*Texte extrait de la chronique "Jusqu'au bout du rêve" regroupant les trois albums "
Pandemonium", "
Ophelia #38", "
Jerusalem". Pour lire la version complète rendez-vous sur la page de l'album "
Pandemonium".
(...)
Le temps est venu de s’exposer à sa propre solitude. A tâtons, dans l’obscurité, dans l’urgence d’un appel d’air qui peut se refermer à tout moment, "
Ophelia #38" est écrit et enregistré en deux nuits seulement. Ce qui met en exergue non seulement l’aspect intuitif de l’art de Guillaume Nicolas mais également la nécessité créatrice qui l’anime. L’art est un appel, non une recette ou un divertissement !
Dans un dénuement complet, les dix titres de ce second chapitre s’appuient sur une instrumentation très restreinte. Guitare, piano, voix… ici et là quelques discrets arrangements (harmonium, orgue…). Face à ce dépouillement on aura vite fait d’invoquer les ombres de
Nick Drake et de Towns Van Zandt. Un parallèle d’autant plus vite tracé que l’artwork de "
Pandemonium" semble être un lointain clin d’œil aux albums "Five Leaves Left" du premier et "Live at the Old Quarter" du second… Pourtant ces comparaisons paraissent hasardeuses : chez For Heaven’s Sake on ne retrouve pas le climat pluvieux et mélancolique du poète britannique ou la country-folk des petits riens taciturnes du vagabond texan, bien que la country fasse partie du vocabulaire de For Heaven’s Sake.
En réalité, c’est plutôt au "Astral Weeks" de
Van Morrison que l’on pense… Mais là aussi le rapprochement est risqué : rien de jazzy ou de celtique dans "
Ophelia #38" pas plus que l’on y trouvera le chant exorciste du musicien irlandais. C’est dans leurs climats évanescents et leur écriture que cette discrète filiation se fait jour. Chez l’un et chez l’autre le message se dissimule derrière un langage « occulte », cherchant par les mots à susciter des émotions, seules capables de traduire les intentions et le ressenti de l’artiste. Le sens littéral pouvant uniquement être décrypté par la sensibilité et la volonté de l’auditeur. Malheureusement, la force suggestive des compositions est estompée par quelques longueurs.
Particulier à l’univers de For Heaven’s Sake, ce verbe codé où les mots résonnent entre eux, devenant ainsi canaux de musicalité et source d’une mythologie renouvelée, forme l’ossature de ce second chapitre. Mais à travers le minimalisme introspectif de ces morceaux, n’offrant pas même l’assise de la forme couplets/refrains, les paroles se retrouvent dans une position volatile.
Fugaces et fragiles.
Rêves fragmentés.
Des prières
Des comptines.
(...)
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