Vous reprendrez bien encore un petit verre de Tull ?
L'année 1972 va marquer un nouveau tournant dans l'histoire de
Jethro Tull. Depuis le carton d'"
Aqualung" et la consécration "
Thick As a Brick",
Ian Anderson et sa troupe sont des gens sur lesquels il faut alors compter.
Le groupe tourne alors intensivement que ce soit dans la "Vieille Europe" ou au "Nouveau Monde". Les salles sont combles et les critiques sont élogieuses.
Cette période de gloire sera le symbole du dernier grand pic créatif d'Anderson.
Mais les problèmes ne vont pas tarder à arriver.
Premier soucis : Anderson gagne beaucoup d'argent... beaucoup trop justement.
Le fisc anglais commence sérieusement à s'intéresser à lui. Qu'à cela ne tienne, le Tull va imiter les Stones : tout le monde fait ses valises direction la France.
Mais au lieu d'une villa du Sud, ils vont préférer le château d'Hérouville et plus particulièrement son studio d'enregistrement réputé (déjà visité par
Elton John, lui aussi en exile fiscal).
Anderson va y jeter les bases de ce que sera "
A Passion Play" (album extraordinaire, dernier grand chef d'oeuvre du Tull, quoi qu'on en dise !).
Au départ, le but était d'enregistrer un double album dans le vénérable château.
Mais le flûtiste chevelu ne sera pas convaincu par le matériel du studio, pourtant réputé pour être l'un des meilleurs d'alors, et décide au dernier moment d'abandonner le projet en cours de route.
Pas content du tout, il ira jusqu'à rebaptiser le studio au joli nom de "Chateau d'Isaster".
Il faudra attendre bien des années avant de découvrir le matériel enregistré lors de ces sessions chaotiques. C'est d'ailleurs elles qui font l'interet principal de ce "
Nightcap", compilation de chutes de studios du Tull sorti en 1993 en Angleterre.
Autant être clair tout de suite, ce double album avant tout destinés aux fans du groupe. Le premier cd, intutilé "My Round: Chateau d'Isaster Tapes", contient donc plus de 40 minutes des "tapes" en question.
La plupart des pistes étant incomplètes, Anderson est donc retourné en studio en 1993 pour effectuer des overdubs et autre re-recording (la plupart des chansons n'ayant même pas de piste voix).
Le résultat est donc très loin de ce qu'Anderson avait en tête à l'époque. Beaucoup de morceaux ne sont encore que des embryons. On reconnait d'ailleurs aisément plusieurs thèmes qui ont refait surface dans "
A Passion Play" ainsi que "
War Child" ("Solitaire" par exemple).
Le tout est quand même très intéressant et donne une bonne impression de ce que pouvait être les séances de travail du Tull en studio. Anderson développe ses thèmes aux grès de ses inspirations et de ses éclairs cérébraux, parfois au risque de tomber dans un certain manque de cohésion générale.
De la cohésion, ce premier cd en a pourtant. Les chansons sont, en général, imbriquées les unes dans les autres et tous s'enchaîne sans temps morts (beau travail de résurrection pour des bandes disparates). Le mixage général sonne parfois un peu trop "90's" (la faute au re-recording), mais l'ensemble est plutôt agréable à écouter.
Le deuxième cd, "Your Round: Unreleased and Rare Tracks", est plutôt anecdotique. Il est composé 18 chutes de studios enregistrées entre 1974 et 1991. Si certaines sont sympatoches, d'autres sont plus dispensables (en particulier celle des 80's qui composent une grande partie du cd). Il est donc grand temps de refermer la bouteille.
"
Nightcap" reste avant tout un témoignage des derniers moments de grâce du groupe avant la chute d'inspiration que subit Anderson depuis 1975 (oui, cher fans tulliens, je peux très bien me passer de "
Songs from the Wood", bien que sympatoche lui aussi).
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire