L’ascension fulgurante de
Neil Young, en solo ou avec Crosby, Stills et Nash, était jusque là inarrêtable, mais voilà qu’une tragédie, malheureusement attendue, est survenue, la mort par overdose de Danny Whitten, musicien et ami de longue date du Loner. Celui-ci va à partir de là traverser une période trouble, délaissant la notoriété qui lui tendait les bras, sans pour autant abandonner l’écriture. Quelques mois plus tard arrive
On the Beach, dont la pochette évoque déjà la solitude et la dépression avec un Young seul face à la mer, noyé dans ses pensées. En fait, cet album est divisé en deux, une première partie assez proche de
Harvest et une deuxième nettement plus sombre et intimiste.
Dans la première partie, on retrouve les jolies ballades folk plutôt joyeuses vu l’état d’esprit de Young à l’époque, avec un Walk on naïf et tranquille ou un For the Turnstilles au ton country très minimaliste, tandis que See the Sky About to Rain rappellerait plus le morceau
After the Gold Rush, avec un Wurlitzer à la place du piano. Revolution Blues n’est pas exactement comme son nom l’indique un blues, même si sa structure en est assez proche, et commence déjà à exprimer la détresse à venir. Vient ensuite la seconde partie, montrant un Loner au bord du gouffre comme jamais, introduite par Vampire Blues, un blues macabre sombrant dans le délire. La suite est encore plus noire, Motion Pictures, derrière son côté ballade folk, est d’une noirceur dépressive, tandis qu’
On the Beach descend encore plus loin, construit également sur le schéma de la ballade folk, mais avec un minimalisme oppressant et une voix mélancolique et déchirante. L’album se termine sur un dernier « blues », Ambulance Blues, long et planant, mais de nouveau à partir d’une structure typique de
Harvest, où harmonica et violon se chargent de relayer la tristesse exprimée par la voix.
On the Beach est l’album de
Neil Young le plus mal noté par la critique, sans doute pArce qu’il tombe à côté de ce que beaucoup attendait. Le Loner a choisi ici de s’appuyer sur des styles qu’il maitrise, folk, blues, country, pour bâtir un album sombre et froid, difficile d’accès au premier abord mais qui se révèle être une nouvelle page brillante de sa carrière, tout en lui permettant d’évacuer par une démArche introspective sa douleur due à la mort de Danny Whitten. Après cela, il pourra prendre un nouveau départ et tirer un trait sur le passé.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire