La Team Nowhere a eu son heure de gloire dans l'hexagone. Des groupes tels que Pleymo, Enhancer ou encore
Vegastar pour ne citer qu'eux se sont englués dans une musique qui ne leur correspondait peut-être pas en fin de compte et sont les parfaits exemples que ça n'est pas avec un gros budget que l'on réalise les meilleurs résultats.
AqME a quitté l'influence de Nowhere il y a déjà un bon moment et malgré une petite pub et un label n'ayant certainement pas la même influence que ceux de ses ex-compagnon de routes, le quatuor parisien a récolté de bien meilleures résultats. En fait,
AqME ne fait rien comme son ex-team. Alors que leurs membres se sont tournés vers un Rap-Metal pas des plus folichon,
AqME a choisi la voie du Neo Metal mélancolique.
«
University of Nowhere » fut le coup d'essai d'
AqME avec notamment la présence de Mark (Pleymo). Un disque jugé « crade » de par sa production très moyenne, mais qui a reçu des chroniques dans l'ensemble sympathique. « Sombres Efforts » a permis au Parisien de prendre leurs indépendances et a réellement lancé le Neo typique d'
AqME, avec un beau succès à la clé. Mais le groupe ne se repose pas sur ses lauriers et décide deux ans plus tard de sortir « Polaroids et Pornographie ». Alors, confirmation ou échec ?
« Polaroids et Pornographie » surfe sur la réussite de « Sombre Effort » et alors que tout ce qui est frappé de leurs noms se retrouve très vite en rupture de stock (notamment sur les concerts),
AqME décide de miser sur la continuité et retourne donc en Suède avec le même producteur. Et cela se sent, car finalement, « Polaroids et Pornographie » est une suite pareillement composée, on retrouve très vite ses marques. La rythmique est lourde, très lourde, massive même, la basse est omniprésente sur chacun des titres et passe même régulièrement par-dessus une guitare archi saturée, qui impose un mur oppressant tout le long de ces trois quarts d'heure.
« Pornographie » ouvre le bal sur une rythmique déjà entendue, entraînante, mais qui n'apportera rien à l'auditeur ayant déjà entendu « Sombres Efforts ». Mais le groupe pose vite les bases du premier break de l'album et « A Chaque Seconde » permet de retrouver la mélancolie classique qui sied bien à
AqME. La voix de Koma semble légèrement essoufflée et reste dans la même tonalité, même sur un refrain légèrement plus massif avec une guitare qui a tendance à passer un peu trop devant tout le monde. Mais nous avons affaire à un titre agréable, bien plus subtil que ne peut le laisser penser la légère envolée lyrique « popesque » final. Le très étranges « 3:38 » respecte de forts belles manière son titre. Sur un titre pas franchement génial, basé sur la voix lancinante et planante de son chanteur, les musiciens stop net la chanson à ... trois minutes et trente-huit secondes exactement alors qu'elle ne semblait même pas terminée. Allons bon.
Le disque enchaîne ainsi les chansons très calmes, sur des influences pops souvent très marquées et une émotion palpable et une tristesse vocale que certains n'hésiteront pas à qualifier d'émotion chouinarde. Certes, des fois, on a l'impression que Koma en fait trop, mais comment rester de marbre devant ce chant si grave et sombre de « Tes Mots me Manquent » ou bien la beauté déprimante de « La Vie est Belle », instrumentation peu présente, mais qui s'accorde seulement à faire ce qu'il faut pour faire transparaitre une tristesse aussi bien vocal qu'atmosphérique, montrant ainsi toute l'ironie d'un titre qui ne semble pas à sa place. Le final purement lourd ne pourra que confirmer ce malaise ambiant et savoureux.
« Vampire » est un titre tout à fait particulier, progressif à souhait, nous faisant attendre une explosion qui tarde à venir, mais le tout dans une très belle maîtrise et doté ainsi d'une légère complexité peu habituelle chez
AqME. « Comprendre » dessert une rythmique excessivement lourde, où des guitares puissantes et rythmées accompagnent un chant toujours lancinant, mais qui aurait peut-être bien mieux fonctionné si les hurlements étaient plus présents. On a un peu l'impression de mélanger des atmosphères frôlant l'indus avec des relents pops, ce qui n'est pas forcément de très bons goûts. « Ce Que Tu Es » souffre du même défaut, le chant très clair/pop de Koma ne correspond pas à l'agressivité ambiante de ce titre.
Et oui, Koma hurle beaucoup moins sur cet album, laissant la place à cette voix entre tristesses et relents pop. En soi, l'idée est bonne, elle permet de transmettre des émotions quasiment nouvelles même si l'ombre de « Sombres Efforts » plane forcément au-dessus, « Polaroïds et Pornographie » n'étant finalement pas si différent de son aîné. Toutefois, si vous vous posez des questions à savoir si ça hurle quand même bien fort rien qu'un moment sur ce disque, vous pourrez retrouver « La Réponse » à la toute fin. Une guitare ULTRA saturée, une batterie des plus massives, une basse grondante et un chant totalement incompréhensible tant les hurlements sont sévères, colériques et enragés. Particulièrement jouissif d'un point de vue défouloir, totalement dérangeant d'un point de vue cohérence dans cet album.
Presque rien de nouveau sur « Polaroids et Pornographie » donc,
AqME nous ressert une recette qui a bien marché sur « Sombres Efforts ». Pourquoi changer une combinaison gagnante me diriez-vous. Néanmoins, le disque s'enfonce pourtant dans une monotonie au fur et à mesure de l'écoute qu'il demeure particulièrement difficile de rester concentré du début à la fin. Du
AqME bon, certes, mais relativement insuffisant.
Merci pour les précisions !
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