Klokobetz électrique :
Un jour ou l'autre, vous décidez de voyager. Vers l'inconnu, c'est le plus séduisant, bien entendu. Et tout à coup, sans connaître le chemin que vous avez pris, vous vous apercevez que tout est différent, étrange, mais pas plus mauvais pour autant. Tel Alice découvrant le Pays Des Merveilles, vous entrez dans les terres inconnues de Klokochazia. Endossant le rôle tantôt du Lapin Blanc, tantôt du Chapelier Fou,
Nosfell nous sert de guide dans ce lieu étrange, à la langue si mélodieuse. C'est un peu ce qu'on ressent, dès qu'on écoute un album de
Nosfell : voyager dans un pays inconnu.
Mais il semble bien que celui-ci soit bien plus vaste qu'on ne le pensait, puisque le troisième album de notre ami en repousse les frontières, et nous dévoile de nouvelles influences, plus occidentales cette fois, avec un aspect bien plus rock que les précédents.
C'est d'ailleurs avec une agréable surprise que l'on découvre ce nouveau visage.
Nosfell devait vraiment vouloir nous surprendre, puisque l'album s'ouvre sur « Lugina », une chanson qui commence un peu comme son premier opus. En effet, l'album se met en marche, et on entend un beat box profond, puissant, sombre et intense (non, il ne s'agit pas de Nespresso, mais What else ?) ; du pur
Nosfell, quoi. Un chant androgyne, une voix et une langue douce. Puis, patatra, quand on ne s'y attend pas, c'est l'explosion. Comme si Klokochazia avait subit un attentat, tout est chamboulé. Le morceau se transforme en une explosion rock, voire noise, qui donnera le ton au reste de l'album. L'ensemble est très travaillé, et le mélange des cris, des guitares hurlantes, et des dissonances du génial violoncelliste Pierre Le Bourgeois, forment un excellent mélange entre l'ancien
Nosfell, et le nouveau, plus violent.
L'album se poursuit dans le même esprit, entre prouesses d'écriture (les compositions restent très originales, sombres et poétiques), et chant envoutant – que nous connaissons déjà de la part de
Nosfell – alternant les registres, aigües, ou très graves. Les titres s'enchainent et restent en tête. Mais au final, peu de chansons marquent vraiment, peut être à cause de la grande qualité de chaque titre.
Toutefois, on reste bouche bée en écoutant le meilleur titre de l'album, Bargain Healers, interprétée avec le couple Josh Homme (Queens Of The Stone Age, Eagles Of Death Metal) et Brody Dalle (
The Distillers). Dès l'intro, le thème (qui se répétera sans cesse tout au long du morceau) est gravé dans nos esprits, avides de stimulations de la sorte. Le mélange guitare, banjo et percussions nous rappelle l'admiration que porte
Nosfell à
Tom Waits. Le tout sonne « bricolé », comme joué avec ce qu'on a trouvé par terre. Les voix de Homme et Dalle collent tout à fait à l'univers, à un tel point que cette collaboration semble évidente.
On remarquera certains titres, comme le psychédélique et simpliste « Arimlisliilem », le seul titre en français, chanté par Daniel Darc (dont la voix fait un peu tâche), ou la courte chanson Folk « Suanij... ».
Mais malgré tout, on ne peut s'empêcher (comme les puristes de
Nosfell) de penser que tous ces efforts ne valent pas le chef d'œuvre qu'était
Pomaïe Klokochazia balek, et que l'aspect rock gâche un peu l'univers de l'artiste, que tout ça est moins original.
Il faut tout de même penser qu'il est bien de découvrir un nouvel aspect de Klokochazia, qui reste très intéressant. D'autre part, il ne faut pas oublier que l'univers de
Nosfell n'est que restreint lorsqu'on le visite via les albums. En effet, c'est en concert qu'on vit vraiment la chose, qu'on peut mieux comprendre ce qui se passe dans la tête de cet énergumène (à défaut de comprendre, on peut quand même être émerveillé). Et nul doute à ça, les concerts de
Nosfell garderont cet aspect qui nous avait tant séduits avec le premier album.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire