Faire du rock engagé, ça a bon dos. Y mettre quelques grattes et parler/chanter dessus, c’est un peu basique. C’est un peu avec un regard condescendant que l’on regardera vers Saez pour analyser toutes ces nouvelles trouvailles, parlant de malheur et d’une triste société avec un verbe plus ou moins salé. Rinch est un projet Alsacien mené par Rindra et utilisant des textes « néo-romantiques » apposé sur une musique allant « d’un rock accrochant à un pop énervée », dixit le pressbook reçu.
Voilà pour la forme, passons maintenant au fond. L’autoproduction s’en sort honorablement, peut-être relèverons-nous une batterie un peu trop sèche sur certains passages, mais rien qui ne puisse se corriger à l’avenir. Musicalement, il faudra aller plus loin que « La Ciguë » pour découvrir ce que Rinch a à nous proposer. Cette rythmique simpliste et extrêmement en retrait par rapport à la voix plutôt fausse de Rindra n’est pas vraiment la symbolique d’un album assez imparfait, mais délivrant déjà des bases intéressantes.
Rindra possède un chant pas franchement juste, ni vraiment très prenant (et que l’on peut découvrir en a cappella sur « Harmonie »). À défaut, on pourrait en dire qu’il mise davantage sur une forme de sincérité au travers de son propre timbre. Certains passeront par-dessus, d’autres non, pour ma part, je pense qu’un petit travail ne fera tout de même pas de mal. Les vocalises pop et sucrées (et difficilement rêche sur les refrains) de la simpliste « Edelweiss » ou la joliment rythmée «
Odyssée d’une Flèche » donneront un bel aperçu, de la voix d’une part (avec des modulations imparfaites à certains instants) et de la teneur des textes.
Faire du rock engagé n’est pas donné à tout le monde, le rock efficace, mais aux superpositions assez maladroites, (notamment de la basse, efficace et moyennement agencée) qu’est « Ejac Social » le prouve. Si le message à un fond intéressant, la forme en est pompeuse à souhait et les textes en deviennent totalement inintéressants. « Nouvel Ordre System » est du même acabit, sauf que, musicalement, le déroulement est plutôt bien foutu, à défaut de nous surprendre. Cette intro acoustique/voix est plutôt agréable, les transitions plus électriques judicieusement placées et dote le titre d’une base mélodique appréciable. Mais les textes pseudos-révolutionnaires n’auront aucunement l’impact recherché par une simplicité d’écriture amère. Quand à la longue ballade uniquement acoustique/voix finale, « Odd Della Robia », on sent qu’une influence Sirkis ne doit pas être loin. Le titre demeure joli, mais assez inodore.
Faire du rock engagé, ça a bon dos. Mais l’envie évidente du groupe ne suffit pas toujours à faire un disque efficace, qui s’enfonce dans une facilité d’écriture et relègue trop souvent la musique à l’état de simple accompagnement de textes pas suffisamment inspirés pour nous secouer. C’est une première production, fait-maison, un test grandeur nature qui doit servir de base pour construire cette véritable âme insoumise, car il est évident que ne « baise » pas le système qui veut.
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