Assister à un concert des Fatals Picards est assurément une expérience unique, un moment où l’humour subtil de ces cinq joyeux trublions prend véritablement une autre dimension et acquiert une évidence évidente. Cette fantaisie conjuguée à cet immense talent de nos hommes à transcender ce lien étroit qui l’unit à son
Public, dans une proximité presque familiale, mais surtout festive, s’exprime, effectivement, le plus admirablement sur scène. Car c’est incontestablement sur les planches, et sous le feu des projecteurs, que le groupe affirme depuis toujours et avec un naturel déconcertant, son identité la plus délectable. C’est dans ces salles aux spectacles vivants, à la sueurs et aux blagues dégoulinant de son front que ces Fatals Picards ont fait naître cette légende qui enfla tant, au point même, d’en arriver jusqu’aux oreilles avertis de ces décideurs patentés vainement à la recherche d’un successeur digne (ou indigne) de ce nom à la belle, mais non moins blonde, Virginie Pouchain, afin de représenter la France dans ce spectacle colorés européens indigne (ou digne) de ce nom qu’est le concours Eurovision de la chanson. Ne négligeons pas que, dans leur grand discernement, les décideurs toujours aussi patentés, durent, sans aucun doute (ironie), jetés une oreille attentive sur l’excellent
Pamplemousse Mécanique, cet album, certes, moins Rock que son prédécesseur, mais qui, de ce fait, mit bien plus en exergue le talent d’écriture et la drôlerie d’Yvan et des siens. Cette présélection Française, dont l’horrible disparité entre certains candidats à l’évidence nourris par une certaine ironie et un certain recul par rapport à l’événement tel que
Les Wampas, ou nos Fatals Picards (prétendants dont on peut aisément imaginer qu’ils furent le choix de décideurs nettement moins patentés mais beaucoup plus issus d’une certaine « branchitude ») et d’autres aux sérieux concernés presque ridicules, fut télévisé dans un spectacle dont il ne fait pas bon réveiller le douloureux souvenir. Ce triste carnage médiatique vit la victoire des Fatals Picards et de leur titres, l’amour à la française. Le groupe avait-il mesuré que ce triomphe les enverrais à l’abattoir finlandais, pour l’affligeant constat que vous savez : le reste de l’Europe n’a pas d’humour, ou peut-être pas le même que celui des français, enfin, pas le même que celui des Picards, enfin, pas le même que celui des Fatals Picards ? Rien n’est moins sûr.
Ce désastre dont le groupe eu, parait-il, beaucoup de mal à se remettre, lui permis tout de même d’élargir, sans jeu de mot salace, très largement son
Public. Après une signature pour un contrat mirifique chez Warner (contrat dont il se murmure que certains avantages en monnaies perçus par les nordistes n’a rien à envier aux montants des transferts de certains footballeurs saint marinais), après la sortie d’une version de l’album agrémentés de l’objet de la honte, le titre L’amour à la française, le groupe décida de nous offrir cet album live sobrement intitulé
Public.
Témoignage admirable de l’immense créativité des Picards, empreinte remarquable de leur aisance d’esprit, stigmate mémorable de cet amour partagé avec son peuple, nul adjectifs dithyrambique ne peut réellement traduire avec exactitude le bonheur et le plaisir qui étreint l’auditeur à l’écoute de cet album. De l’humour cynique qui décrit, avec une cruelle exactitude un malaise social tenace comme sur l’excellent Françaises des Jeux, au tableau moqueur du racisme ordinaire dépeint sur Au Mariage de Kevin et de ma Sœur, à la délicieuse désillusion cocasse d’un prof insolemment narré sur La Sécurité de L’emploi, le groupe donnent à voir dans une vision distrayante et effrontée, au son de ses titres principalement Pop/Rock, son talent démesuré d’écriture. Outre ses morceaux Pop et impertinents, les Fatals Picards, en véritable musiciens capables, en composent d’autres essentiellement hilarants. Ainsi Seul et Célibataires, Chasse Pêche et Bitures, Dors
Mon Fils, sont trois joyaux de Rock festifs essentiels. Du Rock, de la Pop, de l’humour, voilà une définition qui si, elle sied bien à l’esprit des Fatals Picards, s’avère cependant très réductrice. Car si ce groupe est assurément le mélange de ces éléments divers, il est aussi nourri d’autres influences. Ainsi dans ce grand champ créatif aux frontières sans limite qu’est l’univers de ces Picards, on peut aussi trouver de la chanson française réaliste délirante (Les Bourgeois), du Reggae amusant (Djembé
Man), du Punk Rock pour les nuls (Punkachien), et bien d’autres choses encore.
Faire une description exhaustive de ce joyeux bazar est assez complexe, il n’en demeure pas moins que la malice, la verve, la drôlerie qui caractérise ce groupe, et qui parsème ce disque comme une évidence et avec une finesse délectable, est juste incroyable.
Les Fatals Picards, une expérience dont on ne ressort pas indemne ? Assurément.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire