AC/DC –
Powerage 19/20
Dans l'histoire du Rock et du Metal il y a des albums maudits. Prenez
Powerage d'AC/DC, c'est un peu l'archétype de l'album maudit. Déjà il a le malheur d'être au milieu de trois albums absolument cultes, l'incendiaire
Let There Be Rock, le définitif
Highway to Hell et l'hanté
Back in Black. Alors oui à plusieurs reprises les Young brothers ont crié leur amour pour
Powerage mais rien y fait il reste maudit. Vous en voulez la preuve : pendant l'actuelle tournée des boys, le
Black Ice Tour, un seul album de l'ère
Bon Scott est entièrement snobé :
Powerage. Et pourtant cet album est grand, immense même. En remplaçant Mark Evans par Cliff Williams à la basse, les australiens assemblent une section rythmique parmi les plus solides du Rock. Mais on peut comprendre le fait que cet album est été mal vu à sa sortie. Là où
Let There Be Rock n'était qu'intensité, le groupe ne diminuant le rythme que pendent le morceau Overdose (remarquable morceau d'ailleurs) et bien sur
Powerage c'est l'inverse, le groupe balance une roquette avant de se laisser à ses instincts les plus Blues.
Alors qu'est-ce qu'on trouve sur cette galette ? Sur les neuf titres, trois sont des morceaux typiques de l'AC/DC de
Let There Be Rock. Le morceau d'ouverture Rock n'Roll Damnation porté par un riff inoubliable, sur lequel les boys commencent à vraiment développer les chœurs qui feront la force d'
Highway to Hell. Au niveau des roquettes on trouve bien sûr
Riff Raff, le seul morceau de l'album qui n'aurait pas dépareillé sur
Let There Be Rock. Un riff dantesque, un
Bon Scott qui donne tout, à s'en déchirer les cordes vocales et un Angus qui prend littéralement feu sur ses soli, plus épileptiques que jamais. Enfin la dernière roquette est la dernière piste de la galette, logiquement intitulée
Kicked in the Teeth. C'est un morceau typique d'AC/DC, gros riff, couplet chant-basse-batterie, refrain terrible et break sur lequel la seule star est bien sûr notre schoolboy préféré armé de sa Gibson SG.
Pour le reste, l'album se compose de morceaux foncièrement Blues, mais un Blues passé à la moulinette des boys, donc très électrifié, parcouru d'une tension permanente le tout rehaussé par un
Bon Scott plus inspiré que jamais. C'est particulièrement vrai pour
Down Payment Blues sur lequel Malcolm Young est immense avec sa rythmique pleine de swing et
Bon Scott nous raconte son histoire avec sa gouaille légendaire, des histoires de chaussures trouées et de Cadillac dont on ne peut faire le plein faute d'argent. Une des toutes meilleures chansons du groupe ! Dans la même veine on trouve Gimme a Bullet, du swing et encore cette tension permanente tout au long du morceau.
Parmi ces morceaux plus calmes il y a quand même un morceau dont on peut objectivement dire qu'il est devenu un classique du groupe :
Sin City. Avec ce morceau il suffit de fermer les yeux pour ce retrouver au cœur de cette ville dépravée. Un morceau sur lequel on comprend toute l'importance de Cliff Williams, et le tonnerre qu'il sort de sa 4-cordes sera un élément indispensable de la recette des boys. Le gaillard a d'ailleurs droit à son moment de gloire sur le break génial du morceau, porté par une ligne de basse dont la simplicité n'a d'égal que la redoutable efficacité.
Impossible pour moi de ne pas citer
Gone Shootin', un morceau très mélodique extrêmement réussi porté par un gimmick de guitare parfait et une section rythmique qui donne dans la simplicité, et l'efficacité surtout (et encore).
Les deux autres morceaux sont peut être moins marquants mais les oublier serait regrettable. Regrettable de passer à côté du refrain dément de What's Next To The Moon et sa terrible montée en puissance. Regrettable de passer à côté de la démonstration de groove que nous livrent Malcolm, Phil et Cliff sur Up To My
Neck In You.
Vous l'aurez compris, j'adore cet album. Il s'en dégage une tension permanente qu'on ne retrouve qu'épisodiquement chez AC/DC, que ce soit sur la très connue Hells Bells ou la moins fameuse Overdose. Et si je fais sauter un point sur la note finale c'est parce qu'il faut bien reconnaître qu'il manque à cet album un classique intemporel de la trempe d'un TNT, d'un
Let There Be Rock ou d'un
Highway to Hell. Cette chronique est donc une tentative supplémentaire de donner à cet album la place qu'il mérite mais aussi de prouver qu'AC/DC n'est pas un groupe à Best Of et de prouver que leurs albums présentent tous une identité forte et des trésors cachés.
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