On n'insistera jamais assez sur le fait que ce sont les trois guitaristes qui ont fait la renommée de
Lynyrd Skynyrd. Mais c'est la combinaison de toutes les individualités du groupe qui en ont fait sa légende.
Après le relatif échec de "
Gimme Back My Bullets", le groupe repart une fois de plus sur la route. L'arrivée de
Steve Gaines, embauché depuis à peine un mois, au poste de troisième guitariste en remplacement de Ed King (les deux musiciens sont nés le même jour), marque un retour aux sources et redonne surtout la puissance dont à besoin
Lynyrd Skynyrd en live. Car c'est bien en live que le groupe donne sa pleine mesure. Au vu de la performance de Gaines, on a du mal à croire qu'il n'est là que depuis si peu de temps. Son implication redonne du sang neuf au groupe. Cette tournée fut aussi la première en compagnie du trio de choristes qui officiaient sur l'album studio précédent, "The Honkettes".
Comme pour beaucoup de groupes de l'époque, ce premier témoignage live sera un double album. L'enregistrement a eu lieu au Fabulous Fox Theater, à Atlanta, en Juillet 1976 et sortira officiellement le 13 Septembre de la même année. Celle salle fut choisie, non pour sa capacité (moins de 5000 places) mais pour le son qu'on pouvait y obtenir. C'est d'ailleurs ce qu'explique Ronnie
Van Zant en introduction du titre "Crossroads". Particularité de ce live : Le début et la fin du concert sont sur le premier disque, alors que les titres intermédiaires sont sur le deuxième. Cela pourrait surprendre sauf quand on sait qu'il s'agit plus ici d'une compilation de titres lives car tous ne sont pas issus d'un seul et même concert mais piochés dans les prestations données trois soirs de suite. La plupart des titres ayant d'ailleurs été raccourcis, on se demande bien pourquoi. La réédition de 2001 remettant les choses en ordre.
L'impression que donne l'artwork (et c'est encore plus vrai sur la version vinyle), est d'avoir été bâclé ou réalisé à la va vite pour sortir l'album le plus rapidement possible. Peut être pour faire oublier "
Gimme Back My Bullets", d'ailleurs. On retrouve donc une photo du groupe en live sur la partie haute et le dessin d'une route menant à la scéne sur le reste de la pochette. Le tout avec des couleurs flashy et
Lynyrd Skynyrd écrit avec une police "futuriste" surement pour l'époque. L'arrière voit à peu prés la même chose mais avec la scéne sans les musiciens hormis Artimus Pyle qu'on ne voit pas derrière sa batterie sur l'autre photo. L'intérieur est un fatras d'images et de photos représentant l'histoire et les origines du groupe ainsi que la vie de celui ci en tournée. Si l'album s'est si bien vendu, ce n'est surement pas à cause du packaging...
Au niveau musical, on tient ici la compilation parfaite et sans conteste, l'un des meilleurs album live de tous les temps. La tracklist est on ne peut plus exceptionnelle. Le groupe n'intègre qu'un seul titre de "
Gimme Back My Bullets" (Searching), ce qui lui permet de n'omettre aucun classique des trois autres albums et accessoirement de faire savoir que cet album n'est surement l'une de ses meilleures productions. Ou plutôt pratiquement aucun puisque "Simple
Man" ne figure pas sur la première édition de 1976. Ce live contient aussi trois inédits ne figurant sur aucun de leurs albums studios, "Travellin'
Man", "T for
Texas" de Jimmy Rodgers et "Crossroads" de Robert Johnson.
L'album s'ouvre donc sur le "Working for Mca" dont
Lynyrd Skynyrd à fait son morceau d'ouverture depuis plusieurs tournées. D'emblée, on se rend compte que le son est bon et que la production de Tom Dowd est parfaite. Le groupe est vraiment à son aise en live et c'est là qu'il laisser s'exprimer tout son potentiel. On se rend compte vraiment sur cet album que la section rythmique n'est en aucun cas un faire valoir pour les guitares, chaque musicien apportant sa pierre à l'édifice pour en faire quelque chose d'unique.
La seule véritable ballade présente sur ce live prend une toute autre dimension qu'en studio. La voix de
Van Zant y fait par ailleurs des merveilles. "Tuesday's Gone", son harmonica et le passage au piano de Powell éclipsent pour une fois les guitares moins présentes d'ailleurs sur ce titre. Les choristes procurent un coté "Soul" à la musique du groupe tout en amenant de la puissance et de l'émotion dans les refrains et "Tuesday's Gone" en est un bon exemple.
On peut en dire autant pour "Travellin'
Man" et son passage le plus calme.
"T for
Texas" ou comment faire une version survitaminée d'un blues composé en 1927. Une fois de plus, le boulot des guitares est impressionnant, les soli se succèdent à vitesse grand V. Les overdubs de
Steve Gaines sur ce titre sont par contre mal mixés, la guitare couvrant le reste des instruments. Mais hormis cette erreur, ce morceau est du pain béni pour le groupe qui peut laisser s'exprimer pleinement le trio de guitaristes. On peut d'ailleurs dire la même chose à propos de l'autre reprise de Blues, "Crossroads", sur lequel c'est Pyle qui se fera plaisir en ajoutant un passage à la double grosse caisse.
Le "What song is it you wanna hear?" de
Van Zant répondant au "Freebird" scandé par la foule qui attend ce titre avec impatience, restera surement comme l'introduction la plus connue d'un titre sur un album live. S'en suit une version de plus de onze minutes (plus de quatorze sur la réédition de 2001), ou le piano de Powell fait mouche une fois de plus, débordant d'émotion. "Freebird", ou comment conclure magistralement un concert. Rares sont les titres d'une telle intensité et d'une telle folie. Le long solo final est une pure merveille et je pense que ceux qui ont assistés à ces trois concerts doivent encore en garder un souvenir impérissable.
Cet opus restera l'unique véritable témoignage live officiel du groupe de Jacksonville, paru lorsque la formation d'origine (ou presque) était à son apogée. Ainsi malheureusement que son testament. D'innombrables compilations sont sorties depuis des décennies, essayant de retracer l'histoire du groupe, d'en extraire les meilleurs titres et surtout de capitaliser sur un succès jamais démenti au niveau des fans et du public. Mais s'il ne faut garder qu'un seul album, ce sera celui ci.
Pour la petite histoire, "Travellin'
Man" ne sera jamais enregistrée en studio par Ronnie
Van Zant. Ou tout du moins pas réellement. Ce titre (le seul d'ailleurs dont le texte est crédité par
Van Zant et Wilkeson), ne verra le jour sur un album qu'en 1997 (
Twenty). Suite à la vision du documentaire sur les Beatles, "
The Beatles Anthology", où l'on voit des producteurs récupérer la voix et le piano de Lennon sur une démo de 1980 pour les poser sur le morceau "
Free as a Bird" (1994), Rick Medlocke proposa à
Johnny Van Zant de réaliser un duo avec son frère. Celui ci accepta, ayant toujours voulu ce duo. Ce titre fut d'ailleurs rejoué quelques fois live, Ronnie apparaissant sur un écran géant pour ses parties de chant.
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