Riche en reliefs, « Fall into Line » entre dans le vif du sujet, rapide, avec des ralentissements qui mettent la basse en valeur, et, dans l’ensemble, un chant new wave et une guitare aux accents funk. Au début, « Small Talk », c’est tout le contraire, lent, plutôt hésitant, les passages plus intenses délivrant un jazz-rock enfiévré grâce aux cuivres. « I Already Know » se démarque par une basse omniprésente, tout en suivant un principe similaire dans sa structure, à savoir l’alternance entre lenteur et intensité, bien que penchant davantage du côté de la lenteur. « Innocent » démarre plus rock, les accords de guitare subtils mais bien perceptibles partageant équitablement la mélodie avec les autres instruments, synthétiseurs inclus. « Alternatives » revient à l’approche pensive conjointement développée par « Small Talk » et par « I Already Know », en faisant toutefois un usage plus poussé du dialogue entre le chant principal et les chœurs, dans un contrepoint dont la réussite tient à sa justesse émotionnelle. Comme si les chansons se suivaient en poussant à chaque fois un instrument différent vers l’avant, « Searching » signe sa présence par une batterie qui revient sans arrêt du silence pour mieux souligner l’expressivité du rythme, à la façon d’un titre comme « Atmosphere » de
Joy Division, même si la comparaison s’arrête là. « Factory Gate » ramène l’album vers le rock. Toute la dynamique de «
Promises », du reste, se décrirait ainsi : on s’approche du rock, on est en plein dedans, on s’en éloigne, on y retourne. « Don’t Forget To Leave The Light on in the Hall » apparaît comme théâtral, dramatique, le chant y atteint son paroxysme puis revient des montagnes russes sans encombre. « I Dream in Colour » l’emporte par son attention accordée au rôle de chaque instrument, voix comprise : c’est le morceau le plus harmonieux, d’une puissance qui n’abat jamais toutes ses cartes. « Stranded », résolument rythmé, réunit d’abord chant et cris avant de laisser aux sons de guitare atmosphérique le soin de conclure. Les titres « Life’s Blood », « Sand and Glue », « My Room Is
White », « New Homes » et « Big Room, Small View », figurant à l’origine sur l’album « Intimacy », fondent également leur identité sur le chant de Mark Long, tantôt distant, tantôt passionné ; la place du synthé y semble plus importante, cependant, que dans le corpus de «
Promises », et contribue jusqu’au bout à de belles envolées lyriques. Techniquement, le groupe fait preuve d’une maîtrise indéniable dans la tiédeur qui caractérise son style, orientant la froideur post-punk dans le sens des apports discrets de genres musicaux plus chaleureux (dont le reggae), au-delà du flegme britannique, bien qu’au prix d’une inspiration inégale.
D. H. T.
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