 millions d’exemplaires et fournit pas moins de 5 tubes. Voilà qui, rajouté à ses rôles de transition et de marque de la nouvelle maturité du groupe, en fait une pièce non négligeable de l’histoire de
Bon Jovi.
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