«
No Code » arrive dans une période charnière pour
Pearl Jam et pour plusieurs raisons. Le mouvement Grunge commence à battre de l’aile, de nombreuses Tensions sont apparues entre les différents membres, ce qui a entrainé un accouchement délicat pour «
Vitalogy », nouveau changement de batteur et arrivée de Jack Irons. Qui plus est,
Pearl Jam, du fait de son attitude, est toujours en bagarre avec le principal vendeur de billets aux U.S depuis l’opus précédent et limite donc de ce fait ses apparitions, ses clips et ses concerts, ce qui, sur le plan commercial, n’est pas des plus favorables pour vendre des albums et conTenter ses fans.
Après toutes ces turpitudes, on peut se poser la grande question, à savoir : est-ce que le groupe va mettre un peu d’eau dans son vin avec «
No Code » et adopter une posture moins intransigeante ? Et bien non, on ne mange pas de ce pain là chez
Pearl Jam qui prend son petit monde à contre-pied et s’enfère dans une démarche presque jusqu’au-boutiste avec un album à contre courant, aux tonalités plus apaisées et aussi plus acoustiques, en faisant une place de choix aux ballades intimistes. Le ton est d’ailleurs donné dès « Sometimes », le titre d’ouverture. Car, si jusqu’à présent, le quinttette avait fait la part belle à un rock fougueux, énergique et Tendu, avec «
No Code », il est plus dans la reTenue, dans la simplicité. Musicalement, il est beaucoup moins virulent qu’il n’a pu l’être auparavant. Mais quelque part, ce dépouillement donne une plus grande profondeur aux chansons, confère une ambiance pleine de mélancolie et de spleen. Les paroles sont dans la même veine, moins agressives et dénonciatrices, plus introspectives, évoquant tour à tour les relations humaines, la spiritualité, la moralité… Cela dénote une vraie volonté de la part du quintette de ne pas être là où on l'atTend, quitte à se mettre tout le monde à dos et dérouter le fan de base. En gros, sur ce coup, c’est "qui m’aime me suive".
Le combo ne met pas complétement de côté sa facette la plus agressive, notamment avec « Habit » et « Lukin », mais ces titres sont anecdotiques et pas vraiment réussis. C’est plus une espèce de bourrinage punk assez basique et pas forcement indispensable, on a connu
Pearl Jam beaucoup plus inspiré et plus subtil pour ce genre d’affaire.
Mis à part ces deux morceaux un peu en deçà,
Pearl Jam fait preuve tout au long de «
No Code », d’un réel éclectisme bien plus évident que sur les autres livraisons. On passe tour à tour de ballades tantôt délicates, subtiles et intimes (« Sometimes », «
Off He Goes »), tantôt avec une touche western (« Around the Bend ») ou encore tribale et polyrythmique («
Who You Are »). Les cinq de Seattle nous ramènent ça et là vers des territoires plus électriques mais de manière plus décontractée avec « Smile » et «
Red Mosquito » aux forts relents bluesy ou par le biais d’un rock introspectif et torturé (« In My Trees » et sa basse rampante, le superbe « Present Tense »). La reTenue semble être le fil conducteur, même avec l’excellent « Hail Hail », pourtant plus direct et plus bruyant. On sent que le groupe ne veut pas s’emballer et retiens les guitares. Enfin et pour parachever cet éclectisme musical,
Pearl Jam qui a toujours manifesté une grande ouverture d’esprit, et sans parler d’expérimentation pour «
No Code » (c’était parfois un bien grand mot), n’hésite pas s’aventurer en des terrains méconnus comme avec « I’m Open » au chant parlé et incantatoire, comme un poème mis en musique dans une ambiance grands espaces américains ou encore avec l’atypique « Mankind », typé power-pop et chanté par Stone Gossard, une première.
Alors bien évidemment et de prime abord, de par son ambiance et sa direction musicale, «
No Code » risque d’en déconTenancer plus d’un, c’est l’album de rupture par excellence mais la marque d’un groupe qui ne veut pas stagner. Si vous êtes amateur d’un rock furieux toutes guitares dehors, vous risquez d’être déçu. Mais il ne faut pas se rebuter et au contraire plutôt se laisser porter. Et ainsi, on pourra véritablement s’immerger dans cet album pour découvrir toute sa sensibilité et sa subtilité. Même s’il peut apparaitre moins emblématique que « Ten » ou « Vs », «
No Code » n’en demeure pas moins un album attachant à découvrir ou à redécouvrir.
Je me suis aperçu qu'avec le temps des chansons qui paraissaient banal sans trop d’intérêt étaient devenu des années après des classiques du groupe à mes oreilles.C'est un type d’écriture de morceau à la fois simpliste et construit qui de prime abord peut laisser indifférent mais le temps y fait toujours sont affaire .C'est ainsi que vieillissent les albums de Pearl Jam dans ma collection .Au départ toujours un peu déçu puis les années passent et je me rends compte comme c'est bon ! Une longueur d'avance d'avance qu'ils ont les gars de Pearl Jam !
Bonne chronique !
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