Les Mars Volta plus raisonnables ?
Le groupe de rock progressif américain
The Mars Volta revient avec son cinquième album, intitulé
Octahedron, chez Barclay/Universal, et une fois de plus produit par Omars Rodriguez-Lopez. Un titre pareil peut soulever des questions quant à sa signification, mais cela fait uniquement référence à l’octaèdre, le fameux polygone à huit faces, nette réminiscence de notre tendre enfance (n’est-ce pas ?). D’où les huit titres de cet opus. Huit, c’est peu, c’est vrai, et le titre le plus long égale les 8 minutes et quelques. Disons qu’ils nous ont habitués à plus dans leurs précédents albums. Peu importe, ce n’est pas la quantité qu’on recherche, mais plutôt la qualité.
Après
De-Loused in the Comatorium, leur album de rock progressif,
Frances the Mute, le psychédélique,
Amputechture, l’expérimental et
The Bedlam in Goliath, l’explosif, voici donc encore tout autre chose.
Pas surprenant quand on connaît le talent du groupe.
Il est cependant très important d’annoncer aux fans des précédents albums qu’
Octahedron est nettement plus abordable. Les délires expérimentaux sont mis de côté, et ce sont des titres pour la plupart plus posés que nous offre ici le groupe. Les deux artistes principaux, Cedric Bixler-Zavala et Omar Rodriguez-Lopez, avaient annoncé que cet album serait plus calme que ses prédécesseurs. En effet,
Octahedron nous emmène là où le groupe nous avait rarement transbahutés : des ballades sirupeuses, comme « Since we’ve been wrong », « With twilight as my guide », « Copernicus » qui donnent une sensation d’hypnose grâce à un ralentissement du tempo. Omar avait aussi averti que cet album serait le plus acoustique de leur discographie.
Malgré le calme relatif de la plupart des titres de cet album, on retrouve quand-même certains points communs avec leurs précédents morceaux. Il est vrai que la voix se fait plus chantante qu’à l’ordinaire et, surtout, plus posée, marquée et mélodieuse. Des morceaux comme « Cotopaxi » et « Luciforms », restent dans l’esprit du groupe et nous démontrent qu’ils n’ont pas virés définitivement dans
une profonde amertume. « Copernicus » demeure le morceau le plus expérimental de l’album. Pour ce qui est du reste, on peut affirmer que les morceaux sont nettement plus doux et accessibles car ils partent moins dans de délirantes expérimentations vocales ou électroniques. La brièveté des titres laissent peu de place à l’improvisation. Chose plutôt déconcertante : à trois reprises dans cet album, les titres « Since we’ve been wrong », « Halo of Nembutals » et « Luciforms » commencent par un long silence, comme pour nous faire trépigner d’impatience quant à la suite du morceau.
A noter que les Mars Volta se sont entourés de
John Frusciante pour l’élaboration d’Octahédron. Leur collaboration n’est pas récente puisque le guitariste a déjà participé à l’album
De-Loused in the Comatorium.
Vous trouverez ici (http://www.themarsvolta.com/tour) les dates de leurs prochains concerts, mais rien de prévu en France pour le moment.
Cet album est accompagné, comme à l’accoutumée, d’une très jolie pochette, créée par Jeff Jordan, qui a également conçu les pochettes de
Amputechture et
The Bedlam in Goliath.
L’univers déroutant des Mars Volta cède sa place à des compositions plus classiques. Si vous découvrez le groupe, peut-être trouverez-vous ce disque à votre goût ; mais pour ceux qui sont restés sur le déjanté
The Bedlam in Goliath, de la frustration risque de se faire sentir. Une seconde écoute s’avèrera peut-être plus clémente, afin d’apprécier le travail minutieux des gars d’El Paso qui ont souhaité canaliser les compos en se recentrant sur du pur songwriting. Ce qui est sûr, c’est que les Mars Volta sont toujours aussi difficiles à cerner. Les capacités artistiques du groupe sont-elles exploitées à leur juste valeur ici ? A vous de juger !
Claire Malé
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